Éditorial

Des billets sur l’actualité musicale

Le Palau de la Música de València accueillera la cérémonie des International Classical Music Awards et le concert de gala en 2024 

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Le Palau de la Música de València et les International Classical Music Awards ont annoncé que la cérémonie annuelle de remise des prix et le concert de gala de l'ICMA auront lieu le 12 avril 2024 au Palau de la Música de València, avec l'Orquesta de València dirigé par son directeur artistique et musical Alexander Liebreich.

L'événement réunira les lauréats et les représentants de l'industrie musicale internationale dans l'un des lieux culturels les plus prestigieux d'Espagne et d’Europe.

Le Président du jury des ICMA, Remy Franck, a souligné : "Nous sommes très heureux d'avoir le Palau de Música de València comme partenaire de notre événement. Valence est une ville à la vie musicale riche et son nom a une consonance musicale en soi. Nous sommes particulièrement heureux de renouer avec le maestro Alexander Liebreich, qui est lui-même lauréat des ICMA et a dirigé le gala de remise des prix à Katowice en 2018."

La présidente du Palau de la Música, Gloria Tello, s'est félicitée de cette annonce et a souligné que "c'est un honneur que le Palau de la Música accueille la cérémonie de remise de ces prix prestigieux, qui placeront València à l'épicentre mondial de la reconnaissance et de l'excellence dans le monde de la musique classique." Madame Tello a rappelé que les musiciens valenciens Francisco Coll, Gustavo Gimeno et le pianiste Josu de Solaun ont récemment reçu des prix, et a également valorisé le fait que le concert du gala annuel mettra en vedette l'Orquesta de València, soulignant que "cet événement musical renforce la visibilité et la reconnaissance internationale du Palau de la Música, et de notre orchestre exceptionnel."

Profusion de baguettes en culottes courtes ? Chance ou fléau ? 

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Le milieu musical a fait grand cas des récentes nominations à des postes de directions musicales de très jeunes chefs d’orchestre, on pense en particulier à la désignation des Finlandais Tarmo Peltokoski (22 ans) à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et à celle de Klaus Mäkelä (27 ans) au pupitre de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam. A regarder la situation des orchestres, il y a en effet une profusion de jeunes chefs, que ce soit à la tête des phalanges de prestige ou des orchestres plus modestes. 

D’un côté, ce n’est pas foncièrement nouveau tant des grands chefs du passé ont effectué des débuts de manière précoces et ont obtenu des mandats de direction avant 30 ans : ainsi Herbert von Karajan, directeur musical à 27 ans à Aix-la-Chapelle fut  le plus jeune de son temps à ce type de poste. Mais ce qui caractérise notre époque, c'est tant la multiplication des mandats confiés à des très jeunes chefs mais surtout  le cumul des postes :  Klaus Mäkelä est déjà attaché à l’Orchestre philharmonique d’Oslo, à l’Orchestre de Paris et désormais au Concertgebouw d’Amsterdam alors que son nom est cité à Chicago et le fut même à New York. Tarmo Peltokoski est attaché à des degrés divers à l’Orchestre national de Lettonie, au Philharmonique de Rotterdam et à la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême.  Certes, dans ces deux cas, il s’agit de talents extraordinaires tels qu’il en apparaît 1 ou 2 par décennie. 

Bien évidemment, la mise en avant de jeunes chef(fe)s répond à un certain culte actuel dévolu au jeunisme.  Un jeune visage serait plus à même d’attirer des médias eux-mêmes avides de nouveautés et capable de renouveler au charisme et au brio les publics vieillissants et clairsemés, mantra des décideurs culturels, même si parfois cela tient plus d’incantations de type “danse de la pluie”. 

