Une révélation !

par

0126_JOKERLudwig van BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Sonate n°21 en Ut Majeur op. 53 "Waldstein"
Franz LISZT
(1811 - 1886)
Consolations S172, Ouverture de Tannhäuser de Richard Wagner S442, Réminiscences de Don Juan S418, Liebestraum n°3 en La bémol S541/3, Rhapsodie hongroise n°6 en Ré bémol S244/6
Sophie Pacini (piano)
2016-DDD-76'40''-Textes de présentation en anglais, allemand, français-Warner Classics 0190295977023

Mais quel piano ! Quelle artiste ! Sophie Pacini est (ou plutôt "était") peu connue dans notre paysage musical. Par contre, à la lecture de son parcours, on est impressionné. Il est vrai qu'il se déroule essentiellement en Allemagne, en Autriche, avec un petit saut à Tokyo ou en Arménie. Sophie Pacini est née à Munich en 1991, d'un père italien et d'une mère allemande; elle a opté pour la double nationalité. Elle commence l'étude du piano à 6 ans et, quatre années plus tard, rejoint le Mozarteum de Salzbourg dans une section pour enfants doués dont elle sort brillamment en 2011. Entretemps, depuis 2002, elle accumule les prix, sera l'invitée d'un nombre impressionnant d'orchestres -et non des moindres- et enregistre chez Onyx et CAvi-music; on la retrouve dans divers festivals dont celui de la Ruhr où elle remplace au pied levé Mitsuko Uchida, et à Lugano où elle est l'invitée de Martha Argerich devenue son mentor depuis leur rencontre en 2010... et cela s'entend : même urgence de l'instant, même vitalité, même énergie au service de la musique telle qu'elle l'entend.
Ce CD consacré à Beethoven et Liszt salue son entrée chez Warner Classics, et gageons que le label la fera venir davantage en nos contrées. De Beethoven, Sophie Pacini a choisi la "Waldstein Sonate". Avec une superbe, pleine et lumineuse sonorité, elle affirme les premiers accords pour nous convier à un voyage qu'elle nous offre avec une pulsation toujours en éveil, un sens raffiné du phrasé, des enchaînements, de la respiration, de l'architecture et du discours. Ecoutez cet enchaînement des 2e et 3e mouvements; c'est tellement organique lorsque d'autres cherchent encore la façon de le signifier. Et tout est de la sorte. A la lecture de la pochette, on est déçu de voir ensuite figurer Liszt, et pas dans ce qu'il a écrit de meilleur. Mais Sophie Pacini va réussir à nous convaincre de son choix. Elle déploie sa grande virtuosité bien sûr, mais avec une telle intelligence, un tel sens de la forme et la magie des instants telle qu'on la connaît chez Argerich, et avec toujours cette beauté sonore dans tous les registres de couleurs et d'intensité.
Une artiste à suivre assurément, et avec le plus grand bonheur. Quelle vie !
Bernadette Beyne

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10

Les commentaires sont clos.