Editos

Les finalistes des ICMA 2022

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Après trois tours de scrutin, le jury des International Classical Music Awards (ICMA) a choisi les titres en compétition pour la finale des prix 2022.

La liste initiale, avec un total de 377 nominations, a été réduite à trois sorties par catégorie, les finalistes pour 2022. Remy Franck, président du Jury ICMA, déclare : "Cette année encore, de nombreuses nominations ont été fortement soutenues par plus de 50 % des jurés. Ces sorties ont récolté de nombreux points à travers toutes les épreuves. Et lorsque près de 90% des productions nominées ont été éliminées, nous avons commencé à trouver le gagnant dans chacune de nos 16 catégories de prix. Le lauréat est choisi dans une liste de trois finalistes".

Les noms des lauréats seront publiés le mardi 18 janvier 2022.

La cérémonie et le concert de gala se dérouleront à la Philharmonie de Luxembourg :  le 21 avril 2022.

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La musique adoucit les heurts : une analyse du litige entre l’Orchestre National de Belgique et certains de ses musiciens à propos des droits des artistes-interprètes

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La crise sanitaire n’aura pas apaisé, loin s’en faut, les tensions entre la direction et les organisations syndicales de l’ONB. La pandémie est même à l’origine d’une poussée de fièvre supplémentaire, qu’un arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles du 7 mai 2021 ne suffira vraisemblablement pas à calmer… En cause, le sort des droits des musiciens sur les reproductions et radiodiffusions de leurs interprétations. 

Le dilemme des acteurs du monde musical face à la pandémie 

On le sait, la crise de la COVID-19 a entraîné un gel des représentations musicales en public, dans notre pays comme dans beaucoup d’autres. Dans ce contexte, plusieurs ensembles ont été contraints de se tourner vers de nouvelles sources de financement, comme le streaming. D’autres, en raison de leur statut d’organisme d’intérêt public, ont choisi de diffuser des concerts par internet à des fins non commerciales, sans aucune forme de rémunération, dans l’unique objectif de se conformer à leur contrat de gestion et de préserver les contacts avec leur public.  Au risque de renforcer le sentiment, déjà bien ancré chez de nombreux internautes, selon lequel l’accès la culture devrait être totalement gratuit… Mais comment, alors, financer adéquatement la création artistique ? 

Les droits des artistes-interprètes dans la ligne de mire

Nul n’ignore plus, aujourd’hui, que les compositeurs jouissent de droits d’auteur sur leurs œuvres. Ces droits, dont la durée est limitée par la loi, leur permettent notamment d’interdire, ou d’autoriser aux conditions qu’ils déterminent, toute reproduction ou communication au public de leurs œuvres. Sur la scène internationale, ces droits trouvent leur source dans la Convention de Berne de 1886 pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. Une convention pour laquelle des compositeurs tels que Giuseppe Verdi ont fortement milité. 

Ce qu’on sait moins, c’est que les artistes-interprètes bénéficient, eux aussi, de ce qu’il est convenu d’appeler des « droits voisins du droit d’auteur ». Ceux-ci ont été consacrés par la Convention de Rome de 1961 sur la protection des artistes-interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, ainsi que par une Directive européenne de 1992 (entretemps remplacée par une Directive de 2006). Chez nous, c’est en vertu d’une loi du 30 juin 1994 qu’ont été octroyés pour la première fois des droits voisins aux artistes-interprètes. Ces différents textes s’appuient sur une réalité, que ce site n’a jamais cessé de rappeler : la valeur économique d’une œuvre ne dépend pas uniquement de l’auteur de celle-ci, mais aussi de ceux qui l’exécutent. C’est à la lumière de ce constat que les législateurs ont voulu garantir aux artistes-interprètes une juste rémunération en cas de communication publique de leurs prestations par les nouveaux médias de masse apparus à cette époque. 

