Saint-Saëns et Grieg réunis au disque

par

Edvard Grieg (1843-1907) : Concerto pour piano en la mineur, Op. 16
Camille Saint-Saëns (1845-1921) : Concerto pour piano en sol mineur, Op. 22
Vadym Kholodenko, piano – Orchestre de la radio norvégienne, Miguel Harth-Bedoya, direction
2015-DDD-54’22-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Harmonia Mundi-HMU907629

Médaille d’or du Concours Van Cliburn 2013, le pianiste Vadym Kholodenko, accompagné ici du l’Orchestre de la radio norvégienne sous la direction de Miguel Hart-Bedoya, associe deux des concertos les plus célèbres du répertoire pianistique. A seulement 25 ans, Grieg entame l’écriture d’un concerto pour piano dans lequel il installe très rapidement assurance, virtuosité mais aussi sensibilité et subtilité. Si Liszt encensa l’œuvre, Grieg ne se prêta plus jamais à cet exercice, si ce n’est que perfectionniste dans l’âme, il apporta maintes modifications à l’œuvre tout au long de sa vie, regroupant ainsi pas moins de sept versions publiées ! S’il s’agit d’une œuvre de jeunesse, on ne peut qu’être impressionné par la grande richesse des couleurs mais aussi et surtout par la maturité environnante. Un an plus tôt (1868), Camille Saint-Saëns compose son Deuxième Concerto pour piano, œuvre également d’une grande maturité dont l’histoire peut surprendre : à l’occasion de concerts sous la direction du compositeur, le pianiste Anton Rubinstein vient à Paris au printemps 1868. En voulant surprendre le public, Saint-Saëns décide d’inverser les rôles lors du dernier concerto : le compositeur au piano, Rubinstein à la direction. L’auteur du Carnaval des animaux n’a alors que 17 jours pour composer les trois mouvements du concerto, qui obtiennent un franc succès, tant du point de vue musical qu’interprétatif. Avec cette page, Saint-Saëns bouleverse les habitudes en abandonnant la forme traditionnelle vite/lent/vite au profit d’une graduation des tempi, de Andante sostenuto à Presto tout en faisant démarrer l’œuvre sur une longue introduction pianistique.
Kholodenko propose ici une lecture intéressante avec un profond respect pour les partitions. C’est ainsi que, contrairement à beaucoup d’autres, il adopte un vrai Allegro moderato molto e marcato pour le troisième mouvement de Grieg. Dans l’Adagio du même concerto, le dialogue avec l’orchestre est naturel, dans une seule respiration, et jouit d’une bienveillance de chaque acteur. Belles palette de couleurs et dynamiques pour un piano franc et homogène. Dans Saint-Saëns, s’apprécient les effets « d’improvisation » que la baguette de Harth-Bedoya suit avec sensibilité. Beau travail de balance de la part de l’orchestre, qui accompagne avec fraîcheur et dynamisme tout en honorant le discours du soliste. Le caractère général est puissant, démontrant une maîtrise évidente des partitions dont les sonorités généreuses et/ou douces et subtiles conviennent parfaitement au genre. Une belle association artistique, pleine d’audace et de sensibilité.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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