Un basson pour Rossini

par
Azzolini

Sergio Azzolini © Giacomo Fornari

Dans la programmation de ses concerts à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott, le directeur musical et artistique, tente d’élargir les horizons en présentant des pages peu connues. Ce fut le cas le mercredi 1er novembre avec un Concerto a fagotto principale (Concerto avec basson soliste) de Gioacchino Rossini.

Cette œuvre daterait des années 1845 à 1848, période où le compositeur résidait à Bologne en tant que consultant honoraire au Conservatoire. Et c’est pour l’un des élèves extrêmement talentueux de l’institution, Nazzareno Gatti, qu’il aurait élaboré ce concerto à titre de morceau d’examen. Ceci se dégage immédiatement de l’ouvrage avec ses mouvements fortement diversifiés et ses traits virtuoses destinés à mettre en valeur le soliste. Intervient donc Sergio Azzolini, natif de Bolzano qui, outre une importante carrière de soliste, a été directeur artistique de la Kammerakademie de Potsdam avant de fonder un ensemble baroque, L’Onda Armonica, et d’enseigner à l’Académie de musique de Bâle. Dans ce Concerto a fagotto principale, il profite de la fluidité des tutti instillée par le chef pour les jouer avant de négocier une série de passages épineux où les sauts d’octave laissent affleurer une subtile ironie. Le Largo fait apparaître une nostalgie parfois triste que le Rondò final se chargera d’estomper par ses envolées dansantes. En bis, Sergio Azzolini dialogue avec Afonso Venturieri, son collègue de l’OSR, et les cordes dans un adagio de Bach.
Pour préluder à cette page concertante, Jonathan Nott avait proposé une ouverture de Rossini, celle pour La Scala di Seta datant du printemps de 1812. Après une entrée en matière bousculée, hautbois et flûte se contentent de jouer mezzoforte leur ligne ; et c’est finalement l’Allegro subséquent qui imposera un propos émoustillant en variant les phrasés qui finissent par dérider les pupitres.
En seconde partie est présenté un Schubert moins connu avec la Sixième Symphonie en ut majeur remontant aux années 1817-1818. Les premières mesures lui confèrent un tragique théâtral dont la baguette émoussera les aspérités pour faire apparaître un allegro primesautier dont les phrasés s’enchaîneront naturellement en accentuant les premiers temps. L’Andante est un cantabile élégant murmuré par les cordes puis par la flûte et la clarinette qui le métamorphoseront en un ländler délicat. Le Scherzo prend une saveur beethovenienne par ses contrastes dynamiques fortement marqués que modérera un trio aux effluves champêtres. Et le Finale est imprégné d’une simplicité amène qui annonce les entractes de Rosamunde. En résumé, un fort beau concert qui ravit l’auditoire.                      Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, le 1er novembre 2017

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