Au titre de ces « droits voisins », les artistes-interprètes jouissent, à l’instar des auteurs proprement dits, de droits exclusifs – notamment, celui d’autoriser ou d’interdire la reproduction et la communication au public de leurs prestations. Le droit de reproduction comprend non seulement le droit de fixation (sur un support sonore ou audiovisuel) des prestations non encore fixées, mais également le droit de reproduire la prestation déjà enregistrée de l’artiste-interprète, sous quelque forme que ce soit, qu’elle soit directe (à partir d’une prestation vivante) ou indirecte (à partir d’une émission radiodiffusée), provisoire ou permanente, en tout ou en partie. Quant au droit de communication au public, il comprend, entre autres, le droit d’autoriser ou d’interdire la radiodiffusion des prestations d’un artiste-interprète, sa diffusion par câble ou par satellite.

Ballet de la Nuit aux Champs-Élysées

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La Fronde vaincue, au printemps 1653, Mazarin fait donner un divertissement royal fastueux afin de glorifier l’accession au pouvoir du jeune Louis XIV âgé de quinze ans. Un événement qui marquera les esprits du temps et la postérité. Confié à l’élégant poète Isaac de Benserade, le livret du Ballet de la Nuit, en quatre « Veilles », quarante-cinq  Entrées (courts ballets où le roi danse à quatre reprises aux côtés des princes, chorégraphes et musiciens), tente de dire l’univers dans sa complexité à travers épisodes mythologiques, chevaleresques, populaires. Tous les genres sont convoqués, depuis les ballets jusqu’aux épisodes grotesques, apparitions de monstres, sorcières, pastorales, tempêtes, le tout devant les perspectives monumentales dessinées par Torelli. Ces décors, le texte intégral, les costumes nous sont connus. De la partition composite due à Cambefort, Boësset, Lambert et quelques autres dont Lully peut-être, il reste la partie de premier violon et la musique vocale.

A partir de là, le chef d’orchestre Sébastien Daucé et la chorégraphe metteur en scène Francesca Lattuada ont sélectionné certains éléments pour élaborer un spectacle en quatre parties. La moitié en est empruntée à deux opéras -L’Orfeo de Luigi Rossi (1647) importé d’Italie six années plus tôt et Ercole amante (Hercule amoureux) de Cavalli qui célébrera le couronnement dix ans plus tard. Ce recyclage n’est guère vraisemblable car il coïncide avec le rejet de l’influence italienne que seul Lully parviendra à acclimater au goût  français. Par ailleurs, le contraste stylistique France-Italie est souligné par l’orchestration du reste de l’œuvre, assez timide (beaucoup d’unisson chez les cordes notamment) et linéaire.

Jeunes artistes en temps de Covid 

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La situation liée à la pandémie ne cesse d’impacter tristement le monde de la culture. Si la nouvelle de l’annulation de la saison entière du Metropolitan Opera de New-York a fait l’effet d’une bombe aux déflagrations atomiques, il serait long et démoralisant de faire une liste exhaustive des conséquences... Crescendo Magazine réaffirme sa totale solidarité avec l’ensemble d’une filière trop meurtrie, trop souvent abandonnée par les pouvoirs publics et victime de décisions trop régulièrement contradictoires si pas incohérentes. Mais parmi les catégories impactées, les jeunes musiciens risquent hélas de souffrir plus longtemps et plus durement que les autres,  c’est à eux que ce texte est consacré. 

Entrer dans la carrière n’a jamais été évident, mais face aux baisses de recettes et aux déficits, il est de plus en plus probable que les programmateurs ne prennent plus de risques et privilégient les artistes bankables, capables de remplir la salle sur leur nom... De plus, toute la filière est impactée. Les agences artistiques, essentiels maillons dans l’affirmation d’une carrière, payent cher le prix de la crise... Certaines d’entre elles ont déjà disparu, et non des moindres : avec l’arrêt des concerts et surtout des tournées, les grosses agences, souvent anglo-saxonnes, se sont révélées des colosses aux pieds d’argiles... Mais d’autres entreprises, certes moins exposées, écrèment leur catalogue en se concentrant sur des artistes senior déjà bien établis. Des artistes moins affirmés se retrouvent sans représentations artistiques. Sans oublier qu’intégrer une agence risque d’être encore plus difficile pour les nouveaux venus. D’un autre côté, face à un marché de l’enregistrement dont les ventes physiques, pourtant rémunératrices, s’écroulent alors que le streaming rétribue des clopinettes, il sera délicat pour ces jeunes musiciens de pouvoir proposer des enregistrements, pourtant éternelle manière de toucher les professionnels. Dans le contexte d’une économie zombie, où les artistes devaient déjà très souvent payer la totalité des coûts liés à la production d’un enregistrement, le ticket d’entrée risque d’être encore plus cher…. 

