Jacques Ibert, couleurs orchestrales 

par

Jacques Ibert (1890-1962) : Louisville-Concert ; Suite symphonique ; Concerto pour flûte et orchestre : Symphonie Marine ; Escales. Helen Dabringhaus, flûte ; Brandenburger Symphoniker, Peter Gülke. 2020. Livret en allemand et anglais. 78’26. MDG 901 2185-6


Le label MDG nous offre un généreux album consacré à des œuvres de Jacques Ibert. Figure majeure de la musique en France et de l’Administration des Arts (il fut Directeur de la Villa Médicis à Rome et  Administrateur de la Réunion des Théâtres Lyriques nationaux), Ibert composait une musique très française de ton, par son brio dans la maîtrise des timbres de l’orchestre et par les couleurs qu’il tirait des pupitres. Son triptyque symphonique Escales fut l’un des grands tubes de la première moitié du XXe siècle, enregistré à travers le monde, y compris par des chefs comme Leopold Stokowski, Artur Rodziński, Eugène Ormandy sans oublier les virtuoses français Charles Munch, Pierre Monteux, Paul Paray ou Jean Martinon. Bien malheureusement ce chef d’oeuvre est devenu une rareté au concert et au disque ! 

Cet album enregistré avec l’Orchestre Symphonique de Brandenburg dresse un beau panorama du compositeur en proposant, outre les Escales, la pétaradante Suite symphonique, le brillant Louisville-Concert et la narrative Symphonie marine qui est en fait un poème symphonique composé à la demande de la Marine Nationale pour illustrer musicalement un documentaire. 

Le Concerto pour flûte est l’un des chevaux de bataille des virtuoses de l’instrument. Il faut dire que le brio nécessaire pour assurer la partie s’additionne à une motorique orchestrale puissante du meilleur effet. 

Sans jouer dans son arbre généalogique patrimonial, le Brandenburger Symphoniker est valeureux sous la baguette attentive de Peter Gülke. Il faut dire que cette musique n’est ni techniquement facile, ni stylistiquement évidente, elle requiert une capacité à alléger la masse et à toujours allier le sens des couleurs à un second degré, en particulier dans la Suite symphonique, foncièrement parisienne de ton et offenbachienne d’humour. En chef expérimenté, Peter Gülke sait éviter tous les travers. La jeune flûtiste Helen Dabringhaus est valeureuse et musicale dans le Concerto pour flûte, mais il est ici très difficile de rivaliser avec la transe musicale portée par Emmanuel Pahud et David Zinman (Warner).  

On retient de ce disque le fidèle panorama qu’il donne de la musique de Jacques Ibert par des interprètes engagés. Espérons que cet album donne des idées à d’autres orchestres... en particuliers français ! 

Son : 10 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8

Pierre-Jean Tribot

 

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