Sons et lumières

par

Wolfgang RIHM
(° 1952)

Et lux
Huelgas Ensemble, Minguet Quartett, dir. : Paul VAN NEVEL
DDD–2015–61’ 32’’–Textes de présentation en allemand et anglais–ECM 481 1585

Originaire de Karlsruhe, Wolfgang Rihm est, sans conteste, un des compositeurs actuels parmi les plus prolifiques. Il compose d’ailleurs tellement que même ses thuriféraires discophiles éprouvent beaucoup de mal à réunir les enregistrements sur disque de toutes ses œuvres. Lesquelles, si elles n’arrêtent pas de se suivre, ne se ressemblent pourtant presque jamais, Wolfgang Rihm aimant varier les registres, passer d’un genre à l’autre de musique et multiplier à l’envi ses sources d’inspiration. Jusqu’à décourager les musicologues.
En l’espèce, Et lux, qui date de 2009, est dévolu à un petit ensemble vocal réunissant deux sopranos, deux basses et quatre ténors, ainsi qu’à un quatuor à cordes, et se rattache à la liturgie romaine. On peut même parler ici d’une sorte de requiem, dont les accents tragiques empruntent à la fois au chant grégorien, aux messes de la Renaissance et à certains oratorios de l’époque romantique. Et lux s’inscrit aussi dans le courant minimaliste religieux du XXe et du XXIe siècles, que les mélomanes connaissent surtout à travers les œuvres d’Arvo Pärt, en particulier son Te Deum achevé en 1986 (et dont le même label allemand ECM a donné une magnifique version en 1993, sous la direction de Tonu Kaljuste). Et c’est comme si une heure durant, Wolfgang Rihm développait une musique sur la corde raide, une musique terriblement tendue, crispée, toujours sur le point d’éclater, mais n’éclatant jamais, une musique de l’âme et de ses innombrables tourments, une musique des ténèbres aspirant sans cesse à la lumière. C’est fort beau.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 6 – Répertoire 8 – Interprétation 8

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