Saint-Saëns banalisé

par

Camille SAINT-SAËNS (1835-1921)
Concerto pour violon n°3 - Introduction et Rondo Capriccioso - Jota Aragonese - Symphonie n°3
Alexandre DA COSTA (violon), Oviedo Filharmonia, dir.: Marzio CONTI
2014-DDD-78' 14''-Notice en anglais et en espagnol-Warner Classics 0825646281442

Programme parfait, introduction idéale à l'oeuvre orchestrale de Saint-Saëns, trois morceaux célèbres et, en plus, un petit cadeau de 3' 50", la Jota aragonese, plutôt rare, dont Glinka a immortalisé le thème.  Las, faut-il que l'interprétation soit en dessous de tout ! Quel dommage. Je pourrais arrêter là, mais non, il faut frapper plus loin. Le troisième concerto pour violon, concerto-phare de la musique française, génialement inspiré et si bien construit, est ici simplement parcouru, après un début même mal assuré. L'Oviedo Filarmonia est hésitant, tantôt fruste, tantôt raffermi. Alexandre Da Costa, violoniste québécois encensé dans une notice hagiographique, joue bien, certes, mais sans style particulier, sans émotion ni panache, qualités dont la partition regorge. L'important finale se déroule ainsi sans aucune tension dramatique, sans éclat non plus - un comble. Le hautbois de l'andante est joli, par bonheur. Les mêmes caractéristiques frappent l'illustre Introduction et Rondo Capriccioso, à l'introduction lentissime et au rondo sans feu, paresseux, confinant à l'exercice académique. Dernière pièce de taille : la symphonie avec orgue, oeuvre maîtresse, attendue, célèbre. Or, qu'entendons-nous ? Un orchestre assez bien mis en place, oui, sans doute, il ne manquerait plus que cela, des cordes délicates, un rythme souligné dans le premier mouvement, un adagio calme et recueilli, un piano audible, et puis tout se gâte à nouveau au finale : orgue complètement sourd (mais qu'a donc fait l'ingénieur du son ?) orchestre lourd, manque total de brillant. En outre, la notice ne pipe mot sur les oeuvres, se contentant d'exalter les interprètes, et l'hispanité du projet. Et on ne connaît même pas l'identité de l'organiste. En conclusion, un disque raté, dont on s'interroge sur l'utilité. A déconseiller.
Bruno Peeters

Son 6 - Livret 6 - Répertoire 10 - Interprétation 6

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