Les soirées entre amis chez Schubert

par
4mains

Franz SCHUBERT
(1797 - 1828)
Fantaisie op. 103, D.940 en fa mineur – Quatre Ländler, D.814 – Marche caractéristique, D. 886 n°1 en do majeur – Variations sur un thème original op. 35, D.813 en la bémol majeur – Grande marche op. 40 n°3, D.819 en si mineur – Polonaise op. 61 n°1, D.824 en ré mineur – Rondo Op. 107, D.951 en la majeur
Andreas Staier et Alexander Melnikov, piano (Graf/Christopher Clarke)
2017-DDD73’02-Texte de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi-HMM902227

Sur un exceptionnel pianoforte Graf par Christopher Clarke, Andreas Staier et Alexander Melnikov nous montrent tout ce qu’il y a à découvrir de cet instrument dont la reconnaissance croise le chemin de nos salles et lieux de concerts aujourd’hui. C’est Schubert qu’ont choisi les deux artistes, à travers l’illustration de sept grandes pièces pour piano à quatre mains. C’est judicieusement que Karl Böhmer indique dans le texte de présentation que « pour Franz Schubert et ses amis, le piano à quatre mains faisait tout aussi naturellement partie des soirées conviviales que les jeux vidéo pour les jeunes d’aujourd’hui. Interpréter de la musique en duo avec le compositeur, voilà qui réveillait alors chez les jeunes viennois des émotions que leur quotidien prosaïque menaçait de laisser se figer ». Si le monde a changé et évolue, les partitions de Schubert restent immortelles de par leur beauté intrinsèque et leurs messages qu’elles véhiculent, de la plus petite angoisse à l’amour inconditionnel. En commençant avec la Fantaisie en fa mineur dédiée à la Comtesse Caroline Esterhazy, « l’amour idéal de Schubert » selon Eduard von Bauernfel, ami du compositeur, les deux artistes montrent d’emblée le caractère intimiste qui va se dégager de cette interprétation. En éprouvant le besoin d’installer dès les premières mesure un climat d’une haute sensibilité, tout est installé pour le développement de cette belle poésie. Aussi, l’expertise de la facture instrumentale permet d’une certaine manière de tirer toutes les couleurs et la richesse de timbre qu’offre ce type d’instrument. Un instrument qui se démarque par des dynamiques tantôt douces, tantôt plus nerveuses, mais jamais sèches, et surtout plus loin par un jeu de percussions saisissant. A travers une construction thématique et harmonique clairement issue d’une pensée lucide, l’architecture de toute la pièce, un point qui traverse d’ailleurs l’entièreté de l’enregistrement, ne fait aucunement défaut à la direction choisie. La Marche caractéristique brille de par son côté pétillant, dansant, presque endiablé, que rien n’arrête. Véritable bijou, les Variations en la bémol majeur écrites en 1824 se démarquent par un jeu d’une maturité sans failles et une douceur incarnée par l’expressivité du jeu des deux pianistes. Tout est ici linéaire, fluide, en somme poétique. Cette poésie qui laisse néanmoins place à de brèves reprises à des sections plus marquées, plus piquantes. C’est cette même énergie mariée à un récit toujours expressif tant dans la subtilité que dans le dosage des contrastes que l’on retrouve dans la Grande marche en si mineur ou encore le Rondo en la majeur. Un enregistrement à découvrir et une démarche à soutenir tant la justesse du propos est remarquable.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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