Mots-clé : Les Siècles

Ligeti(s) d’anniversaire avec Han Chen, le Quatuor Diotima, le SWR Vocal Ensemble et Les Siècles

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Le Centenaire Ligeti est jusqu’à présent assez timide, en particulier en Belgique où il s'avère quasi inexistant à cette heure ! Pourtant, à une époque qui n’a que “médiation” à la bouche, la musique de Ligeti, compositeur qui transformait en musique tout ce qu’il touchait, serait un sujet à développer… Dès lors, dans ce contexte de disette aussi incompréhensible que scandaleux, on se réjouit de retrouver des parutions discographiques, nouveautés et rééditions qui nous présentent les différentes facettes de l’art de ce compositeur unique et génial.   

György Ligeti (1923-2006) : Etudes livres 1 à 3 ; Capriccio n°1 - Allegretto capriccioso et Capriccio n°2 - Allegro robusto. Han Chen, piano. 2022. Livret en anglais. 62’27’’. Naxos. 8 574307. 

Poignant et si beau Pelléas et Mélisande – Claude Debussy 

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Perdu en forêt lors d’une partie de chasse, il l’a découverte près d’un plan d’eau, hagarde, terrorisée. Elle a beaucoup souffert, lui dit-elle, et vient de jeter une couronne dans l’eau. Non, il ne doit surtout pas tenter de la récupérer. Elle s’appelle Mélisande. Lui, Golaud, la prend sous sa protection. Il l’épousera et finira par rentrer chez lui, là-bas, au château familial d’Allemonde où l’attendent sa mère Geneviève et son grand-père Arkel. Et surtout Pelléas, son demi-frère. La tragédie aura lieu. 

Le livret de Maurice Maeterlinck, adapté de sa pièce de théâtre, conduit inexorablement les tristes héros à leur tragique destinée. Il est une merveille d’évocations, de signes annonciateurs, de phrases reprises, de suggestions, de métaphores, de silences significatifs. Il y a ce qu’on saisit immédiatement, il y a ce qu’on se rappelle. Symboliste tout simplement. « Nous ne voyons que l’envers des destinées ».

Claude Debussy a fait sien ce récit, il l’a inscrit dans une musique tout aussi évocatrice, qui s’ouvre à tant de sens quant aux êtres et à ce qu’ils vont (devoir) vivre. Une musique surtout à l’extraordinaire prosodie. Elle a fusionné avec les mots qu’elle accompagne, qu’elle magnifie, qu’elle multiplie. C’est sans doute l’une des plus belles rencontres entre un texte et une partition.

Streamings de la semaine : Liège, Lille et à Hambourg  

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Pour la sélection de la semaine, on commence par le festival numérique de l’Opéra de Liège qui va proposer près de 15 spectacles et concerts en ligne d’ici fin juin. 

Un titre de prestige est à l’affiche pour inaugurer cette série de diffusions numériques : La Traviata mise en espace par Gianni Santucci d’après la mise en scène de Stefano Mazzonis en 2009.

Sous la baguette de  Speranza Scappucci, directrice musicale de la maison, et avec une belle distribution :  Patrizia Ciofi, Dmitry Korchak et Giovanni Meoni. Ce spectacle est à voir jusqu’au 17 avril.

Dès ce jeudi 15 avril (et jusqu’au 24 avril), l’Opéra de Liège propose un concert lyrique, tel un voyage entre l’œuvre de Verdi et le vérisme, avec le chef Daniel Oren et la voix de la soprano  Saioa Hernández.

La Traviata et ce concert sont visibles en ligne sur la plateforme de streaming  de l’Opéra de Liège : https://streaming.operaliege.be/fr

A Lille, l’évènement musical  résidait dans la nouvelle production du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une  mise en scène et scénographie de Daniel Jeanneteau et sous la direction de François-Xavier Roth au pupitre de son orchestre Les Siècles. La distribution est superbe : Julien Behr, Vannina Santoni, Alexandre Duhamel,  Maris-Ange Todorovitch.

Enfin à Hambourg, la scène de la prestigieuse Philharmonie de l'Elbe accueille son orchestre résident de la NDR pour une Symphonie n°9 de Schubert sous la direction de Herbert Blomstedt.

