Johann Strauss et le cavalier Pásmán de l’ennui 

par

Johann Strauss II (1825-1899) :  Ritter Pásmán. Josef Hopferwieser (Karl Robert von Anjou), Sona Ghazarian (Königin), Artur Korn (Ritter Pásmán), Trudeliese Schmidt (Eva), Eberhard Waechter (Rodomonte), Horst Witsche (Omodé), Axelle Gall (Gundy), Peter Drahosch (Mischu), ORF Radio-Symphonieorchester Wien, Heinz Wallberg ; Johann Strauss II : Musiquede ballet  de Ritter Pásmán ; Slovak State Philharmonic Orchestra, Alfred Walter. 1975-1993. Livret en anglais et allemand. Pas de texte chanté. 133”. 2 CDs. Orfeo  C 20062.

Ritter Pásmán (Le cavalier Pásmán) est le seul (vrai) opéra du roi de la valse de l’opérette, d'où un certain intérêt éditorial pour cette œuvre malgré le fait qu’elle soit tombée dans les oubliettes de l’Histoire. 

Créé à la Hofoper pour le jour de l’An 1892, la partition ne fut proposée que pour neuf représentations. Il faut dire que le livret tiré d’un poème de Janós Arany n’est guère attrayant et contribua à chasser rapidement de l’affiche ce cavalier de l’ennui.  

Jugez un peu : un chasseur tombe amoureux de la femme du cavalier Pásmán  et l'embrasse sur le front alors que son mari ne regarde pas. Après le départ de ce téméraire chasseur, Pásmán apprend pour le baiser, enrage contre sa femme et s'empresse d'aller demander justice au Roi ! Le cavalier insiste pour avoir l’autorisation d'embrasser la femme du chasseur. Le Roi avoue qu'il est ce chasseur et le cavalier  est alors autorisé à embrasser la Reine….

L'accueil réservé à cet opéra fut des plus tièdes et les commentateurs notèrent déjà la faiblesse rédhibitoire de ce livret abracadabrantesque ! 

En 1975, la radio autrichienne proposa, dans le cadre prestigieux du Musikverein, une version de concert sous la baguette du solide mais très rigide Heinz Wallberg. Il n’y a pas grand chose à sauver de cette soirée de routine mal enregistrée ! La baguette du chef est terne et ne parvient pas à unifier cette partition qui sonne comme une succession de numéros plus ou moins brillants. L’intérêt purement musical qui avait marqué quelques commentateurs à la création n’est pas ici perceptible.   

La distribution, pourtant plutôt prestigieuse avec Eberhard Waechter ou Trudeliese Schmidt  est au diapason de cette terne baguette ! Les chanteurs en service minimum sont peu impliqués.  Éditée en  son temps en vinyle, cette interprétation a pour la première fois les honneurs du CD, seuls les collectionneurs émérites et les archivistes pointilleux pourront y trouver un éventuel intérêt documentaire.  

En bonus, Orfeo propose en licence du label Marco Polo, la musique de ballet de cet opéra. On change d’orchestre et de chef avec le méritant Alfred Walter au pupitre de solides musiciens slovaques. Hélas, ce tandem, s’il donne une lecture probe et moins terne que les Autrichiens n’est pas foncièrement à la hauteur des rythmes de valses, polkas et csárdás. Cela fait "zim boum boum" et ennuie tout autant...

Son 6 – Livret 5 – Répertoire 6 – Interprétation 4

Pierre-Jean Tribot

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