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Dido & Aeneas d’Henry Purcell à Luxembourg 

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 Au Grand Théâtre de Luxembourg, c’est tout sauf de l’abstraction que nous ont proposé Franck Chartier et son ensemble Peeping Tom dans leur approche d’un Dido & Aeneas de Purcell à la partition « augmentée », magnifiquement servie par Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée. Une approche dont la radicalité cohérente a manifestement séduit un public enthousiaste.

Dido & Aeneas est un opéra d’Henry Purcell créé en 1689. Il nous raconte la rencontre d’Enée, en fuite de Troie dévastée, et de Didon, la reine de Carthage, l’amour qui s’impose. Mais les dieux et des sorcières sournoises pressent Enée de reprendre son chemin, d’accomplir sa destinée. Didon, écrasée de douleur, en meurt. 

Une petite œuvre d’à peine une heure, si convaincante dans sa brièveté qui l’oblige à atteindre immédiatement l’essentiel des êtres, si bouleversante grâce aux deux airs de son héroïne, dont le fameux « When I am laid in earth » conclusif. Un sommet humain et musical.

Un baroque d’aujourd’hui ?

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Pygmalion de Jean-Philippe Rameau et L’Amour et Psyché de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, dirigés par Emmanuelle Haïm et mis en scène par Robyn Orlin.  

Choisir Robyn Orlin comme metteure en scène, c’était espérer qu’une contemporanéité interpellante se conjugue avec des œuvres absolument typiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le résultat escompté : un baroque d’aujourd’hui. 

Une attente d’abord plutôt déçue avec Pygmalion dont la lecture révèle vite une conformité à « l’air du temps ». On se souviendra que le sculpteur tombe éperdument amoureux de la statue qu’il a conçue, au détriment de sa relation avec son amie Céphise. Amour s’en mêle pour que tout finisse bien. Une bonne idée scénique est celle de la création de la statue par un empilement d’images arrêtées de corps, projeté sur une immense toile. Mais le reste est convenu, comme l’évocation du snobisme mondain d’une soirée de vernissage, ou faussement innovateur avec ce Pygmalion narcissique vite attiré par d’autres conquêtes possibles. D’autre part, la chorégraphie -que l’on attendait- ne se déploie guère, condamnant les protagonistes à quelques gestes ressassés. Il est vrai que cette œuvre, si belle dans sa partition -et à laquelle rendent justice solistes et orchestre- est difficile à mettre en scène. Sa seule action est : « la statue se met en mouvement ».

Rodelinda en vidéo

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Georg Friedrich Haendel (1685-1769) :  Rodelinda. Jakub Józef Orlínski, Jeanine De Bique, Tim Mead, Benjamin Hulett, Avery Amereau, Andrea Mastroni, Jean Bellorini, Le Concert d'Astrée,Emmanuele Haïm, - Mise en scène, scénographie et lumières, Jean Bellorini - Opéra de Lille 2019 - DVD Erato 542032

Retour sur deux opéras rares : The Indien Queen de Purcell et Sigurd de Reyer

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En octobre, dans l’ombre des Indes Galantes dont le succès a attiré tous les regards sur Paris, deux opéras rarement mis à l’affiche ont trouvé leur place méritée en région. L’un, The Indien Queen de Henry Purcell, présenté à Lille, et l’autre, Sigurd d’Ernest Reyer, à Nancy.

The Indien Queen cinématographique

En résidence à l’Opéra de Lille, Le Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm a présenté du 8 au 12 octobre dernier The Indien Queen de Purcell (1659-1695). Le « drame héroïque » sur un livret de John Dryden et Robert Howard, créé en 1695 à Londres, prend ici une allure de film en ciné-concert. Cette « nouvelle version » de Guy Cassier et d’Emmanuelle Haïm insiste sur les parties dialoguées. Des séquences vidéos, filmées avec les mêmes acteurs-chanteurs qui jouent sur scène, sont projetées sur cinq grands écrans qui se meuvent et se combinent de différentes façons. Le « scénario » assez décousu racontant une intrigue politique mêlée d’histoire d’amour et de jalousie dans un exotisme imaginaire de Pérou et de Mexique fantasmés, est déplacé à notre époque : informations militaires par messages SMS, vêtements noirs de tous les jours comme costumes, révélation divine transmise via des images virtuelles visibles avec les lunettes 3D… et la manière dont les acteurs disent les textes sur scène, les gestes et les regards des personnages muets sur les écrans, ainsi que les angles de prises de vue sont tels que cela donne une forte impression d’être dans une salle de cinéma plus que dans celle d’un opéra.

Pygmalion et L’Amour et Psyché dans une diversité culturelle multi-couleurs

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Pygmalion de Jean-Philippe Rameau, acte de ballet, associé à L’Amour et Psyché, 3e entrée des Fêtes de Paphos, ballet héroïque de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, pour un spectacle en coproduction Opéra de Dijon, Opéra de Lille, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg et Théâtre de Caen, est un choix soigneusement arrêté par Emmanuelle Haïm. Après avoir fait tour de plusieurs idées, comme l’Anacréon de Rameau, d’autres Pygmalion tel celui De La Barre, ou faire précéder Pygmalion d’une partie construite autour d’airs de cour du XVIIe siècle, elle a opté pour le thème de l’amour, narcissique ou jaloux, créatif ou destructif, exprimé dans ces deux pièces.

Magdalena Kozena en concert d'Astrée

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Comment refuser un moment de grâce annoncé ? Une des plus belles voix de notre époque accompagnée par un ensemble de toute première grandeur ! Et, en effet, la soirée fut grandiose. Mezzo d'une délicatesse soignée Magdalena Kozena peut tout chanter, de Monteverdi à la musique contemporaine, en passant par Gluck, Mahler ou Debussy.