Atelier Lyrique de Tourcoing : ouverture de saison 2020-2021, la folle journée

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Ce 19 septembre, non moins de cinq temps forts rythmaient l’ouverture de la saison 2020-2021 de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, dans trois établissements patrimoniaux de la ville. Nous n’avons pu assister aux sollicitations de la mi-journée : « le Voyageur, Petite histoire du Lied germanique » avec le Quatuor Manfred et Salomé Haller (14h), précédé le matin par un parcours de violoncelle solo (J.S. Bach, Ahmet Saygun, Zoltán Kodály) dont un auditeur nous a confié que Jean-Guihen Queyras y touchait au sublime.

En ces derniers instants d’été, c’est un mercure à 30° qui échauffait la file d’attente à l’angle de la rue du Conservatoire. Entrées gratuites pour cette journée du patrimoine, mais jauge limitée. Les derniers arrivés pour 16h ont pu être placés sur les strapontins. François-Xavier Roth, en maître de cérémonie, insista sur les amitiés musicales très fortes envers les deux invités, Bertrand Chamayou et Jean-François Heisser, « peut-être les deux plus grands pianistes français vivants ». Le rapport du maître à l’élève est devenu complicité, ce que confirma ce programme à deux claviers consacré à la musique française. L’un comme l’autre connaissent leur Ravel de près, encore faut-il que s’engrène la mécanique à quatre mains. Et tant en rouages qu’en dynamique, la machine fonctionna à merveille, l’aîné plutôt sculpteur, le cadet plutôt chanteur, et notre duo investi dans une volontariste lecture de la Rhapsodie espagnole. Non un paravent laqué, mais un retable aux images prégnantes, parfois rudes, qu’accusait la matité de la petite salle. Pour autant, on appréciait la palette ciselée de Bertrand Chamayou : la dédicace baudelairienne de la Habanera (« au pays parfumé que le soleil caresse ») lui inspirait des nuances peaufinées par une pédale sans chômage. L’arsenal de la Malagueña, de la Feria, faisait feu de tout bois. La main gauche de Jean-François Heisser assurait les fondations, tantôt grommelant tantôt percutant (les poinçons emboutis au pouce !). Le Mouvement modéré de Valse, ses appels aux deux mains s’entendaient registrés comme par un accouplement de registres d’orgue.  Nous étions passés aux Trois Valses romantiques d’Emmanuel Chabrier, un « prédécesseur de Gérald Darmanin puisqu’il travailla au Ministère de l’Intérieur » s’était amusé Monsieur Roth dans son exergue, en clin d’œil à l’édile tourquennois. Un Très vite et impétueusement comme à la kermesse, un Animé en liqueur trouble, comme infusé d’une amertume en soluté. On détectait même quelques ombres saturniennes, trous de rame dans l’onde remuée par Charon, au sein du Lent-sombre de l’opus debussyste En blanc et noir… en l’honneur duquel les deux pianistes avaient peut-être sciemment accordé leur couleur de chemise. Avec emportement serré au cordeau mériterait-il plus d’air qu’on impliquerait l’exiguïté du lieu qui nous la servit trop asphyxiée. Conclu avec poigne ! Le Scherzando cerné avec toute sa subtilité nous offrait vingt doigts qui ne faisaient qu’une seule tête : un des moments magiques de cette séance.

Podcast Les Siècles à propos du Sacre du Printemps.

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L'orchestre Les Siècles de notre ami François-Xavier Roth est l'un des plus dynamiques et créatifs de la scène internationale. Pendant le confinement, l'idée s'est développée de donner via à des concerts malheureusement annulés ou de revenir sur des évènements marquants de l'histoire de l'orchestre. Nous vous invitons à les écouter, en particulier ce passionnant podcast sur le chef d'oeuvre de Stravinsky.

La conception, les interviews et le montage sont à créditer à six membres des Siècles, musiciens ou administratifs : François-Marie DRIEUX (violon solo), Hélène MOUROT (hautbois solo), Simon MILONE (violon), Emmanuel BENECHE (cor), Anouche ALLAIN (administratrice de production) et Lucie PIERRON (administratrice.  L'objectif est de publier un podcast chaque mois : rendez-vous fin juillet pour la seconde partie du Sacre du printemps (avec un focus sur la danse) et fin août avec un podcast sur la deuxième partie des Troyens (actes III à V) qui devait être donnée au festival Berlioz de la Côté Saint-André.

François-Xavier Roth dirige un Beethoven plus que jamais éternel et universel

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Voilà un concert intimement lié à l’actualité.

