Schumann et Terra Nova : magnifique !

par

JOKERRobert Schumann (1810-1856)
Romances

Drei Romanzen für Klarinette und Klavier Op. 94 (1849) - Märchenerzählungen für Klarinette, Viola und Klavier Op. 132 (1853) - Märchenbilder für Viola und Klavier Op. 113 (1851) - Drei Fantasiestücke für Klarinette und Klavier Op. 73 (1849) - Drei Romanzen für Viola und Klavier Op. 94 (1849)

Terra Nova : Máté Szücz, viola ; Vlad Weverbergh, clarinet ; Michèle Gurdal, piano
2013- 67'44'' – livret de présentation en français, allemand, néerlandais, anglais – Vlad Records – VR 008

Le nouvel enregistrement de l'ensemble polymorphe Terra Nova est consacré à Robert Schumann (1810-1856). Après avoir enregistré Henry Joseph De Croes, il nous revient toujours sous l'impulsion du clarinettiste anversois Vlad Weverbergh en trio cette fois. Il est entouré des excellents Máté Szücz à l'alto et Michèle Gurdal au piano.
Ce disque nous propose deux versions inédites des Drei Romanzen Op. 94 : l'une pour clarinette et l'autre pour alto. Cette oeuvre a été écrite en 1849, année féconde pour le compositeur. C'est à ce moment qu'il explore tout particulièrement le duo avec un instrument soliste à vent et le piano. Ces trois romances ont été écrites pour hautbois et piano et d'ailleurs, à l'origine, Schumann s'était opposé à son éditeur Simrock qui voulait proposer une version alternative pour clarinette. Simrock passera outre son refus et éditera non seulement une version pour clarinette mais aussi pour violon. C'est d'ailleurs cette dernière version qui apparaîtra dans l'édition complète publiée chez Breitkopf & Härtel en 1878 sous la supervision de Clara Schumann. S'il n'est pas si surprenant de les entendre à la clarinette, on est par contre très curieux de découvrir la version de Maté Sücz à l'alto. On est conquis, tout d'abord parce que les romances sont autant de poésies intimes et ravissantes. Mais aussi parce que Sücz est un altiste exceptionnel. Soliste à l'orchestre philharmonique de Berlin, il tire de son instrument une sonorité magnifique avec une aisance folle toujours au service de la musique et du texte. Weverbergh n'est pas en reste avec une version convaincante des Drei Fantasiestücke Op. 73. Egalement datées de 1949, il ne faut pas trop chercher un contexte fantastique à cet opus et le titre originale de Soiréestücke convient mieux. De forme Lied avec coda, ces pages exploitent la veine lyrique et hautement nostalgique de la clarinette. C'est de cette manière que Weverbergh les joue sans jamais perdre une sonorité ronde à la texture très riche et ce même dans la troisième pièce plus virtuose et brillante. Terra Nova propose enfin en trio l'op. 132, Märchenerzählungen daté de 1853. Là encore, soulignons la qualité d'ensemble. Justesse, équilibre, phrasé mais aussi respect méticuleux du texte. Michèle Gurdal joue magnifiquement bien. Sensible et au service des solistes, elle prend la parole quand il le faut. Son timbre se marie parfaitement au son de la clarinette et de l'alto. D'ailleurs, la balance évite le piège de pousser exagérément les solistes. Les sonorités se mélangent habilement.
Du très beau Schumann !
Michel Lambert
Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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