Tout le milieu musical reste encore hypnotisé par le syndrome Simon Rattle, le jeune chef anglais nommé, en 1980, chef d’orchestre auprès City of Birmingham Symphony Orchestra (CBSO) à seulement 25 ans et qui pendant 18 ans fera de cet orchestre l’un des plus médiatisés tant par des tournées que par les nombreux albums enregistrés pour EMI tous acclamés par la critique. Cependant, cette vision repose sur deux axes bien oubliés qui ne sauraient être répéter tel un mouvement perpétuel : en dépit des immenses qualités musicales et artistiques du chef anglais, le CBSO était déjà un orchestre britannique de très haut rang qui fut dirigé par des personnalités comme Adrian Boult, Rudolf Schwartz ou le trop oublié Louis Frémaux et l’arrivée du CD fut un vecteur essentiel et unique de la médiatisation du travail du chef, soutenu par une major du disque qui acceptait des choix éditoriaux parfois aventureux.  Désormais, tous les orchestres financent eux-mêmes leurs moyens de diffusion avec des bonheurs mitigés...Un jeune chef a également d’autres avantages, surtout à une époque où l'équilibre des fonctions artistique/administratif penche défavorablement en faveur du second domaine…tandis que les musiciens aimeraient une fougue qui sort de la routine, sans perde de vue, le lobbying intensif des agences artistiques.

Les lauréats 2023 des International Classical Music Awards

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Le président du jury, Rémy Franck, déclare : "Solidement établis comme des récompenses d'excellence dans le secteur de la musique classique, les lauréats des ICMA 2023 ont été sélectionnés à partir d'une liste de nominations comprenant 391 productions et un large éventail d'artistes et de labels.

La liste des lauréats comprend de nombreux musiciens renommés, mais aussi moins connus et jeunes, et pas moins de 14 labels ! Nous sommes fiers et enthousiastes d’inaugurer le nouveau prix ICMA Classeek, organisé en collaboration avec la plateforme numérique à succès Classeek, et de poursuivre notre coopération de longue date avec l'International Music Academy Liechtenstein, de sorte qu'avec le Young Artist Award, nous sommes en mesure de promouvoir trois jeunes talents très prometteurs. Et comme l'une de nos missions est de promouvoir le talent musical des jeunes, nous sommes ravis que dans notre section de musique de chambre, deux musiciens de 20 ans, Tassilo Probst et Maxim Lando, aient remporté le prix dans l'une des catégories systématiquement des plus compétitives. 

Le jury des ICMA est international et indépendant. Il soutient l'excellence musicale et passe au crible l'industrie mondiale de la musique pour finalement trouver le meilleur du meilleur. Ainsi, près de 300 000 mélomanes ont regardé en streaming le concert de gala des ICMA 2022. Et maintenant, nous attendons avec impatience notre Gala à Wroclaw qui sera sans aucun doute une soirée passionnante et à nouveau mémorable."

Dans les catégories spéciales : le violoncelliste David Geringas remporte le prix pour l'ensemble de sa carrière ; la soprano Ermonela Jaho est l'artiste de l'année. Saò Soulez-Larivière est le jeune artiste de l'année et le violoniste de 15 ans Leonhard Baumgartner est le lauréat du prix de la découverte. David Philipp Hefti remporte le prix du compositeur. Naxos est le label de l'année. Le prix de l'orchestre est attribué à l'organiste Karol Mossakowski, désigné par le NFM Wroclaw Philharmonic. Le nouveau prix ICMA-Classeek est décerné au contrebassiste Marc-André Teruel. 

Les Special Achievement Awards sont attribués au Forum national de la musique de Wroclaw et au pianiste Alessandro Marangoni. Dans les catégories audio et vidéo, 16 productions ont été récompensées. 

Crescendo Magazine est particulièrement heureux que l'enregistrement de Semele de Handel par le Choeur de Chambre de Namur et le Millenium Orchestra sous la direction de Leonardo García Alarcón (Ricercar) soir primé dans la catégorie Baroque Vocal. Cet enregistrement réalisé sur la scène du Grand Manège de Namur figurait dans les Millésimes 2022 de notre média.

