Vassily Petrenko revisite Scriabine

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Alexander Scriabine (1872-1915) : Symphonie n°1, Op.26 ; Prométhée le Poème du feu (symphonie n°5, Op.60). Alisa Kolosova, mezzo-soprano ; Alexey Dolgov, ténor ; Kirill Gerstein, piano ; Oslo Philharmonic Choir ; Oslo Philharmonic Orchestra, Kirill Petrenko. 2018. Livret en anglais. 69:38. Lawo Classics. LWC1160.

Le surdoué Vassily Petrenko poursuit ici une intégrale des symphonies de Scriabine. En dépit de leurs beautés, les symphonies de Scriabine restent des raretés au concert. Pire, leur pratique, même au disque, semble désormais l’unique apanage des chefs de l’école russe : Gergiev (LSO), Pletnev (Pentatone), Sloboneniouk (sur la chaîne youtube de son orchestre de Galicie) et désormais le pétersbourgeois Petrenko pour ne citer que des enregistrements récents. Pourtant des chefs comme Riccardo Muti, Leif Segerstam ou Eliahu Inbal ont laissé des témoignages probants !

Oeuvre hybride de six mouvements, avec un choeur finale très “hymne à la joie”, cette Symphonie n°1 n’est pas facile à réussir ; le chef devant passer au-dessus d’un magma symphonique qui peut vite virer à la lourdeur post-romantique ou néo-mahlérienne ! Rien de tel avec Vassily Petrenko qui se plaît à dégraisser la masse et à placer cette symphonie dans son héritage russe. On se plaît à songer parfois à Borodine, Glazounov ou même Tchaikovski. On retrouve également l’originalité du compositeur dans la conception cyclique de l’oeuvre, les contrastes des mouvements et la beauté des climax. Dans le final, le chef évite le pathos aisé d’un texte tout de même un peu facile.

Changement de registre avec le tellurique Prométhée, le poème du feu sous les doigts également telluriques du génial Kirill Gerstein. On admire le travail sur les timbres et sur la gradation magmatique jusqu’à l’explosion finale. Du grand art !

Dans ces deux oeuvres, redoutablement exigeantes, il faut saluer la qualité et l’adaptabilité de l’Orchestre Philharmonique d’Oslo.  

Sans remettre en cause les géniales gravures de Svetlanov (Melodiya) ou Mitropoulos (Music&Arts pour le seul Prométhée), cet album est une belle réussite d’un chef qui réussit un sans-faute discographique.

Pierre-Jean Tribot

Son: 10 Livret: 8 Répertoire: 10 Interprétation: 10

 

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