Un programme sensible et transcendé

par
Kolly d'Alba

"Lyrical Journey"
Richard STRAUSS
(1864 - 1949)
Sonate pour violon et piano op. 18 - Lied "Epheu"
Guillaume LEKEU
(1870 - 1894)
Sonate en sol majeur pour violon et piano - Mélodie "Sur une tombe"
Rachel Kolly d'Alba (violon), Christian Chamorel (piano)
2017-DDD-64'37''-Textes de présentation en français et en anglais-Indésens INDE098

"Lyrical Journey", un voyage entre l'Allemagne et la Belgique, deux oeuvres portées par un chaud flux mélodique. Strauss et Lekeu avaient tous deux 22 ans quand ils composèrent leur sonate, le premier en 1886, le second en 1892. Pour le premier, c'était sa dernière oeuvre de musique de chambre avant de se consacrer au symphonique et à l'opéra; pour le second aussi puisqu'il mourut tragiquement du typhus deux ans plus tard après avoir avalé un sorbet contaminé. Techniquement redoutables, les deux oeuvres témoignent d'une grande liberté d'utilisation des codes, plus conventionnelle mais tournée vers l'avenir chez Strauss, très libre chez Lekeu. Unir ces deux compositeurs, c'est aussi rendre hommage à la longue et superbe mélopée du mouvement lent de leur sonate respective. Pour confirmer le choix de ces deux oeuvres, notamment pour leur caractère lyrique, les interprètes ont réalisé des transcriptions d'un Lied et d'une Mélodie de chacun des compositeurs.
L'intelligence du choix de ces oeuvres alliées aux deux transcriptions n'est pas étonnant de la part de Rachel Kolly d'Alba. En 2012, elle obtenait le prix ICMA dans la catégorie "Concertos" pour son CD "French Impressions" réunissant des oeuvres pour violon et orchestre de Saint-Saëns, Chausson, Ysaÿe et Ravel. La violoniste suisse nous confiait à l'époque se sentir bien dans ce répertoire belgo-français et dans le romantisme tardif.  Avec "Lyrical Journey", elle nous propose son troisième CD qui confirme sa qualité d'interprète : une technique à toute épreuve bien sûr, mais, surtout, une qualité de son,  une palette de couleurs, une sensualité des timbres, une respiration, une expression de la passion qui lui sont propres. Rachel Kolly d'Alba a retenu la leçon qui lui avait donnée Ivry Gitlis : "Tout le travail, c'est que ton monde intérieur sorte. Et cela va te prendre peut-être trente ans". Aussi elle ne joue en concert et n'enregistre que lorsqu'elle se sent prête, quand son intense travail au plus intime de l'oeuvre la mène à l'urgence de lui apporter un "plus" personnel.
Cette recherche d'authenticité, elle la partage avec le pianiste Christian Chamorel, son complice musical depuis leurs études au conservatoire de Lausanne avec lequel on relève une exceptionnelle qualité d'écoute mutuelle. Et pour parfaire le tout, cette heure musicale est traduite par un Stradivarius de 1732, un autre parfait complice.
Bernadette Beyne

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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