In memoriam Leon Fleisher 

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C’est un artiste exceptionnel qui nous a quittés ce 2 août à Baltimore.

Né en 1928 à San Francisco dans une famille d’émigrés juifs d’Europe de l’Est (son père était originaire d’Odessa et sa mère de Pologne), Leon Fleisher reçut ses premières leçons de piano à l’âge de 4 an. Par l’entremise de Pierre Monteux, il fut présenté à Artur Schnabel qui, impressionné par le talent du garçon, accepta -en dépit de ce qu’il refusait par principe d’enseigner à des enfants- de le prendre pour élève en 1938 alors que Leon n’avait que 9 ans. Le grand pianiste exigea en revanche que l’enfant ne se produise pas en concert. Même si Fleisher resta son élève jusqu’en 1948, Schnabel autorisa quelques exceptions à cette règle et c’est ainsi que le jeune virtuose put se produire sous la baguette de Monteux en 1942 dans le Deuxième Concerto de Liszt et en 1944 dans le Premier de Brahms qui deviendrait l’un de ses chevaux de bataille.

Après un beau début de carrière, Fleisher, se voyant proposer moins d’engagements aux Etats-Unis, décida de s’établir en Europe en 1950 et y resta jusqu’en 1958, d’abord aux Pays-Bas puis en Italie. C’est donc un pianiste expatrié qui remporta en 1952 le Concours Reine Elisabeth, jouant en finale le Premier Concerto de Brahms. Il fera par la suite partie du jury à cinq reprises, la dernière en 1999.

Son triomphe bruxellois ne fut pas sans écho dans son pays natal, où il entama dès 1954 une collaboration avec le chef George Szell et l’orchestre de Cleveland qui allait déboucher quelques années plus tard sur d’inoubliables intégrales des concertos de Beethoven et de Brahms.

Paysage de COVID : espoirs, polémiques, craintes, vers un état d’urgence culturel ? 

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L’été est enfin arrivé, les concerts ont pu reprendre, même sous une forme sanitairement compatible, et certains festivals se maintenus avec parfois un élan total de créativité à l’image du drive-in musical du Festival de Namur. Mais le temps reste aux incertitudes.
Des signaux contradictoires arrivent de partout, y compris des annulations de saisons entières comme en Amérique du Nord. La rentrée s’annonce incertaine, les concerts prévus jusqu’en décembre sont de plus en plus revus sous des formes chambristes ou en petits effectifs alors que certaines grosses institutions belges n’ont toujours pas annoncé leurs nouvelles saisons. Tout le monde craint une nouvelle vague de contaminations et les lockdowns même partiels et régionaux qui risquent de l’accompagner. Sans oublier que, par ricochet, c’est toute la filière qui sera impactée : baisse de recettes des salles, précarisation des artistes et surtout des jeunes, marché du disque anémié par le confinement. Quant au « tout au numérique gratuit » pratiqué intensément depuis le mois de mars, il suscite plus de questionnements qu’il n’offre de réponses crédibles et de pistes pour le futur. Le paysage post-Covid est un champ de ruines qu’il faut reconstruire dans un contexte très difficile.   

Conséquences du Covid-19 : de la guerre des pauvres à la deuxième vague 

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La situation actuelle nous mène à quelques réflexions sur l’aujourd’hui et le demain d’un secteur d’activité particulièrement violenté par la Covid-19. 

