Un ‘Barbiere di Siviglia’ bien sympathique à Avenches

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Le Festival ‘Avenches Opéra ‘ présente le chef-d’œuvre de Rossini dans le plein air de ses arènes romaines. A la suite des pertes financières colossales subies par la ‘Carmen’ de l’an dernier dévastée par la pluie, une solution de repli a été trouvée : le spectacle peut être transporté à l’intérieur de l’Institut Equestre National qui contient quatre mille places. Mais le 11 juillet, c’est bien à l’extérieur, sous un ciel limpide, que nous avons pu applaudir la production ingénieuse de Marco Carniti : profitant de trois constructions en tubulaires recouvertes de toiles de jute, pivotant sur plateau tournant (conçues par Emmanuelle Favre), sa mise en scène suscite le sourire avec ce quadrige bardé de longs ciseaux, tiré par des hommes-chevaux amenant un Figaro qui n’a jamais eu d’entrée aussi impériale ou ces brouettes de jardinier véhiculant des arbustes de serre. Et les costumes d’Amélie Reymond bardent de rouge le contingent de police, de blanc, robes et redingotes des protagonistes, de noir, les machinistes déplaçant les éléments ‘en dur’. Et tout ce petit monde vibre à un rythme endiablé, même si la baguette de Nir Kabaretti cultive la pondération retenue plutôt que l’éclat, ce qui n’enlève rien à la qualité du Chœur de l’Opéra de Lausanne (préparé par Pascal Mayer) et de l’Orchestre de Chambre fribourgeois. Sur scène, triomphe le Figaro du baryton roumain George Petean, arborant un aigu brillant et une roublardise cocasse. Reléguant dans l’oubli l’émission nasillarde entendue à Pesaro durant nombre de saisons, le ténor chinois Yijie Shi modèle une rondeur de son inouïe pour personnifier un élégant Almaviva. Lana Kos tire Rosina vers le ‘lirico leggero’ dont elle affiche la pétulance. Le Bartolo de Miguel Sola a la corpulence importante et la vélocité d’élocution de la véritable basse comique, quand Ruben Amoretti exhibe le grave caverneux d’un Basilio retors. Carine Séchaye fait ‘exister’ le rôle de Berta en le hissant au niveau de ses partenaires, tandis que Fernando Alfara est un Fiorello souriant face à ses quelques instrumentistes de fortune. En résumé, un spectacle d’été fort attrayant.
Paul-André Demierre
Festival "Avenches opéra", le 11 juillet 2015

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