Une perle napolitaine à découvrir

par

Gioachino ROSSINI
(1792 - 1868)
Ricciardo e Zoraide
Randall Bills (Agorante), Alessandra Marianelli (Zoraide), Maxim Mironov (Ricciardo), Nahuel Di Pierro (Ircano), Silvia Beltrami (Zomira), Artavaszd Sargsyan (Ernesto), solistes, Camerata Bach Choir, Poznan, Virtuosi Brunensis, dir.: José Miguel PEREZ-SIERRA
3 CD Live-2018-70' 40'', 30' 31'' et 64' 30''-Textes de présentation en anglais et en allemand-chanté en italien-livret non inclus- Naxos 8.660419-21

Depuis quelque temps, Naxos a conclu un partenariat avec le festival "Rossini in Wildbad", fondé en  1989, et a enregistré au moins six productions de ce qui est un peu le pendant allemand du festival de Pesaro. Ricciardo e Zoraide (1818) fait partie des 9 opéras seria écrits par Rossini pour Naples. Il en est sans doute le moins connu, avec Zelmira. Le livret rappelle vaguement celui de L'Enlèvement au sérail, sauf qu'ici, ce n'est pas le bon pacha qui pardonne au chrétien félon, mais le contraire : le bon croisé bat le méchant roi de Nubie, puis lui pardonne. Car, comme chez Mozart, ils sont tous deux amoureux de la même femme. Les neuf (!) personnages ne sont psychologiquement pas très crédibles, ce qui a sans doute nui à la notoriété de l'ouvrage. Il comporte néanmoins d'excellents passages : au I, après une ouverture singulière et sans rapport aucun avec la suite, notons la belle cavatine d'entrée du roi Agorante, le long duo entre Zoraide et l'épouse du roi, la jalouse Zomira, et le ravissant terzetto "Dunque ingrata", véritable petit bijou rossinien. Le finale, par contre, sans être décevant, s'avère moins brillant que d'habitude, Cela n'est pas le cas à l'acte II, dont le finale, lui, est remarquable. Très développé, il commence par une sourde introduction orchestrale, très originale, qui débouche sur un douloureux choeur de lamentation envers les amants Ricciardo et Zoraide, condamnés à mort. S'ensuit une longue scène pour Zoraide, dont l'intensité évoque parfois Spontini. L'opéra se termine par un ensemble strophes-refrain repris par tous les protagonistes, comme dans... L'Enlèvement au sérail (Zomira ressassant sa fureur, comme Osmin). Tout cela suffit à rendre plaisante l'écoute entière de l'oeuvre,  d'autant plus que les interprètes, dans leur ensemble, s'acquittent bien de leur tâche. L'agréable ténor américain Randall Bills parvient à rendre Agorante intéressant, tout comme Silvia Beltrami incarne son épouse de manière intelligente, malgré quelques graves poitrinés. Le Ricciardo de  Maxim Mironov, au timbre peut-être un peu ingrat, dispose d'une brillante technique qui le sert dans sa longue scène du I. Zoraide n'a qu'un seul air à chanter (à l'intérieur du finale II). Alessandra Marinelli, soprano pointue et virtuose, a une légère tendance aux aigus tirés qui peut énerver. Citons encore la seule basse de la distribution, l'Irvano de Nahuel Di Pierro, qui conduit magnifiquement le superbe quatuor (partiellement a capella) du II "Contro cento e cento prodi" et le ténor Artavaszd Sargsyan, hélas dans un rôle trop effacé. Les choeurs sont à leur affaire, et interprètent les affres de la foule avec vigueur. Assistant d'Alberto Zedda de 2004 à 2009, le chef Pérez-Sierra a déjà dirigé, à Pesaro,  La Scala di seta et Il Viaggio a Reims. Il va sans dire qu'il connaît son Rossini à fond, et livre ici une belle prestation, enthousiaste et idéale pour découvrir une partition trop peu connue.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 7 - Répertoire 8 - Interprétation 9

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