Une nouvelle partition de Massenet par les Éditions Symétrie

par

Jules Massenet (1842-1912) : L’Adorable Belboul, opérette en un acte sur un livret de Louis Gallet et Paul Poirson.

Massenet, ce sont des ouvrages d’une grande beauté tels que Manon ou encore Don Quichotte de 18 ans plus âgé que Werther. Pourtant, Massenet s’est également essayé à un genre nouveau et rarement usité : l’opéra de salon. Ainsi, nous apprenons grâce à l’excellent texte de Vincent Bridet, Lucas Chope et Jean-Charles Lombart (sous la direction scientifique de Jean-Christophe Branger et Nicolas Moron), que Massenet a écrit non pas moins de quatre opérettes entre 1858 et 1876. Jamais publiées de son vivant, « sans doute pour préserver son image de compositeur sérieux qu’il souhaitait se forger au début de sa carrière » selon les auteurs, les opérettes ne sont passées à la postérité que par leurs titres. Très vite écrite, cette opérette revient sur le devant de la scène en 2013 chez Sotheby’s à Londres lors de la vente du manuscrit. Dévolu (mais pas que) à la pratique amateur, L’Adorable Belboul se compose d’un seul et unique acte pour une durée approximative de 50 minutes. On y trouve dialogues parlés, ouverture, airs, duos, couplets, Aubades, valse... Une turquerie donc, ou une nouvelle œuvre pourrait-on dire, mise sur portée avec soin de la part des chercheurs. L’écriture est claire, la mise en page large et espacée. Avec le concours du département de Musique et Musicologie de l’UFR ALL-Metz de l’Université de Lorraine et du CRULH, l’histoire de Belboul, fille ainée d’Ali-Bazar que ce dernier trouve laide et douée d’un mauvais caractère mais qu’il faut pourtant marier avant Zai-Za, autre fille du marchant dont on salue la beauté, retrouve enfin sa musique et donc le chemin des salles de concerts.

Péripéties, stratagèmes, situations comiques, retournements de situation... une série d’éléments qui composent cet ouvrage et qui devrait ravir tant les institutions musicales que les mélomanes puisque l’œuvre se destine à cinq solistes, une clarinette, un trombone et deux pianos, un effectif facile à réunir et relativement moins couteux qu’un grand orchestre. Conçue pour divertir et à destination d’interprètes « amateurs », l’écriture musicale reflète avec justesse le besoin de soutenir les chanteurs par des doublures, et pour qui des lignes mélodiques relativement simples ont été dessinées. Terminons par un élément essentiel relevé par l’équipe de chercheurs : si le sujet est d’inspiration orientale, il n’en demeure pas moins que le style musical n’a rien d’exotique. Au contraire, il se rapproche et se fond dans les standards de la musique occidentale. Le terme de « parodie de turquerie » est donc juste à propos. Un ouvrage à découvrir, largement explicité (sources, bibliographie, notes critiques...). Soulignons le travail au cordeau des éditions Symétrie qui continuent d’offrir à des prix démocratiques des ouvrages totalement oubliés qui trouvent dès lors une seconde vie. L’ouvrage est disponible sous la forme d’un conducteur à 35 euros, des parties séparées de clarinette, du trombone (qui n’interviennent que lors de la valse finale) et du livret en français.

Pour cinq solistes, clarinette, trombone et deux pianos

2018 Edition Symétrie – 84 pages – ISMN 979-0-2318-0844-5

Ayrton Desimpelaere

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