Transcriptions et paraphrases de Florian Noack

par

Piotr Ilyich Tchaïkovsky (1840-1893) : Suite d'après le Lac des cygnes - Roméo et Juliette
Sergei Rachmaninoff (1873-1943) : Suite d'après Aleko
Nikolaï Rimsky-Korsakov (1844-1908) : Sheherazade op. 35
Anatoly Lyadov (1855-1914) : Le lac enchanté
Florian Noack : piano
2014 - 68'24''- Textes de présentation en anglais et en allemand - Ars Produktion LC06900 

Le jeune pianiste belge Florian Noack nous revient au disque avec un programme composé entièrement de ses propres transcriptions d'oeuvres pour orchestre de différents compositeurs russes. On se souvient l'an passé d'un disque autour de l'oeuvre pour piano du compositeur romantique russe Sergei Lyapunov et de l'aisance musicale de ce jeune pianiste. Adepte des compositeurs un peu méconnus ou sous-estimés Florian Noack a cette curiosité musicale qui le rapproche de pianistes tels que Hamelin, Hough, Lane et d'autres ; et, comme en son temps l'avaient fait Mikhaïl Pletnev ou Sergio Fiorentino, Florian Noack se lance dans la transcription d'oeuvres composées pour orchestre. De nos jours la transcription est une pratique qui s'est un peu perdue ; au dix-neuvième siècle transcrire pour le piano une oeuvre écrite pour orchestre donnait la possibilité aux personnes n'ayant pas la possibilité d'aller aux concerts de découvrir le répertoire musical en dehors du piano. De grands compositeurs se sont lancé dans cette pratique comme évidemment Franz Liszt qui transcrivit la plupart des grands compositeurs de son temps ainsi que ceux du passé. On peut citer aussi Rachmaninov, Godowsky, Prokofiev et tant d'autres. Aujourd'hui qui veut écouter chez soi une symphonie de Beethoven ou un poème symphonique de Tchaïkovsky n'a qu'à cliquer que quelques secondes sur internet ou se déplacer chez un disquaire, plus besoin de savoir jouer du piano et plus besoin de transcriptions. Ce disque est donc l'héritier d'une pratique traditionnelle des grands pianistes virtuoses. Virtuose, Florian Noack l'est assurément quand on écoute sa belle version de Roméo et Juliette de Tchaïkovsky qui semble écrit par moment pour le piano tant la technique pianistique est maîtrisée et utilisée à bon escient. Pas de virtuosité gratuite et inutile ; chaque trait et chaque "arrangement" semblent être d'origine. On est loin de la simple paraphrase jouée en bis ; ces transcriptions et paraphrases sont d'une grande fidélité autant du point de vue de la texture sonore que musicale. Exit l'esbroufe gratuite. Écoutez par exemple la "Danse des femmes" tirée de l'opéra Aleko de Sergei Rachmaninov d'une grande légèreté et d'une attaque claire et ronde, car tout au long de l'écoute de ce disque revient en permanence le terme de "rondeur" à propos du jeu de Noack. Le son est généreux sans être assommant ou trop aseptisé. Une réussite qui nous montre, outre les talents de transcripteur de Florian Noack, un pianiste plein d'avenir.
François Mardirossian

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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