Le 15 (ou le 16, on ne sait pas ; on sait seulement qu’il a été baptisé le 17) mars 1770, naissait Ludwig van Beethoven. En 2020, on fête donc le 250e anniversaire de cet incroyable génie qui aura tellement marqué l’histoire de la musique dans tous les genres auxquels il aura imprimé sa personnalité révolutionnaire. Parmi eux, il en est un qui lui aura donné une popularité sans frontières : la symphonie. Alors, année Beethoven oblige, les intégrales des symphonies se multiplient. 

Un quart de millénaire après la naissance de ce prodigieux compositeur qui, à lui tout seul, aura marqué l’Humanité, et malgré les progrès de la médecine, le monde est secoué par un virus venu de l’autre bout de la planète et qui, en quelques semaines, est en train de tous nous bouleverser. Les rassemblements de plus de 1000 personnes ont été interdits. Tous les concerts dans la Grande Salle de la Philharmonie de Paris ont été annulés. A Versailles, la jauge est en-deçà. Les concerts sont donc maintenus.

C’est dans cet autre aspect de l’actualité que s’inscrivait le premier concert de cette intégrale, avec les symphonies Nos 1, 4 & 6. Il débutait à l’heure précise où le Président de la République parlait aux Français, dans une allocution télévisée regardée par près de 25 millions de nos concitoyens, un record alors absolu. Dans le splendide et luxueux opéra commandé par Louis XIV, ce discours occupait certainement beaucoup de têtes. Mais aucune retransmission n’étant prévue, seuls Beethoven et ses symphonies se faisaient entendre.

Gustav Mahler : Titan chez Universal Edition 

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Gustav Mahler : Titan, Universal Edition Wien, ISMN : 979-0-008-08963-3

Les éditions Universal de Vienne proposent un retour à la version originale Titan d’avant la Symphonie n°1 de Gustav Mahler dans l’édition de Reinhold Kubik et Stephen E.Helfing. Il s’agit de la version Hambourg-Weimar de 1893-94 qui se nomme Titan, Eine Tondichtung in Symphonieform in zwei Teilen und fünf Sätzen für grosses Orchester. Cette édition a été enregistrée par François-Xavier Roth et Les Siècles. 

François-Xavier Roth et Les Siècles, conteurs hors-pair de Ravel

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Et si l’orchestre était à Ravel ce que le piano est à Brahms, le quatuor à cordes à Beethoven, ou le Lied à Schubert : l’instrument de l’intime ? Cet orchestre, que d’aucuns peuvent trouver luxuriant et multicolore, sonnait en ce 26 novembre, sous les doigts des musiciens des Siècles (qui jouent sur des instruments français du début du XXe siècle) et sous la direction de François-Xavier Roth, avec une remarquable unité, et surtout une réelle sensibilité collective.

Dès les premiers accords, un impressionnant climat s’installe. On ressent physiquement l’espace dans lequel va évoluer Une barque sur l’océan. L’équilibre entre les différents pupitres met superbement en valeur les subtilités de l’orchestration. Pour autant, nous ne sommes pas dans la musique descriptive mais bel et bien dans l’émotion. Avec quelques couleurs inquiétantes...

François-Xavier Roth, Mahler, Ravel et Les Siècles

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François-Xavier Roth est l’un des chefs d’orchestre les plus demandés de notre époque. Fondateur de l’orchestre Les Siècles, il est directeur musical de l‘Orchestre du Gürzenich de Cologne alors qu’on le retrouve, privilège rare pour un chef français, régulièrement au pupitre du Philharmonique de Berlin, du Royal Concertgebouw d’Amsterdam ou du Boston Symphony Orchestra. Après avoir renouvelé l’approche de toute une partie de la musique française avec Les Siècles, il emmène ses musiciens dans un voyage mahlérien avec Titan Eine Tondichtung in Symphonieform (Hambourg-Weimar, édition de 1893-1994) l’une des versions de la Symphonie n°1. François-Xavier Roth et les Siècles enregistrent ainsi en première mondiale la nouvelle édition de Reinhold Kubik et Stephen E.Helfing pour Universal Edition Wien.  

Vous aviez déjà enregistré la Symphonie n°1 de Mahler avec le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg (SWR Music Hänssler/classic), qu’est- ce qui vous poussé à enregistrer à nouveau cette oeuvre au pupitre des Siècles mais dans cette nouvelle édition de Reinhold Kubik et Stephen E.Helfing ?

