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A l’OSR, un chef enthousiasmant, Daniel Harding

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Pour son deuxième concert de saison, l’Orchestre de la Suisse Romande invite le chef britannique Daniel Harding que l’on entend rarement sous nos latitudes. Dans un programme sans entracte de près d’une heure et demie, il a la judicieuse idée de mettre en perspective une page brève d’Eric Tanguy, Matka, et la Quatrième Symphonie de Jean Sibelius.

La première citée a été composée en 2015 pour répondre à une commande de l’Orchestre de Jyväskylä et de son chef Ville Matvejeff, qui en assurèrent la création le 9 décembre 2015. En finnois, ‘matka’ signifie ‘voyage’ ; et c’est bien l’impression que produit cette pièce pour grand orchestre, baignant dans un halo mystérieux que traverse la section des bois érigeant le tutti comme des parois sonores qui finissent par se morceler pour faire place aux segments mélodiques pailletés de fluorescences. L’on ne peut que songer à Sibelius lorsque les unissons de cuivres produisent des climats fortement contrastés trouvant leur apaisement dans une péroraison jubilatoire.

A l’OSR,  le pianiste Paul Lewis à la rescousse  

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Pour sa série de concerts ’Espressivo’, l’Orchestre de la Suisse Romande invite un chef letton, Andris Poga, actuel directeur musical de l’Orchestre National de Lettonie et, en soliste, le pianiste britannique Paul Lewis. 

Et c’est lui qui ouvre les feux avec le 27e Concerto en si bémol majeur K.595 de Mozart en bénéficiant des demi-teintes tragiques d’un canevas instrumental ne comportant que huit premiers et huit seconds violons pour imposer un phrasé sobre qui masque le cafouillage des bois et une ligne de chant élégante qui, sporadiquement, se voile de tristesse. Le Larghetto est développé dans un son racé qui, dans le cantabile, épouse le phrasé des vents, tandis que le rondò final contraste par une apparente espièglerie que sous-tend une énergie pré-beethovenienne. Et c’est justement au maître de Bonn et à ses Bagatelles op.126 qu’il emprunte un bis empreint d’une indicible mélancolie.

L’OSR en partance pour Santander

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Le 31 août prochain, l’Orchestre de la Suisse Romande et son chef, Jonathan Nott, seront les invités du Festival International de Santander ; en préambule, le programme choisi pour cette occasion a été présenté au Victoria Hall de Genève le mercredi 28 et a débuté par l’un des piliers du répertoire, la Septième Symphonie en la majeur op.92 de Beethoven.

Par de virulents accords aussitôt enlevés, le Poco sostenuto initial joue des contrastes d’éclairage en allégeant les traits de cordes alors que la transition use du rallentando afin de détailler chaque note avant que ne se développe un Vivace exubérant qui évite de surcharger le discours. L’Allegretto qui suit avance avec fluidité en s’appuyant sur la pulsation des graves, tandis que le fugato médian se voile de demi-teintes mélancoliques émanant du cantabile des bois. Le Scherzo est rendu effervescent par le dessin bondissant des archets que les cors élargissent à peine pour chanter en pianissimo le motif religieux du trio. Et le Finale n’est plus qu’une débauche de coloris aveuglants que ponctuent de cinglantes timbales en ce qui pourrait bien être une apothéose de la danse selon la formule wagnérienne.

L’OSR centenaire !

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En cette dernière semaine de novembre, l’Orchestre de la Suisse Romande commémore ses cent ans d’existence par trois concerts exceptionnels.

Le 27 novembre, Jonathan Nott, son directeur artistique et musical, a choisi un programme éclectique débutant par une œuvre étroitement associée au répertoire de la formation, la Troisième Symphonie dite Liturgique d’Arthur Honegger, créée à Zürich le 17 août 1946 sous la baguette de son dédicataire, Charles Münch puis mise régulièrement à l’affiche par Ernest Ansermet. «J’ai figuré musicalement le combat qui se livre dans le cœur (de l’homme) entre l’abandon aux forces aveugles qui l’enserrent et l’instinct du bonheur, l’amour de la paix, le sentiment du refuge divin», déclarait le compositeur. Dans le Dies irae initial, le chef provoque l’opposition des blocs sonores aux arêtes tranchantes pour faire surgir l’exaltation des cordes face à la rigidité des cuivres. Le De profundis clamavi est une sombre méditation que transperce le lyrisme consolateur des violons contrepointé par les volutes de la flûte. Et le Dona nobis pacem ressemble à une marche inexorable, scandée par les cordes jusqu’au paroxysme de la violence ; puis un legato soutenu exprime l’apaisement en une conclusion impressionnante.