Guerre des pauvres 

Fortement impacté par l’arrêt des activités, le secteur culturel a cherché à se faire entendre des autorités. Malgré son poids, son nombre d’emplois (près de 200.000 personnes en Belgique), les revenus générés directement et indirectement (quand on va au spectacle ou au concert, la soirée peut être précédée d’un repas au restaurant et se conclure sur un verre, autant d’argent injecté dans l’économie), le rayonnement international généré par le secteur de la culture, il est triste de constater qu'il peine toujours autant à être entendu des autorités et de la société dans sa globalité. Les mêmes pouvoirs qui dégainent, le doigt sur la couture, les millions pour sauver des industries déjà en péril ou en voie d’obsolescence accélérée rechignent à aider la culture, secteur toujours perçu comme éternellement quémandeur et systématiquement insatisfait. 

Les 10 ans des International Classical Music Awards

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La 10e cérémonie de remise des prix et le concert de gala des International Classical Music Awards devaient avoir lieu aujourd'hui à Séville. Un virus microscopique l'a empêché. Cela ne doit pas nous faire oublier que nous avons des  lauréats en 2020, une brillante liste d'artistes et d'enregistrements absolument exceptionnels.

 De plus, ce 10e anniversaire est l'occasion d’évoquer  tous les gagnants que nous avons comptés depuis 2011. Dix ans, près de 300 prix décernés à un large éventail de musiciens, des artistes les plus connus aux jeunes qui sont au tout début de leur carrière.

 Les International Classical Music Awards ont été créés en 2010. En fait, ce jury est le successeur de ce qu'on appelait les MIDEM Classical Awards et avant les Cannes Classical Awards. Lorsque l'organisation du MIDEM a mis fin à sa collaboration avec le jury, nous avons décidé de poursuivre notre collaboration sous un nouveau nom. Depuis lors, le jury a été complètement indépendant et il est devenu, avec de nouveaux membres, plus grand et plus international encore. Sa force est aujourd'hui tout à fait exceptionnelle. Il n'existe aucune organisation similaire dans le monde de la musique.

Les artistes nous disent que l'indépendance de notre jury est le maître-atout des Prix. Ils nous disent que nous les aidons considérablement dans leur cheminement artistique. Ils nous disent que nous les avons encouragés à aller plus loin dans leur approche de l'art, et surtout les plus jeunes disent qu'ils ont le sentiment que nous leur donnons une "visibilité" dans le monde musical.

Nos dix concerts de gala ont tous été des événements exceptionnels et nous en gardons de grands souvenirs. Après le premier Gala à Tampere, en Finlande, nous sommes allés à Nantes, en France, avec l'Orchestre National des Pays de la Loire et c'était le premier concert dirigé par John Axelrod. Nous avons ensuite rejoint LaVerdi à Milan, toujours avec notre ami John Axelrod. Ensuite, nous nous sommes rendus à Varsovie où nous avons été invités par Elzbieta Penderecka au Festival Beethoven. En 2015, le Gala a été organisé par l'Orchestre Symphonique Bilkent à Ankara, en 2016 nous étions à Saint-Sébastien avec l'Orchestre Euskadi, en 2017 à Leipzig au Gewandhaus, en 2018 à Katowice avec l'Orchestre de la Radio Nationale polonaise et en 2019 à Lucerne au KKL avec l'Orchestre symphonique de Lucerne.

A l’occasion des 10 ans du jury, certains récipiendaires nous ont écrit. Leurs textes sont en ligne sur le site des International Classical Music Awards : www.icma-info.com/3000-2/

 

 

Beethoven et les poissons rouges : à propos Teodor Currentzis et de l’interprétation de la "Symphonie n°5"

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La fraîche sortie d’une Symphonie n°5 de Beethoven sous la baguette du “trublion” Teodor Currentzis au pupitre de son orchestre MusicAeterna (Sony) fait perdre pieds et raison à bon nombre de gens, y compris à des professionnels du milieu musical ! Juste déposée sur les plateformes (car du fait du confinement, il n’arrive plus grand chose dans les bacs des disquaires), cette interprétation conduit certains commentateurs à vider les dictionnaires à coup de superlatifs ! Pour sûr, nous serions en présence d’une relecture qui “révolutionne” et “réinvente” l’interprétation de cette symphonie “iconique” ou “cultissime” comme on dit désormais en langage de néo-marketing vide (Beethoven ça déchire grave !), “dépoussiérant” comme jamais ce chef d’oeuvre galvaudé par tant d’interprétations dépassées, surannées ou noyées sous la surcouche d’une tradition (fantasmée) pachydermique.  