Les lauréats recevront les trophées de l'ICMA lors de la cérémonie annuelle de remise des prix qui aura lieu au Forum national de la musique à Wroclaw, en Pologne, le 21 avril. Cette soirée comprendra également un concert de Gala avec la participation d'un certain nombre de lauréats et du NFM Wroclaw Philharmonic dirigé par le directeur musical Giancarlo Guerrero.

Les lauréats 2023 des ICMA

Le contrebassiste Marc-André Teruel remporte le premier ICMA Classeek Award.

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Marc-André Teruel, contrebassiste franco-autrichien, est le premier lauréat du nouveau ICMA Classeek Award, créé en collaboration entre les International Classical Music Awards, l'ICMA, et la plateforme pour jeunes artistes Classeek. Il recevra son trophée lors de la cérémonie de remise des prix ICMA à Wroclaw, en Pologne, le 21 avril.

Le jeune contrebassiste a déjà remporté de nombreux prix  et il a déjà obtenu un grand succès international à la fois en tant qu'artiste solo et musicien de chambre passionné. Il donne régulièrement des concerts dans les salles de concert les plus renommées, comme le Wiener Konzerthaus, le Wiener Musikverein, le Salzburger Mozarteum, l'Auditorio Nacional de Música Madrid, le Grand Auditorium de Radio France Paris, pour n'en citer que quelques-unes.

Les autres nominés pour le Prix ICMA Classeek étaient une sélection d'artistes prometteurs issus de la candidature du programme Ambassadeur 2022-23, notamment les pianistes Callum McLachlan et Zhu Wang, la violoniste Julia Blachuta, le violoncelliste Ivan Skanavi et le clarinettiste Arthur Stockel.

 

En plus du nouveau Prix ICMA Classeek, Classeek soutiendra également le lauréat du Prix ICMA pour jeunes artistes, Sào Soulez Larivière, en lui offrant une place dans son programme Ambassadeur 2023-24 pour jeunes artistes.

Classeek et les International Classical Music Awards  concluent un partenariat

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Le jury des International Classical Music Awards (ICMA) sont heureux d’annoncer le lancement d'un nouveau prix : le Classeek Award. 

Ce nouveau prix sera décerné pour la première fois en 2023, lors de la cérémonie de remise des prix et du concert de gala des ICMA qui auront lieu au National Forum de la musique à Wroclaw, en Pologne. 

Cette nouvelle catégorie a été créée en étroite collaboration avec Classeek, basée à Lausanne, en Suisse. 

"Aujourd'hui, la concurrence entre les jeunes musiciens talentueux est très forte. Nous pensons que les meilleurs doivent aussi recevoir et bénéficier du meilleur soutien possible ! C'est un objectif commun au jury des ICMA  et à Classeek” a déclaré Remy Franck, président du jury des ICMA. Nous avons donc ajouté ce nouveau prix aux catégories déjà existantes. Il nous permet de promouvoir annuellement un jeune musicien exceptionnel choisi parmi les finalistes du programme "Ambassadeur de Classeek", destiné aux artistes de talent. Grâce à notre jury indépendant, composé de 19 critiques musicaux de 16 pays différents, nous espérons renforcer la reconnaissance  du musicien lauréat. Nous sommes ravis d'organiser ce nouveau prix en étroite collaboration avec Classeek et de développer des synergies profitables entre les deux organisations." 

Catarina Amon de Classeek déclare : "Nous sommes ravis de commencer notre collaboration avec les ICMA, avec qui nous ressentons une alliance de passion pour soutenir le plus haut niveau artistique en combinaison avec la prochaine génération d'artistes. Nous sommes fiers de présenter ce nouveau Prix Classeek lors de la saison 2023-24 et d'avoir des artistes en relation avec notre programme, nommés en association avec les International Classical Music Awards"

Pour en savoir plus sue Classeek, nous vous invitons à lire l'interview que Catarina Amon, nous avait accordée

Maîtriser la chaîne de valeur : application à la musique classique avec le San Francisco Conservatory of Music

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Ce fut l’une des annonces "choc" de la semaine dernière même si son écho a été modeste dans notre partie du monde : le San Francisco Conservatory of Music a absorbé l’agence artistique londonienne Askonas Holt. 

