Un beau programme féminin

par
Chaminade

Dorothy HOWELL
(1898-1982)
Concerto pour piano en ré mineur
Amy BEACH
(1867-1944)
Concerto pour piano en ut dièse mineur
Cécile CHAMINADE
(1857-1944)
Concertstück en ut dièse mineur
Danny DRIVER (piano), BBC Scottish Symphony Orchestra, dir. : Rebecca MILLER
2017-DDD-69' 31''-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Hyperion CDA68130

Le 70ème (!) volume de la série The Romantic Piano Concerto d'Hyperion paraît sous l'égide du Charitable Trust "raising the profile of music by women". Voici donc trois concertos écrits par des compositrices, qui présentent un programme fort agréable à l'écoute. Le plus ancien est le Concertstück de Cécile Chaminade, créé par l'auteur à Anvers, en 1888. Très éclectique au début de sa carrière (opéra, ballet, symphonie avec choeurs), elle se dédiera plus tard à des miniatures, pour piano seul, musique de salon sans doute, mais très jolies, et qui connurent une grande vogue. En 1888, elle était jeune et fascinée par Wagner : la première mesure de son mini-concerto provient en direct du Vaisseau fantôme. Pour le surplus, le langage s'inspire de Liszt ou de Saint-Saëns, avec quelques harmonies exotiques. Il est en un seul mouvement, et les motifs sont romantiques, parfois sautillants ou même un peu sirupeux. Il en existait déjà une version par Victor Sangiorgio et Martin Yates (Dutton Epoch), à l'orchestre plus flamboyant; mais le jeu perlé de Danny Driver paraît plus sensible, plus délicat surtout. Moins connue en Europe, l'Américaine Amy Beach, dont la vocation a été contrecarrée par la famille, comme souvent à l'époque. Ce n'est qu'à la disparition de sa mère et de son mari, en 1911, qu'elle put, enfin libre, pleinement se consacrer à la musique, en tant que brillante pianiste virtuose. Son Concerto pour piano, qu'elle créa à Boston en 1900, est divisé en quatre mouvements, de caractère traditionnel (Rachmaninov, Saint-Saëns à nouveau). A 5' 20'' du long allegro initial, il faut noter une ravissante intervention du violon solo. Le scherzo fantasque est assez réussi, sorte de perpetuum mobile sur fond orchestral atmosphérique. Le largo, doux mais insignifiant, s'enchaîne à un finale très virtuose. La figure de Dorothy Howell, Anglaise bien oubliée, est attachante. Après des études à la Royal Academy of Music, elle connut un succès éclatant avec son poème symphonique Lamia, créé en 1919 par sir Henry Wood, que l'on peut par ailleurs écouter sur YouTube. Encouragée, elle écrivit ce Concerto pour piano, en 1923, que sir Adrian Boult défendit à Birmingham et Wood aux Proms. Les critiques se révélant peu enthousiastes, elle cessa de composer des oeuvres d'envergure : quelques pages pour orchestre, pour violon et piano, et une sonate pour piano. Admiratrice de Richard Strauss et d'Elgar, elle livre un concerto en un mouvement, comme celui de sa consoeur Chaminade, à l'écriture pianistique volubile, délicate (cadence entre les deux dernières parties). L'orchestre bénéficie d'une attention particulière, avec de beaux soli de clarinette ou de cor. Voilà un CD qui ravira les assoiffés de découvertes, mais aussi les amateurs de musique romantique bien faite. Notons, in fine, que pour diriger ce programme, Hyperion a fait appel à un chef d'orchestre féminin - excellente en prime.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 7 - Interprétation 9

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