Cantates et Sonates en trio de Telemann, joliment interprétées

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CANTATAS & TRIO SONATAS. Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Cantates pour soprano, flûte à bec et continuo Du bist verflucht TWV 1:385 ; Auf ehernen Mauern TWV 1:96 ; Seele, lerne dich erkennen TWV 1:1258. Sonates en trio pour flûte à bec, violon et continuo en la mineur TWV 42:a1 ; en sol mineur TWV 42:g9 (et non 42:A4 comme indiqué dans le tracklisting), en fa majeur TWV 42:F8. Rosita Frisani, soprano. Ensemble Festa Rustica. Giorgio Matteoli, flûte à bec et direction. Carlo Lazzaroni, violon. Marcello Scandelli, violoncelle. Walter Mammarella Giordano, clavecin. 2020. Livret en anglais (sans les paroles des cantates). TT 55’26. Da Vinci Classics C00347

Trois cantates de chambre tirées du Harmonicher Gottesdienst (1725-26) : pour la Quinquagésime (TWV 1:1258), pour le quatrième dimanche de Carême (TWV 1:385), pour le dernier jour de l’Octave de Pâques (TWV 1:96), si l’on suit le calendrier liturgique. Rappelons que dans le catalogue Telemann-Werke-Verzeichnis, le préfixe de rang 1 désigne le genre des cantates d’église, et le suffixe désigne le numéro d’ordre alphabétique ; « 1258 » n’est pas une erreur, puisque le compositeur en écrivit non moins de 1750, depuis Abscheuliche Tiefe des grossen Verderbens jusqu’au Zwei Menschen, welche Saba hat geboren ! Deux des cantates ici choisies sont communes avec une ancienne anthologie chantée par Yosuko Hashimoto (Christophorus), tout aussi probe dans son exécution.

L’influence italienne de ces œuvres est soulignée avec fluidité par Rosita Frisani, fraiche de timbre, lisible de trait, mais les récitatifs manquent de relief, et la prestation de dramatisme pour souligner madrigalisme et théâtralité -regrettons au passage que les textes des auteurs (Matthäus Arnold Wilkens et Michael Richey) ne soient pas reproduits dans le livret de l’album. « Du bist verflucht, du bist verdammt » (tu es maudit, tu es damné) : comparons par exemple avec les interprétations de Margaret Hunter (avec l’ensemble Luxurians, chez Querstand, mars 2008), ou du ténor Felix Rienth (avec La Tempesta Basel, chez Enchiriadis, juillet 2012). Ici, les dissonants mélismes chromatiques sur Schreckensstimme après la mesure 36 (0’59-1’07) sont échancrés avec habileté mais loin de la sulfureuse pugnacité des deux versions précitées.

Trois Sonates en trio alternent avec ce programme vocal : celle en la mineur, seconde des Six Trios de 1718, une en sol mineur extraite des Essercizii Musici (42:g9, et non 42:A4 comme indiqué au dos du boîtier !), une en fa majeur. Elles nous sont jouées avec élégance et une indéniable finesse. Les allegros conclusifs pétillent avec précision et alacrité. Cependant le continuo apparaît trop discret, notamment le violoncelle de Marcello Scandelli, oublié par les micros. Les saveurs sont ténues : comparons le TWV 42:a1 avec celui, rayonnant de santé, de Sébastien Marcq et Le Concert Français (Astrée, octobre 1994). On peut saluer chez Festa Rustica une subtile mécanique qui conforte la réputation mignarde de ces pages ; n’aurait-on préféré les entendre confrontées à un risque interprétatif qui nous eût soustraits à une écoute polie ?

Son : 7 – Livret : 7 – Répertoire : 8 – Interprétation : 6,5

Christophe Steyne

 

 

 

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