« Une grande dame »

par

0126_JOKERRIA BOLLEN, contralto
Hommage
Oeuvres de J-S BACH, VIVALDI, HAYDN, MENDELSSOHN, BRAHMS, ROSSINI, RESPIGHI, MAHLER et de BOECK
Enregistrements publics réalisés de 1969 à 1987
Orchestres et Chœurs divers
2016-78'19- présentation en néerlandais, français, anglais, allemand- textes traduits en anglais-chanté en italien, latin, allemand, néerlandais- Phaedra PH 92091-historic recordings

C'est une fort belle idée d'avoir réuni un tel programme qui permet de prendre la mesure du répertoire- et de sa variété- d'une artiste probe, au galbe admirable que fut Ria Bollen tout au long de sa carrière : depuis sa ville natale (Saint-Trond), Anvers ensuite, celle de ses débuts puis toutes les capitales européennes jusqu'au premier jury du Concours Reine Elizabeth. Attentive à son temps et sa terre, elle mit en valeur ses compatriotes flamands Peter Benoit, August de Boeck, Edgar Tinel ou Lodewijk Mortelmans et inspira tout autant le compositeur suisse Franck Martin. En ce récital-souvenir où viennent l'entourer de tout leur respect, de toute leur admiration, divers chefs (Däbler, de Nobel, Maes, Michael Tilson Thomas ou Fernand Turby.), un large panorama de la musique occidentale - de Bach à de Boeck- nous est offert. On y perçoit une ferveur touchante, une simplicité, une dignité de tous les instants. Car Ria Bollen n'est pas seulement une voix de contralto chaude, vigoureuse, incarnée et pure à la fois – pas seulement une musicienne d'élite capable de s'effacer pour mieux faire resplendir Brahms, Stravinsky, Debussy, Schubert, Mahler ou Respighi – c'est aussi « une grande dame » offrant à son, à ses publics le meilleur d'elle-même. Une musicalité très poétique, servie par un timbre de voix étrangement prégnant, prenant : à croire que Mahler avait écrit sa 3e Symphonie pour elle... Peu d'artistes au soir de leur carrière peuvent se féliciter d'avoir été aussi porteurs de joie, de vie, de vraie musique. Tour à tour frondeuse ou à genoux devant l'Eternel, Ria Bollen aura été l'expression vivante de la « musique consolatrice », de cette fraternelle beauté qui ignore la sentimentalité, l’exhibitionnisme, la complaisance facile. Celle qui conduit l'auditeur à se fondre en elle dans un geste contemplatif, dilatant, dynamique. La prise de son en direct en dépit de quelques rares bruits, est d'excellente qualité et rend bien compte de la valeur des chœurs et orchestres qui l'accompagnent comme de l'intensité de la musicienne.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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