Trois lauréats, trois poètes

par

Jean-Claude Vanden Eynden : Robert Schumann (1810-1856) : 12 Etudes symphoniques, Op. 13 – Franz Liszt (1811-1886) : Concerto pour piano et orchestre n°1 en mib majeur, S. 124 – Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n°1 en do majeur, Op. 15


Abdel Rahman El Bacha : Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate pour piano n°17 en Sib majeur, KV 570 – Maurice Ravel (1875-1937) : « Scarbo » (Gaspard de la nuit) – Mily Balakirev (1837-1910) : Islamey, Op. 18 – Sergey Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour piano n°2 en sol mineur, Op. 16

 

Frank Braley : Franz Liszt (1811-1886) : « Sonetto 123 del Petrarca » (Années de Pèlerinage, S. 161) – Sergey Rachmaninov (1873-1943) : Variations sur un thème de Corelli, Op. 42 - Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate pour piano n°12 en Fa majeur, KV 332 - Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n°4 en Sol majeur, Op. 58
Jean-Claude Vanden Eynden, Abdel Rahman El Bacha, Frank Braley, piano – Orchestre National de Belgique, Franz André, Frits Celis, Georges Octors, Ronald Zollman, direction
2016-Live-76’33’’/60’16’’/72’-Textes de présentations en français, néerlandais et anglais-Muso-Mu012/013/014

Souvenirs, souvenirs… voilà une série qui devrait ravir les amoureux et inconditionnels du Concours Reine Elisabeth et rappeler, à travers la redécouverte de certains moments-clés, quelques beaux souvenirs. Le label Muso propose en effet la réédition d’une partie des prestations de trois lauréats pianistes du concours : Jean-Claude Vanden Eynden (1964/Troisième Prix), Abdel Rahman El Bacha (1978/Premier Prix) et Frank Braley (1991/Premier Prix). Si les trois ont chacun brillé et sillonné la scène internationale, le lien et l’attachement au concours et à la Belgique n’ont jamais été brisés. Régulièrement invités à siéger au sein du jury, on les retrouve sur nos scènes , lors de masterclasses au Conservatoire Royal de Bruxelles (où se déroulaient dans le passé premières épreuves), où à la Chapelle Reine Elisabeth (lieu capital et décisif pour les candidats lorsqu’ils y découvrent l’œuvre imposée avec orchestre) ou encore à la direction de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie (invité pour les demi-finales) pour Frank Braley. C’est dire à quel point les trois restent attachés à cette compétition. Trois lauréats aux parcours résolument différents, aux tempéraments divers et variés, en soi trois sensibilités contrastées. Pourtant, lorsque l’on écoute ces trois Cds, une pensée les relie : la poésie. Que ce soit Jean-Claude Vanden Eynden dans les redoutables Etudes symphoniques de Schumann, Frank Braley dans le « Sonetto 123 del Petrarca » de Liszt ou encore Abdel Rahman El Bacha avec un « Scarbo » magistral, on est là face à trois jeux dont seules la justesse du propos, la sensibilité et la maturité triomphent. S’agissant d’enregistrement « live », la magie du concours opère aussi avec le lien étroit entre l’interprète et son public : ambiance parfois électrique dont la puissance transmise aux candidats, heureux ou non, ne laisse jamais l’auditeur indifférent. Cette aventure humaine, celle qui nous pousse dans nos derniers retranchements, est ici relatée par la plume aiguisée d’un autre fidèle du concours : Michel Stockhem. A travers le prisme d’anecdotes, de détails historiques ou tout simplement les émotions ressenties tout au long d’une vie au service de la musique, chaque texte met en exergue le parcours de trois artistes qui auront marqué le cours de l’histoire. On se réjouira enfin de réentendre l’une des versions les plus bouleversantes et captivantes du Concerto pour piano n°2 de Prokofiev (El Bacha), la finesse et l’élégance d’El Bacha et Braley dans Mozart, la puissance de Liszt (Vanden Eynden) ou encore la profondeur du discours chez Beethoven par Braley et Vanden Eynden. Voilà donc un témoignage touchant de trois pianistes qui font corps avec leur instrument et pour lesquels les membres de chaque jury ont été, à chaque fois, clairvoyants.
Ayrton Desimpelaere

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