Florilège de propos
La poésie doit reposer dans les bras du chanteur telle une fiancée: légère, heureuse et consentante; le chant qui naît alors semble venir des régions célestes (Robert Schumann).
Je chante parce que l’orage n’est pas assez fort pour couvrir mon chant et que quoi que demain l’on fasse, on pourra m’ôter cette vie, mais on n’éteindra pas mon chant (Louis Aragon)
Dans le chant le plus naïf, pour peu qu’il soit chanté d’une voix pure et naturelle, il peut se rencontrer telle note si exacte, si bien placée, si éloquente, qu’elle semble contenir toute la vérité de l’homme et toute l’harmonie de l’univers (Jean Guéhenno)
Sache donc cette triste et rassurante chose
Que nul, Coq du matin ou Rossignol du soir,
N’a tout à fait le chant qu’il rêverait d’avoir !
(Edmond Rostand)
Toute la société est pleine d’avares fastueux. On loue une première loge à l’Opéra et l’on emprunte le livret (Diderot)
Jamais une voix d’un timbre parfaitement inaltérable ne pourra atteindre à ces sons voilés et en quelque sorte suffoqués qui peignent avec tant de force et de vérité certains moments d’agitation profonde et d’angoisse passionnée (Stendhal).
Outre une voix saine et robuste, Strauss demande une tessiture particulière: il n’y a qu’à regarder n’importe quel rôle, d’Ariane à Chrysothemis « ... ». Il faut non seulement avoir un ré facile mais aucun problème du fa dièse au ré, ou du moins au ré bémol. Si cette partie de la voix demande un effort, non seulement on ne sera jamais bon dans ce répertoire mais on sera tout le temps en train de trembler (Léonie Rysanek).
Le plus souvent, les chanteurs entrent en scène en descendant de l’avion. Ils enregistrent un disque à Vienne en assurant une série de représentations à Londres. Il n’y a rien de pire pour la voix ! Jenny Lind, Adelina Patti, effectuaient de grandes tournées qui les conduisaient à chanter chaque soir dans une ville différente. Mais elles possédaient leur train privé ! Elles n’étaient pas forcées de faire leurs bagages, de chercher un taxi pour l’aéroport, de s’entasser dans une salle d’attente enfumée, de subir les changements de pression à l’intérieur de l’avion... et du climat à l’arrivée ! Aujourd’hui, les voix deviennent fragiles et des espoirs s’essoufflent en l’espace de deux ou trois ans (John Sutherland dans Opéra International n°128).
Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer (Alfred de Musset)
Ce n’est pas de l’art qui nous tombe du ciel avec un chant d’oiseau, mais la plus simple modulation correctement conduite est déjà de l’art, sans conteste possible (Igor Stravinski)
Dans tout pays, le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs (Chateaubriand)
(...) si la déclamation est déjà un début de la narration au théâtre, le chant, qui est un abus de la déclamation, n’est donc, comme on voit, que l’abus de l’abus (Beaumarchais)