Un Brahms classique dans la grande tradition allemande

par

0126_JOKERJohannes BRAHMS (1833-1897)
Symphonies n° 1 opus 68 et n° 3 opus 90

Orchestre Symphonique de la WDR de Cologne, dir.: Jukka-Pekka SARASTE
2013-DDD-78'36-Textes de présentation en anglais et allemand-Profil Günter Hänssler PH13028

Il en faut beaucoup pour attirer notre attention sur de nouvelles symphonies de Brahms. Tout ou presque semble tellement avoir été dit – et si bien – sur ces œuvres qu'il semble a priori assez vain d'espérer bouleverser encore la discographie. La version qui nous arrive ne remettra pas en cause la domination des celles à juste titre les plus appréciées, les légendaires Furtwängler, Walter, Klemperer, Wand et tant d'autres qui nous ont toujours totalement comblés. Pourtant, nous avons été conquis par cette lecture toute simple, plutôt calme et décontractée, apaisée, d'une souplesse de félin dans les phrasés. Le charme opère d'emblée: Saraste a à présent atteint l'âge auquel les grands du passé se risquaient à enregistrer leur propre vision, pour le plus grand bonheur des discophiles. Comme chez eux, il se dégage de son interprétation une maturité et une compréhension très intime de l'univers brahmsien, choses devenues si rares aujourd'hui. Tout y est parfait: la respiration idéale, les phrasés naturels, la balance entre pupitres, irréprochable, et surtout un souffle véritable qui se souvient de la tradition. Les tempos, mesurés, ne sont jamais alanguis et, si un surcroît de passion eût été souhaitable ici et là, ce n'est là qu'un détail tant la poésie affleure partout. Pour ne prendre qu'un exemple, le finale de la 1ère symphonie est sûrement l'une des choses les plus belles qu'il m'ait été donné d'entendre ces dernières années: opulent mais loin de tout spectaculaire, habité, nourri de cette tension discrète mais indispensable, raffiné et élégant. Vraiment de la très belle ouvrage, servie par un orchestre absolument somptueux, pour l'heure l'un des meilleurs au monde, pas moins. Une vraie et belle surprise donc, magnifiée également par une prise de son de toute beauté... Et on pardonnera l'étourderie de l'éditeur qui fait naître Brahms en 1874 et le fait mourir en 1951.
Bernard Postiau
Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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