Triste Valse triste

par

Jean SIBELIUS (1865 - 1957)
Kuolema–King Christian II–Ouverture en la mineur–Deux chants tirés de La Douzième nuit
Pia PAJALA (soprano), Waltteri TORIKKA (baryton), Turku Philharmonic Orchestra, dir. : Leif SEGERSTAM
DDD–2015–71’ 16’’–Texte de présentation en anglais–Naxos 8.573299

Kuolema (la mort en finnois) est une musique de scène écrite par Jean Sibelius en 1903 pour une pièce de théâtre du dramaturge Arvid Järnefelt (1861-1932) et divisée en six parties. La première d’entre elles, intitulée Tempo di valse lente–Poco risoluto, a été rebaptisée par la suite Valse triste et est très vite devenue ce qu’on n’appelait pas encore à l’époque un tube planétaire, mais qui en est effectivement un. Revue, réarrangée et revisitée à d’innombrables reprises, sans cesse manipulée, adaptée pour le piano, la clarinette, le violon, l’accordéon et une douzaine d’autres instruments, trafiquée, dénaturée et même avilie, la Valse triste a en tout cas universalisé le nom de Jean Sibelius dès les premières années du XXe siècle. Et voilà pourquoi ses sept symphonies composées entre 1899 et 1924 ont toutes été des succès et ont toutes été exécutées par les plus grands orchestres, sous la direction des chefs les plus prestigieux, aux quatre coins du globe. Et voilà pourquoi aussi Jean Sibelius a connu de son vivant tous les honneurs possibles et imaginables et a représenté à lui seul toute la Finlande et tous ses mythes.
Ce que beaucoup de gens ignorent toutefois, c’est que d’un point de vue strictement matériel, la Valse triste a été pour lui une très mauvaise affaire car, après l’avoir composée, il n’y a attaché aucune importance et qu’il s’est empressé de la vendre, droits compris, pour  la modique de somme de deux cents marks à un éditeur allemand. Lequel, il va sans dire, en a tiré de juteux bénéfices. Chose d’autant plus bizarre et incompréhensible que Jean Sibelius avait la réputation d’être un homme calculateur, âpre au gain et toujours avide d’argent…
On ne compte plus les versions discographiques de la Valse triste. En revanche, celles de l’intégralité de Kuolema ne sont pas légion, et la présente avec l’Orchestre Philharmonique de Turku (une ville médiévale au sud de la Finlande), est loin d’emporter l’adhésion, Leif Segerstam jouant la Valse et les cinq autres parties de l’œuvre sur un tempo trop lent, et presque mezzo voce, un peu comme s’il s’ennuyait en la dirigeant ou qu’il avait la tête ailleurs. Reproche qu’on adressera aussi à l’exécution de King Christian II, une musique de scène datant, elle, de 1898. Est-ce parce ce sont là des œuvres considérées comme mineures dans le catalogue de Jean Sibelius, ne serait-ce qu’en regard de ses sept symphonies ? Par Euterpe, que ce disque est… triste !
Jean-Baptiste Baronian

Son  6  –  Livret  5  –  Répertoire  7  – Interprétation  6

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