Vox Luminis... 10 ans déjà !

par

Le mot de Jérôme Lejeune, directeur artistique de Ricercar
10 ans déjà… Mais un peu moins pour ce qui est de l’incroyable aventure qui s’est passée entre VOX LUMINIS et RICERCAR. Maintenant que le temps est passé, oserai-je raconter ce que la raison et la rigueur considéreraient presque comme une erreur professionnelle ? Cela doit se passer en 2006 ou début 2007. Par diverses voies (plutôt des voix !) me reviennent des propos très enthousiastes à propos d’un jeune ensemble vocal issu en grande partie de la complicité d’étudiants au Conservatoire de La Haye. À vrai dire j’en connaissais quelques-uns, entre-autres, Lionel Meunier et Bertrand Delvaux. Comme toujours, j’étais à la recherche de jeunes ensembles capables d’enrichir le catalogue de Ricercar d’interprétations nouvelles ou de résurrections de partitions oubliées. Dans ces cas, la règle est évidemment d’abord d’écouter, de pouvoir assister à un concert. Hélas ! à cette époque Vox Luminis n’avait que très peu de concerts, quelque chose comme moins que les doigts d’une main par an, des deux peut être ? Aucune possibilité dans les mois à venir. Je demande alors si ils disposent d’un enregistrement. La réponse, un peu gênée est « oui », mais avec toutes les excuses pour un son médiocre fait avec Dieu sait quel petit machin portable. Qu’à cela ne tienne, allons pour ce document. Si je vous dis que je suis resté, (pardonnez l’expression) le cul par terre me croirez vous ?

Certes j’ai fait entendre cela autour de moi pour me rassurer. Ce CD comportait entre-autres des extraits de Jephté de Carissimi. Jamais je n’avais entendu la plainte de la fille de Jephté et le choeur final avec cette intensité : Plorate colles… Plorate filii Israel… Pas difficile de pleurer en écoutant cela. Bref, je prends le risque. Et quel risque! Plutôt d’enregistrer Dieu sait quelle pièce sans trop de difficultés, le projet n’est autre que l’une des compositions les plus difficiles du répertoire vocal polyphonique de la fin du baroque, le redoutable Stabat Mater à dix voix de Domenico Scarlatti, cheval de bataille des meilleurs ensembles vocaux, oeuvre bénéficiant déjà de nombreuses versions de grande qualité. On était fous, irresponsables, inconscients… Bon, les chanteurs venaient sans espoir de gain et nous avions convenu que si le résultat n’était pas satisfaisant (nous avons appris que notre exigence est la même heureusement), on en restait là et l’enregistrement passait à la poubelle. Il n’en fut rien et ce disque bénéficia d’un succès incroyable et lançait Vox Luminis qui obtenait de plus en plus de concerts, avec, évidemment dans les demandes des organisateurs pour ce Stabat Mater.

La suite, on la connaît mieux avec la découverte des Sacrae Cantiones (quasiment inconnues) de Samuel Scheidt, puis les Musicalisches Exequien de Schütz avec la reproduction sur la pochette du sarcophage devant lequel cette musique fut chantée au XVIIe siècle, la reconstitution des musiques originales pour les funérailles de la Reine Mary. Suivra cette année un double album avec, pour la première fois, l’intégrale des motets de ancêtres de Johann Sebastian Bach. Et puisque nous sommes dans les confidences, la nouveauté de 2015 sera… Jephté de Carissimi.

Préparez vos mouchoirs, mais aussi chantez VIVAT VOX LUMINIS !

Discographie chez RICERCAR :

- Première mondiale : la Brockes-Passion !1712) de Reinhard Keiser.
Vox Luminis, Les Muffatti, Peter Van Heyghen
- English Royal Funeral Music. Purcell, Morley, Tomkins
- Musicalische Exequien de Schütz
- Canciones Sacrae de Samuel Scheidt
- Stabat Mater de Alessandro Scarlatti

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