Roberto Giordano referme magnifiquement le festival de piano de l’IMEP

par
Giordano

Avec le récital de Roberto Giordano se clôturait ce dimanche le festival de piano de l’IMEP, week-end de masterclasses, d’auditions, de concerts et de conférences, occasion parfaite pour les étudiants et le public d’approcher de très près jeunes artistes et grands maîtres, dans une volonté d’unir les missions pédagogiques et culturelles de l’institut.
La première partie débute dans le dépouillement le plus complet, avec le premier Intermezzo de l’opus 119 de Johannes Brahms, installant directement un fort sentiment d’intimité dans la salle comme pour préluder aux six pièces de l’opus 118, suite pleine de contrastes et aux nombreux caractères. Le piano chante passionnément et surtout, il parle. Il murmure des berceuses ou des prières, contemple sa nostalgie puis hausse le ton et se révolte, se relève. Chaque phrase est animée d’un fluide vivant et, souvent, les profondeurs du clavier répondent aux voix de la surface, renforçant le discours de cette musique qui nous inflige le mal et nous donne aussitôt le remède.
La deuxième partie débute avec le Prélude en do dièse mineur opus 45, avant la Deuxième Sonate opus 35 en si bémol mineur de Chopin. Dans ce tourbillon d’émotions, cette fois encore le piano ne cesse de chanter sous les doigts du musicien. Il décrit pour nous le drame qui se joue dans les portées, exprime les choses les plus douloureuses sans jamais perdre sa pudeur ni son élégance. Le Scherzo est tumultueux, torturé, comme un pressentiment de la très attendue marche funèbre, à la fois héroïque et tragique, ne quittant l’ombre que de rare fois. La conclusion de la sonate est magistrale, terriblement intense, arrachant même des exclamations au public dans les derniers fougueux accords.
Alors la salle se lève pour remercier le maître, clôturant de la plus belle des manières le festival de piano de l’IMEP 2016.
Marin Morest, Reporter de l’IMEP
Namur, Imep, le 16 octobre 2016

Les commentaires sont clos.