C’était pour moi un désir assez prononcé de pouvoir donner Mahler sur instruments d’époque, ce qui n’a pas été tellement fait. Bien naturellement, je souhaitais réaliser cette aventure avec les Siècles en commençant logiquement par la Symphonie n°1. Par ailleurs, j’avais été informé du travail d’Universal Edition Wien sur la version 1893-94 “Titan” Eine Tondichtung in Symphonieform de la Symphonie n°1 et notre enregistrement correspondait à la parution de cette nouvelle édition et de son matériel d’orchestre. J’ai donc été en contact, assez tôt, avec l’équipe scientifique qui oeuvrait à finaliser ce projet. La concordance de tous ces aspects a permis la réalisation de cet album.

François-Xavier Roth, une sélection au disque et en vidéo

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Par le truchement du disque et des captations de concerts, François-Xavier Roth est un chef des plus présents sur les canaux de diffusion. Crescendo-Magazine vous propose une petite sélection de ses enregistrements à travers une playlist et un choix de quelques concerts diffusés sur Youtube.

La discographie de François-Xavier Roth est déjà fort conséquente. Si dans cette playlist nous ne retiendrons que quelques uns de ses enregistrements avec les Siècles, il ne faut pas oublier ses deux excellents albums gravés lors de son trop bref passage au pupitre du Philharmonique Royal de Liège : un disque César Franck avec Cédric Tibergien au piano (Cyprès) et un autre consacré à des oeuvres françaises pour violon avec le toujours génial Tedi Papavrami (Aeon). Alors qu’il était directeur musical du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, le chef a gravé une anthologie Richard Strauss pour SWR Music Hänssler/classic, des enregistrements à redécouvir.

 

Voix de France

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Gabriel FAURÉ (1845-1924) : RequiemClaude DEBUSSY (1862-1918) : Trois chansons de Charles d’Orléans. Francis POULENC (1899-1963) : Figure humaineRoxane CHALARD (soprano), Mathieu DUBROCA (baryton), Louis-Noël BESTION DE CAMBOULAS (orgue), Ensemble Aedès, Les Siècles, dir. : Mathieu ROMANO. DDD–2019–59’ 21’’–Textes de présentation en français et en anglais–Aparté AP201

Un Ravel féérique

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Maurice RAVEL
(1875 – 1937)
Ma Mère l’Oye (ballet complet) - Shéhérazade, ouverture de féerie - Le Tombeau de Couperin
Les Siècles, dir. François-Xavier Roth
2018 DDD 56’33 Livret français et anglais CD Harmonia Mundi HMM 905281

La redécouverte du tout premier opéra de Saint-Saëns

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Le timbre d'argent

Jodie Devos (Rosa), Yu Shao (Benedict), le Chœur Accentus / © Pierre Grosbois (Opéra-Comique)

Le Timbre d'argent
Peintre fauché mais amoureux d'une danseuse, Conrad se fait procurer par le Diable un petit timbre d'argent : chaque fois qu'il le frappera, son souhait sera exaucé, mais une personne de son entourage mourra. Telle est la trame du livret de Barbier et Carré, que le jeune Saint-Saëns mettra en musique  en 1864, juste après son second échec au prix de Rome.

Descendu de son chameau, Félicien David s'élance vers l'Amérique !

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Christophe Colomb de Félicien David
Fort du succès phénoménal de son Désert en 1844, Félicien David continue sur sa lancée : se succèdent Moïse au Sinaï, Christophe Colomb, L'Eden enfin, accueillis diversement par un public qui espérait encore et toujours de l'exotisme oriental. Non, David ne fut pas que l'auteur du Désert, même si son nom reste attaché à l'invention officielle de  l'orientalisme en musique.

Voilà de l'opéra-comique !

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© Pierre Grosbois

LAKME
(Leo Delibes)

Que dit-on pour définir l'art français ? Il est fait de finesse, de clarté et d'élégance. Voilà qui décrit à la perfection cette Lakmé de Leo Delibes, créée en 1883 à l'Opéra-Comique, et dont le succès ne s'est jamais démenti. L'oeuvre représente la quintessence de la musique française, comme, avant elle, La Dame blanche de Boieldieu, Le Domino noir d'Auber, Les Pêcheurs de perles et Carmen de Bizet, ou Mignon d'Ambroise Thomas. Et, un an plus tard, la Manon de Massenet. Comme tous ces chefs-d'oeuvre, Lakmé atteint une certaine perfection par un équilibre miraculeux entre une intrigue simple, directe, émouvante, et une musique réunissant les mêmes qualités.