L’essentiel est garder un peu de sérieux et de remettre cela en contexte. La première gravure de cette Symphonie n°5 est à mettre au crédit d’Arthur Nikisch et des Berliner Philharmoniker en 1913 (DGG). Cela fait donc 107 ans que l’on voit arriver des interprétations de cette symphonie du Grand sourd. Questionner la partition fait partie du travail quotidien des interprètes. De nombreux chefs ont, à leurs époques, apporté un vent de fraîcheur sur le matériau musical : Felix Weingartner et le British Symphony Orchestra avant même la Seconde Guerre mondiale, Hermann Scherchen et René Leibowitz dans les années 1950 et 1960 et bien évidement tous les “baroqueux” qui, à la suite de l’intégrale légendaire de Nikolaus Harnoncourt au pupitre du Chamber Orchestra of Europe (Teldec), ont poursuivi la recherche musicale : John Eliot Gardiner (Philips), Roy Goodman (Nimbus), Frans Brüggen (Philips), Roger Norrington (Warner), Christopher Hodgwood (Decca L'Oiseau Lyre), Martin Haselböck (Alpha) et même notre compatriote Jos van Immerseel (Zig Zag). Ce dernier basait son travail sur des recherches personnelles approfondies tant sur l’effectif instrumental que sur le diapason. N’oublions pas la somme magistrale gravée par David Zinman au pupitre de la Tonhalle de Zurich (Arte Nova), première gravure de l’édition critique Bärenreiter de Jonathan del Mar qui fit grand bruit dans les années 1990. Dès lors, il faut avoir une mémoire de poisson rouge pour envisager le travail de Currentzis comme “révolutionnaire”, tant le texte musical de Beethoven a déjà été questionné en long et en large ! 

Le monde d’après - I : la démondialisation du classique ? 

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L’épidémie de Covid 19 va sans aucun doute déboucher sur des bouleversements majeurs et le domaine de la musique classique ne devrait pas être épargné par des métamorphoses. Nous proposons ici d’entrevoir ce « monde d’après ». Nous attirons votre attention sur le fait qu’il ne s’agit que de scénarios, cela ne veut pas dire que ce qui est écrit peut se produire, ni même que nous souhaitons cette évolution. Cet article n’a d’autre ambition que de scénariser un futur. 

La musique classique a toujours été mondialisée ! Le voyage est une norme de la vie des compositeurs et des interprètes. Les exemples sont nombreux : Haendel posant ses valises en Italie ou à Londres ou le petit Wolfgang Amadeus Mozart baladé à travers toute l’Europe. L’ère industrielle accélère ce mouvement, la modernisation des transports et la croissance démographique et urbaine créent une nouvelle demande : Johann Strauss et son orchestre se produisent chaque année en Russie tout en menant des tournées aux Etats-Unis. Les paquebots transatlantiques permettent aux grands musiciens européens de se produire régulièrement en Amérique et même de s’y installer : Antonín Dvořák devient ainsi directeur du Conservatoire de New-York. A l’ère Meiji, le Japon s’ouvre à la musique classique !

 La deuxième moitié du XXe siècle et une nouvelle vague d’évolutions techniques décuple les opportunités : la rapidité des transports aériens permet aux stars de multiplier les tournées et, pour les chefs d’orchestre, de cumuler des postes situés sur des continents différents ! Le marché du disque, porté par les mutations technologiques, assure une augmentation exponentielle du public. Les grandes stars accourent dans les salles prestigieuses et dans des “festivals mondes” qui voient le public exigeant du monde entier se masser chaque été : le Salzbourg de l’ère Karajan en est le meilleur exemple. Le début du XXIe siècle marqué par une ultra-mondialisation économique a ouvert de nouveaux marchés à la musique classique : Asie, Moyen-Orient, Amérique du Sud. Toutes ces salles de concerts émergentes s’avéraient désireuses d’avoir les grands solistes ou les grands orchestres. Ainsi, pour les orchestres britanniques peu subventionnés (le London Symphony Orchestra en particulier), la tournée internationale est même le business modèle car elle permet de gagner de l’argent !