Zimerman revient avec Debussy

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Enfant chéri des salles de concert depuis toujours, Krystian Zimerman nous revenait ce soir avec un programme qui sacrifiait au respect des anniversaires, celui de Debussy en l'occurrence, avec lequel il a toujours nourri des affinités particulières. Avec les années, son jeu épuré s'est quelque peu épaissi mais a gagné également en densité et en profondeur. Surtout, c'est de manière très décomplexée qu'il aborde désormais les chefs-d'oeuvre du premier recueil des préludes, en osant des fortissimos fracassants, symphoniques, qui donnent un relief inattendu à ces pages qu'on eut l'impression de re-découvrir. Bien sûr, le pianiste polonais a toujours aimé le goût de la démonstration mais, ma foi, si elle se fait dans le respect du compositeur, pourquoi pas? Et tel était manifestement le cas ce soir. A peine handicapé par un mauvais rhume, il nous livra également une version des plus charmeuses des "Estampes". En seconde partie, il révéla à un public très indiscipliné les premières tentatives pianistiques de Karol Szymanowski: trois préludes qui ne sont pas sans rappeler Scriabine, tout en puisant ses racines chez Chopin. Pour conclure cet intéressant programme, Zimerman avait choisi l'austère 2e sonate de Brahms, dont il ne chercha pas à adoucir les angles. Pas un concert inoubliable, en fin de compte, mais une très bonne prestation tout de même, malgré un piano dont les capacités limitées furent mises à mal par le jeu tout en puissance de l'artiste.
Bernard Postiau
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, le 23 octobre 2012

 

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