Publié chez Sony Classical, le dernier album de la chanteuse Noëmi Waysfeld enchante à plus d’un titre. Sobrement intitulé « Noëmi Waysfeld chante Barbara », c’est un hommage pudique et sensible, à la fois intime et large, à la longue dame brune…
Comment qualifier Noëmi Waysfeld : chanteuse à texte, conteuse musicale, artiste lyrique… ? Le mieux est de laisser flotter ces qualificatifs à la surface de son inconscient, pour mieux sentir son charme agir. Le charme d’une voix à la fois feutrée et précise, fragile et assurée, qui vient transmettre un univers artistique entier, du fado à Schubert en passant, ici, par Barbara.
Micro à la main, sa voix nous enchante et nous ensorcèle. Créant un cercle magique de proximité, elle vient nous réchauffer, comme une écharpe enveloppante. Les chansons de Barbara, elle les connaît depuis longtemps, depuis toujours, et cela s’entend. C’est en complice de longue date, en connaisseuse de longue haleine qu’elle assume de reprendre ce répertoire, pourtant dangereusement estampillé « patrimoine français ». Cela pourrait passer pour de l’arrogance voire de la prétention, mais ses intentions sont bonnes. Comme l’indique le titre de l’album, elle vient chanter Barbara, rien de plus, comme un conteur à la veillée, qui viendrait perpétuer la mémoire et maintenir la flamme de cette grande artiste.
Bonne nouvelle, même à 83 ans on peut réserver des surprises aux gens ! Alors que nous étions sans espoir concernant la tonalité du Neujahrskonzert 2025... Ricardo Muti se révèle au bout de sa septième tentative plus intéressant dans cet exercice qu'il ne l'a jamais été en 30 ans. Tous les espoirs sont donc permis dans la vie.
Il nous faut modérer tout de suite notre propos. Muti, qui est une légende dans bien des répertoires, n'est pas devenu un Carlos Kleiber bis du jour au lendemain. Disons qu'il y a un grand mieux par rapport à ses six concerts du nouvel an précédents. De l'enterrement de première classe habituel nous passons sans avertissement à une prestation pleine de finesse, intelligente et libre. Un peu de légèreté, d'esprit viennois cela change tout ! Il faut entendre la célèbre Tritsch-Tratsch Polka pour s'en convaincre et la non moins réputée valse Accelerationen.
Pour une fois nous en avons pour notre argent un 1er janvier avec le chef napolitain. Même dans l’ouverture du Baron tzigane il y des traces de vie jusqu'à rarement vues chez Muti dans sa direction du répertoire de la famille Strauss. On y prend un certain plaisir et l'ennui s'éloigne à mesure que le concert gagne en intensité. Point de révolution ici mais une impression globale de réussite dans une optique traditionnelle.