Une nouvelle Tosca

par

Giacomo PUCCINI (1858-1924)
Tosca

Angela GHEORGHIU (Floria Tosca), Jonas KAUFMANN (Mario Cavaradossi), Bryn TERFEL (Baron Scarpia), Lukas JAKOBSKI (Cesare Angelotti), Jeremy WHITE (Le sacristain), Hubert FRANCIS (Spoletta), Zheng Zhong ZHOU (Sciarrone) William PAYNE (Le Berger), John MORRISSEY (Le geôlier), Royal Opera Chorus, Orchestre du ROYAL OPERA HOUSE, dir.: Antonio PAPPANO
juillet 2011 live- 120'-bonus 8'- HD 50i 16:9 DVD 9 LPCM 2.0 stéreo DTS 5.1- sous titres en anglais, allemand, français, espagnol-chanté en italien-EMI 50999 4 04063 9 8
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Des Tosca, on en a déjà eu beaucoup... En CD et en DVD. Mais celle-ci apparaît parmi les plus convaincantes. Et d'abord à cause du trio vocal: une Angela Gheorgiu un peu empruntée au début mêlant naïveté et œillades faciles. Mais vienne le IIe acte où la jeune bergère devenue cantatrice se révèle dans son opulente féminité, fidèle à son amour pour Cavaradossi; ce qui la poussera à tuer le baron Scarpia (formidable Bryn Terfel) à la fois secrétement amoureux, ignoble, fourbe et zélateur trop pressé du Pouvoir. Enfin le peintre lui même (Jonas Kaufmann) ivre d'amour, de gloire mais aussi de liberté républicaine. Ici, chacun atteint peu à peu au sublime et donne à cette intrigue de sang, de sexe et de pouvoir, l'odeur poignante, crue et tragique des arènes- si particulière à l’œuvre de Puccini. Au lever de rideau, la mise en scène assez conformiste laisse un peu perplexe puis donne libre cours à la puissance de la partition et au talent des chanteurs. Admirable «chant» étincelant de jeunesse, d'intense conviction de Jonas Kaufmann qui prête au peintre une allure fulgurante -de vérité, d'humanité: on est sous le charme devant cette composition, peut-être un rien facile et telle que l'a voulue Puccini et ses librettistes Giuseppe Giacosa et Luigi Illica (d'après Victorien Sardou), mais finalement bien amenée pour faire de Scarpia et Tosca les deux principaux éléments du drame. Car ici Bryn Terfel se montre tout simplement formidable. Servi par son physique de boxeur, ses yeux mobiles (à la limite du grand guignol!), il incarne à la fois le diable et le brigand aristocrate:un mélange de Méphisto et de Fouché... onctueux, veule, libidineux, pervers, tout cela servi par un faux sourire, un regard multiple et traître, une violence sexuelle refrénée pour mieux parvenir à ses fins... face à une Tosca résolue, dense, apeurée- enthousiasmant!
L'orchestre et les chœurs du Royal Opéra dirigés par Jonathan Kent donnent à cette vision âpre, sensuelle et bouleversante une grandeur tragique.
Bénédicte Palaux Simonnet

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