Il faut rappeler que Askonas Holt est l’une des principales agences artistiques et l’un des poids lourds du secteur dominé justement par des firmes basées à Londres (Harrison Parrott, Askonas Holt et InterMusica sont les 3 majors du management artistique). Le catalogue d’artistes d’Askonas Holt est impressionnant : 300 musiciens dont plus de 70 chefs d’orchestre…Simon Rattle, Joyce DiDonato,  Angel Blue, Vilde Frang,  Jullia Bullock, Yannick Nézet-Séguin, Cédric Tiberghien, ou András Schiff sont des artistes de cette agence. Cette acquisition majeure, n’est pas la première du San Francisco Conservatory of Music qui sous la houlette de son président David Stull, a déjà acquis l’agence artistique américaine Opus 3 (qui représente également des artistes mondialement connus comme Yo Yo Ma ou Gil Shaham) et le label discographique Pentatone (label de l’année 2020 des ICMA). Cette nouvelle acquisition a fait beaucoup réagir dans le landerneau musical anglo-saxon conduisant à une perplexité devant une stratégie présentée par voie de communiqué de presse  comme cette volonté affichée de “faire avancer la cause de la musique au plus haut niveau dans le monde entier". 

Le  San Francisco Conservatory of Music est certes un établissement hautement réputé, mais il n’a pas encore le cachet légendaire de ses concurrents de la côte Est : la Juilliard School de New York ou le Curtis Institute de Philadelphie. Le  San Francisco Conservatory of Music souhaite-t-il s’attacher les services pédagogiques de grands artistes ? Sans aucun doute, la Californie avec les institutions musicales de San Francisco et Los Angeles, reste un point de passage obligé des grandes carrières musicales et l'un ou l’autre artiste pourra y donner des masterclass. Ce sera tape à l'œil sur Instagram et cela pourra justifier de frais d’inscriptions stratosphériques, comme c’est de coutume sur le marché de l’enseignement supérieur aux USA.

Mais prenons l’équation dans l’autre sens. Avec 2 agences artistiques de niveau mondial et un label international solide, le San Francisco Conservatory of Music leur propose une palette de perspectives : les services d’agences artistiques de part et d’autre de l’Atlantique, des connexions directes avec des grands artistes et les salles de concerts, d’opéras et des festivals du monde entier ainsi qu'un vecteur de promotion et de diffusion à travers un label de musique bien établi et apprécié tant pour ses contenus que la grande qualité de ses prises de son. Autant dire que ce sont des autoroutes pour permettre à de jeunes talents de s’implanter solidement dans le milieu. 

Francesca Dego, Mozart concertant avec Sir Roger Norrington 

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La violoniste Francesca Dego a enregistré, en compagnie du légendaire Sir Roger Norrington au pupitre du Royal Scottish National Orchestra, une intégrale des concertos pour violons de Mozart (Chandos). Alors que le second volume, avec les concertos n°1, n°2 & n°5,  paraît ce vendredi, Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec cette merveilleuse musicienne. 

Qu'est-ce qui vous a poussé à enregistrer l'intégrale des concertos pour violon de Mozart ? 

