Robert Groslot et la clarinette

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Robert Groslot (°1951) : Painted Curses, pour clarinette et quatuor à cordes – Wagner’s Moon, pour clarinette et piano – Hoquetus, Battaglia et Madrigal, pour clarinette et harpe - Parfums éphémères, pour clarinette, alto et piano – Statement, Reflection et Conclusion pour clarinette, cor de basset
Vlad Weverbergh, clarinette – Christophe Pochet, violon – Eline Pauwels, violon – Sander Geerts, alto – Peter Devos, violoncelle – Jan Michiels, piano – Eline Groslot, harpe – Tony Nys, alto
2014-DDD-69’30-Textes de présentation en français, anglais, néerlandais et allemand-Groslot Editions-GM1403

La clarinette sous toutes ses formes et dispositions. Voilà ce que nous propose ici le jeune clarinettiste, Vlad Weverbergh, dans un enregistrement consacré au compositeur Robert Groslot. Ce n’est pas la première fois que ce nom figure à côté de créations pour clarinette puisque Groslot a collaboré pendant plus de 25 ans avec un autre clarinettiste belge, Walter Boeykens. Ici, cinq œuvres sont proposées à l’auditeur, de la clarinette solo au quintette pour clarinette ou encore clarinette et harpe. Cycle récent, on y décèle un langage libre, évocateur et riche dans l’expressivité. Loin de se restreindre à une forme, Groslot apprécie une certaine forme de spontanéité dans la logique de son discours. Loin de simples effets, l’auditeur entend une succession d’impacts et de sensations, pas si éloignées des compositeurs du passé et du 20ème. Véritable travail sur la texture, chaque instrument, toujours étroitement lié à son voisin, annonce quelques idées qu’il transmet à d’autres sous forme de variation. Le langage y est aérien, léger et présente de manière admirable toutes les capacités de l’instrumentarium. Plusieurs regards sur le passé sont évoqués ici : Stravinsky pour Statement – Reflection – Conclusion, Wagner et les richesses du post-romantisme pour Wagner’s Moon, Debussy avec Parfums éphémères, dont le titre évoque déjà une ambiance onirique, et la musique ancienne avec Hoquetus – Battaglia – Madrigal. Plus admirable encore est le lien permanent que souhaite Groslot entre les instrumentistes. La clarinette n’est pas seulement soliste, elle tend davantage à faire exprimer ses collègues.
Beau travail et belle compréhension de la part de chaque interprète pour cet enregistrement. Découvrir à chaque œuvre un nouvel ensemble permet aussi de goûter à des manières de penser différentes. On appréciera le piano précis de Jan Michiels, la qualité des coups d’archet des cordes ou la souplesse d’Eline Groslot à la harpe. Mais les honneurs reviennent évidemment à Vlad Weverbergh qui, en plus de faire (re)découvrir un compositeur, offre un jeu à la fois précis et bouillonnant. La manière dont il utilise toute l’étendue de son instrument démontre que l’écriture de Groslot est en parfaite adéquation avec les capacités de la clarinette. Un répertoire évocateur et agréable pour l’oreille.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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