Une réussite purement vocale, autour de Marina Rebeka

par

Giuseppe VERDI (1813-1901) : Luisa Miller. Marina Rebeka (Luisa Miller), Judit Kutasi (Federica), Ivan Magri (Rodolfo), George Petean (Miller), Marco Mimica (le comte Walter), Ante Jerkunica (Wurm), solistes, Chor des Bayerischen Rundfunks, Münchner Rundfunkorchester, dir.: Ivan REPUSIC. 2018-DDD- 56' 19'' et 77' 23'' - notice en allemand et en anglais - pas de livret - chanté en italien -  2CD BR Klassic 900 323.

Disons-le tout de suite, la présentation est en-dessous de tout : notice sommaire et bâclée, absence de textes chantés, aucune biographie des solistes, voilà qui ne devrait plus être permis. Heureusement, dans l'ensemble, le niveau musical est excellent. Marina Rebeka est rayonnante dans le rôle-titre. Cette soprano lettone, que nous avions admirée dans son récital Rossini Amor fatale chez le même éditeur, domine la distribution avec l'aisance fabuleuse d'une future diva, et cela dès son air initial Lo vidi, e 'I primo palpito. Elle sera lumineuse autant que puissante à la fin du premier acte, et sa prestation transcende tout l'acte III, du duo avec son père, finement ciselé, à la prière avec orgue : quel tempérament ! Verdi n'a pas laissé grand chose à Federica, la rivale, personnage un peu effacé, mais le beau mezzo de Judit Kutasi est enchanteur, ainsi dans l'exemplaire quatuor de l'acte II, avec son curieux passage a capella. Le Rodolfo d'Ivan Magri a de beaux accents mais agace par une tendance à grossir la voix au lieu de se laisser aller à la simple ligne mélodique. Son air fameux Quando le sere al placido en devient presque ennuyeux, ce qui est un comble. Et la cabalette n'est pas très entraînante. La partition requiert pas moins de trois barytons-basses, tous formidables ici. Le plus spectaculaire est le très méchant Wurm, l'âme damnée du Comte Walter, incarné par la basse caverneuse Ante Jerkunica, bien connu du public d'Opera Vlaanderen : méchant certes, mais toujours musical. Le Comte lui-même, Marko Mimica, possède un phrasé remarquable, tout comme Miller. Le père de Luisa, chanté par George Petean, intéresse dans chacune de ses interventions par un chant intelligent et nuancé.

Les choeurs s'acquittent bien de leur tâche (très jolie intro du III). Pourquoi faut-il que la direction du chef croate Ivan Repusic plombe l'ensemble de la production ? Elle est inégale, et manque surtout de punch, ce dont pâtit le finale du premier acte, l'essentiel duo Luisa-Wurm qui ouvre l'acte II et qui, lui, manque totalement d'intensité dramatique, ou toute la fin de l'ouvrage, qui se traîne. Opinion mitigée donc, qui ne doit pas nous faire oublier les fort belles prestations vocales, et surtout la beauté d'une partition charnière, qui marque l'avènement de la maturité lyrique de Verdi.

Son 9 - Livret 2 - Répertoire 9 - Interprétation 8

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