Si je n'avais pas rencontré Sir Roger et commencé à travailler avec lui, j'aurais peut-être attendu vingt ans de plus avant d'enregistrer les concertos pour violon de Mozart. Soudain, avec lui, tout avait un sens. Nous avons discuté du son, du phrasé, des archets, du vibrato, de l'ornementation et des tempi pendant des mois, prenant plaisir à travailler et découvrant de nouveaux détails. La façon dont il façonne chaque aspect des lignes orchestrales et des accompagnements me permet de chanter ces mélodies tout en goûtant littéralement le rythme harmonique. Dès que nous avons commencé à travailler ensemble sur ce répertoire, j'ai tout simplement su qu'il devait être enregistré et j'ai été ravie de découvrir qu'il pensait la même chose (et Chandos Records aussi, bien sûr !).

Comment s'est faite la rencontre avec Sir Roger Norrington ? Comment avez-vous décidé de travailler ensemble sur ces œuvres de Mozart ? 

J'ai rencontré Sir Roger pour la première fois en 2010 au Royal College of Music de Londres, où il m'a écouté interpréter le Concerto n°1 de Paganini avec l'orchestre du collège et une première graine d'intérêt pour une collaboration a été semée. Après des rencontres ultérieures à Paris et Salzbourg, il m'a invitée à interpréter avec lui le Concerto pour violon de Brahms à Cologne en 2017, avec l'Orchestre Gürzenich à la Philharmonie, un rêve devenu réalité ! C'est à ce moment-là que nous avons commencé à discuter de Mozart et que nous avons finalement interprété le Concerto n°4 ensemble avec le Royal Scottish National Orchestra en 2019, date à laquelle nous avions commencé à imaginer enregistrer les concerti ensemble. L'alchimie avec l'orchestre était juste parfaite, alors nous avons décidé que ça devait être avec eux !

N'était-ce pas intimidant de travailler avec une légende de la musique comme Roger Norrington ? Votre vision de ces œuvres de Mozart a-t-elle changé pendant la préparation des sessions d'enregistrement avec lui ? 

J'ai toujours été inspirée mais jamais intimidée, c'est quelqu'un que l'on adopterait instantanément comme grand-père ! En entendant Sir Roger parler de Mozart, de sa dévotion et de sa connaissance de cette musique, j'ai voulu que l'interprétation soit la sienne autant que la mienne, une chance de finaliser sa vision (il joue lui-même du violon, donc il sait aussi ce qui peut être fait sur le plan technique). Bien sûr, je suis arrivée avec un bagage, ayant déjà joué tous les concerti auparavant, les n°2 et n°3 à l'âge de 7 ans. Mais j'ai apprécié la possibilité d'aller de plus en plus loin, d'écouter et de digérer toutes les informations et le pur génie musical qui se présentaient à moi. J'ai été stupéfaite par sa capacité à transmettre et à raconter avec naturel sa connaissance encyclopédique de la pratique de l'interprétation classique et de l'histoire derrière et dans chaque note. Il résume tout cela par ce qu'il appelle les six "S" : Sources, Size, Seating, Speed, Sound, and Style (sources, échelle, placement, vitesse, son et style). Une fois que vous avez mis en place le contexte historique et les "règles", ce qui compte, c'est de garder vos oreilles et votre cœur ouverts et de rechercher ce qui est beau. Si vous lui demandez quel est son secret, comment il fait pour que tout sonne si frais et naturel, il haussera les épaules et vous dira que quiconque est incapable de s'asseoir par terre et de faire rire un enfant de joie ne peut pas interpréter Mozart, que la simplicité et l'instinct doivent toujours guider une interprétation.

Il existe des dizaines d'enregistrements de référence de ces œuvres, certains réalisés par d'illustres interprètes d'hier et d'aujourd'hui. Certaines de ces interprétations sont-elles des modèles pour vous ?  

