Trois sonates françaises pour violon et piano

par

César FRANCK
(1822-1890)
Sonate pour violon et piano
Gabriel FAURÉ
(1845-1924)
Sonate pour violon et piano n° 1 en la majeur op. 13
Claude DEBUSSY
(1862-1918)
Sonate pour violon et piano en sol mineur
Virginie ROBILLIARD (violon), Bruno ROBILLIARD (piano)
DDD–2015–70’ 07’’–Texte de présentation en français et en anglais–Éditions Hortus 128

Sur la pochette de ce disque figure en gros caractères ces quatre mots : « De Baudelaire à Proust ». C’est assez surprenant car l’auteur des Fleurs du mal est mort en 1867 et que la Sonate pour violon et piano n° 1 de Gabriel Fauré, la plus ancienne des trois œuvres regroupées ici, a été écrite en 1875 et 1876 et n’a pas grand-chose à voir avec ce célèbre recueil de poèmes ni davantage avec l’univers de l’écrivain. Les deux autres œuvres non plus d’ailleurs. En ce qui le concerne, Marcel Proust n’était âgé que de cinq ans en 1876 et que de quinze, quand César Franck achevait sa longue et importante Sonate pour violon et piano dédiée à Eugène Ysaÿe et jouée pour la première fois à Bruxelles (donc en 1886), par ce dernier avec Marie-Léontine Bordes-Pène (dont on se souviendra que le remarquable peintre Jacques Émile Blanche a exécuté le portrait).
Marcel Proust a-t-il eu connaissance de cette œuvre ? On peut le conjecturer. Comme on peut conjecturer qu’il a eu l’occasion d’entendre la Sonate pour violon et piano de Claude Debussy, créée par le compositeur lui-même au piano à la salle Gaveau, en 1917, accompagné par le violoniste Gaston Poulet. On sait que Marcel Proust et Claude Debussy se croisaient souvent à la brasserie Weber à Paris et qu’ils avaient en Reynaldo Hahn une relation commune, même si les deux musiciens se détestaient mutuellement (à l’époque Reynaldo Hahn était beaucoup plus connu du public que son génial confrère).
Certains musicologues ont tendance à déprécier la Sonate pour violon et piano de Claude de France, la dernière partition qu’il a réussi à mener à bien, sous prétexte qu’elle tourne sur elle-même. C’est précisément de « tournoiement vertigineux de lambeaux », comme l’a relevé Jean-Yves Tadié dans Le Songe musical (2008), qui en fait l’immense intérêt et, sous des dehors parfois badins, la rend captivante, déchirante. Par bonheur, l’interprétation qu’en donnent Virginie Robilliard au violon et Bruno Robilliard au piano en respectent l’esprit et, en cela, mérite d’être soulignée. Celle des pièces de César Franck et de Gabriel Fauré est, du reste, tout aussi bonne, tout aussi juste, quoiqu’on eût aimé qu’elle fût par moments (dans les mouvements rapides, entre autres) un peu plus enflammée.
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 6 – Répertoire 10 – Interprétation 7

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