Je pense que l'école italienne est assez précise dans sa façon de dépeindre instinctivement la qualité légère et pétillante de la théâtralité de Mozart. Je viens de ce milieu et mon enregistrement préféré, ainsi que celui de Sir Roger (jusqu'à présent, bien sûr !) est sans aucun doute celui de Giuliano Carmignola sous la direction de Claudio Abbado (2007). Il y a un équilibre parfait entre clarté, respect, imagination et plaisir. J'aime aussi beaucoup l'enregistrement d'Isabelle Faust avec Il Giardino Armonico et Antonini (encore un élément italien !). Bien sûr, j'ai écouté de nombreuses approches différentes au fil des ans et je pense qu'il y a une réelle beauté dans la variété des interprétations, mais je dois dire que j'ai plus de mal maintenant lorsque j'écoute des versions plus anciennes et plus lourdes après ces années de travail avec Sir Roger. 

Augusta Holmès, compositrice

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Comment un entourage artistique de qualité peut-il soutenir une jeune fille du XIXe siècle, douée et courageuse qui deviendra, entre autres, une remarquable compositrice ? C’est ce que va démontrer Augusta Holmès (16 décembre 1847-28 janvier 1903) qui, encore adolescente, a reçu cet acrostiche du poète romantique français et écrivain cosmopolite, Anne Louis Frédéric Deschamps de Saint Amand connu sous le nom d’Émile Deschamps (1791-1871) :

A u banquet des Elus, qui donc vient prendre place ?

U ne artiste, une Muse, émule d’Apollon 

G lorieuse et brillante étoile du Parnasse

U ne fière beauté, sage comme Solon

S ans morgue, sans envie, un cœur d’or sans paillon

T ous les dons en partage. Heureuse destinée !

A ugusta, c’est bien toi… Nous t’avons devinée. 

Émile Deschamps et son épouse, installés à Versailles, tiennent salon dès 1845. Ils y reçoivent le gratin de la culture française dont Alfred de Vigny (1797-1863), Théophile Gautier (1811-1872), Victor Hugo, Alfred de Musset, Alphonse de Lamartine, Hector Berlioz, Eugène Delacroix. Après le décès de sa femme, Émile continue à recevoir poètes et musiciens parmi lesquels la jeune Augusta Holmès qui l’appelle son « cher et illustre maître »  .

La fréquentation de salons et sociétés artistiques et les lauriers tressés par Émile Deschamps auront une influence capitale sur la vie d’Augusta qui ne ménagera pas ses efforts pour arriver au but qu’elle s’est fixé : jouer ses propres œuvres. Pour une femme de l’époque, c’était une vraie gageure.

La devise qu’elle s’est choisie est « Augusta per angusta » qui vient de la locution latine « Ad augusta per angusta » soit « Vers les sommets par des chemins étroits ». 

Plus tard, dans son recueil Harmonie et Mélodie publié en 1885, Camille Saint-Saëns (1835-1921) écrira : « Comme les enfants, les femmes ne connaissent pas d’obstacles et leur volonté brise tout. Mademoiselle Holmès est bien femme, c’est une outrancière. »

Famille

Patricia Augusta Mary Anne Holmes est née à Paris le 16 décembre 1847.

Son père, Charles William Scott Dalkeith Holmes (Youghal, le 17 juillet 1797-Versailles, le 19 décembre 1869) est né à Youghal, un port du comté de Cork en Irlande. Encore adolescent, il rejoint l’armée comme ses ancêtres et, à l’âge de 18 ans, il aurait servi comme subalterne dans le régiment de cavalerie britannique, les Dragons légers (Light Dragoons), lors de la bataille de Waterloo. Il devient Officier irlandais, quitte l’armée avec le grade de Capitaine et est aussi connu sous le nom de Major Dalkeith Holmes. Au début du XIXe siècle, il revend ses biens, s’installe en France et épouse, en 1827, Tryphina Anna Constance Augusta Shearer (1811-Paris 1858), issue des clans McGregor d’Ecosse et O’Brien d’Irlande. Celle-ci, d’une grande beauté, s’intéresse aux lettres et aux arts. Elle compose des poésies anglaises, s’adonne à la peinture et tient salon à Paris, rue Neuve de Berry. Elle y reçoit notamment Alfred de Vigny et des admirateurs de ce dernier, Auguste Barbier, Robert Burns, Émile Deschamps…*

Décès du compositeur Philippe Boesmans 

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Le monde musical belge et international a appris avec tristesse le décès de Philippe Boesmans, compositeur majeur et figure majeure de la vie artistique de notre pays. 

Né le 17 mai 1936 à Tongres, en Belgique, Philippe Boesmans étudie le  piano au Conservatoire de Liège, avant de de tâter la composition en autodidacte. S’il s’intéresse un temps au sérialisme alors très en vogue dans le monde de l’avant-garde, en particulier en Belgique, il s’en éloigne rapidement conscient des limites de ce langage. Choix courageux tant la doxa sérialiste a ses gardiens du temple en Belgique. 

Philippe Boesmans est désigné en 1985 compositeur en résidence à La Monnaie, maison qui accompagnera sa carrière et qui lui sera d’une fidélité absolue, y compris au fil des changements de direction. La liste de ses oeuvres liées à l’opéra bruxellois est longue : La Passion de Gilles (1983), les Trakl-lieder (1987), orchestration de L’Incoronazione di Poppea de Monteverdi (1989), Reigen (1993), Wintermärchen (1999), Julie (2005), Au Monde (2014). La France est également une terre d'accueil des opéras du musicien :  Yvonne, princesse de Bourgogne, commandée par Gérard Mortier, d’après la pièce est créée sur la scène de l’Opéra Garnier et Pinocchio est donné en première mondiale au  Festival d’Aix-en-Provence. Son opéra, On purge bébé est annoncé à Bruxelles et Lyon au cours de la saison 2022/2023. 

La sélection des concerts du mois (février 2022)

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Débutons ce parcours avec 2 concerts du Belgian National Orchestra à Hasselt et Anvers sous la direction d’Otto Tausk avec l’excellent pianiste Julien Libeer dans le Concerto pour piano de Reynaldo Hahn donné en première belge. Le reste du programme, placé sous la signe de Marcel Proust et la musique, proposera des œuvres de César Franck (avec la première de l'édition révisée du poème symphonique Les Eolides), Richard Wagner et Claude Debussy. C’est à Hasselt le 5 février et à Anvers le 6 février). Le BNO sera également la cheville ouvrière d’un festival Chostakovitch à Bozar, au cours duquel il sera rejoint par le pianiste Lucas Debargue (25/02) et le violoncelliste Truls Mørk (27/02). 

A La Monnaie, point d’opéra mais deux belles affiches : un récital du ténor  Park Padmore et du pianiste Simon Lepper (7 février) et un concert de l’Orchestre symphonique de La Monnaie dans le cadre de ses 250 ans avec le retour à son pupitre de Sylvain Cambreling dans Chabrier, Boesmans et Chausson (20 février à Bozar). 

A Flagey, les traditionnels Piano Days proposent une programmation des plus riches et attractives avec : Florian Noack, Boris Giltburg, Nelson Goerner, Elisabeth Leonskaja, Nikolai Lugansky et Cédric Tiberghien et bien d'autres talents confirmés ou jeunes pousses  pianistiques (du 17 au 20 février).

De l’autre côté du Quiévrain, l’Orchestre National de Lille accueille le chef d’orchestre Ludovic Morlot et le pianiste Bertrand Chamayou pour un programme Boulanger, Ravel, Parra et Stravinsky qui sera donné à Lille, Valenciennes et Comines (du 3 au 5 février). A quelques encablures, l'Atelier Lyrique de Tourcoing proposera une production de Fairy Queen d’Henry Purcell (24 au 27 février) sur la scène du Théâtre Raymond Devos avec Alexis Kossenko au pupitre des Ambassadeurs - La Grande Ecurie et dans une mise en scène de  Jean-Philippe Desrousseaux.