Osmo Vänskä face au mythe de la Dixième Symphonie de Mahler. 

par

Gustav  Mahler ( 1860-1911) : Symphonie No.10 en fa dièse majeur (Version de Deryck Cooke). Minnesota Orchestra, Direction : Osmo Vänskä. 2019. Livret en : anglais, français et allemand.  78´20. BIS Records SACD BIS-2396

Une œuvre inachevée, un compositeur hors normes, une histoire insolite, la Dixième Symphonie de Gustav Mahler dispose de tous les éléments nécessaires à la fabrication d’un « objet du mythe », une sorte de Saint Graal pour tous les mélomanes. Oubliée, à la fois sombre et intense mais aussi et surtout personnelle... quel auditeur peut rester de marbre face à une telle intensité ? C’est Mahler qui semble parler, crier depuis l’au-delà.

Comme beaucoup avant lui, Osmo Vanska fait le choix dans cet enregistrement de suivre la reconstitution définitive et remaniée de Deryck Cooke. Quel succès ! Et pourtant le risque est partout. Dans une telle partition, chargée de tant de souffrances, on peut vite tomber dans le mélodrame sirupeux et le pathos, mais comme toujours le self control du finnois l’emporte. Ouf ! La musique, rien que la musique, pas de superflu.

Sur sa tombe, Mahler souhaitait comme épitaphe : "Ceux qui viendront me voir sauront qui je suis, les autres n’ont pas besoin de le savoir". Gustav, sois rassuré, avec ce disque tu as le plus beau des éloges. L’Adagio a lui seul témoigne des qualités propres du chef finlandais, tension, clarté polyphonique, et il en est ainsi pendant près de deux heures. Un long voyage dans les méandres de l’amour, des rendez-vous manqués avec le bonheur, il y a quelque chose d’universel et d’éternel là dedans.

Les musiciens de l’orchestre du Minnesota sont comme galvanisés par le souffle et la ferveur de leur maître. Une telle transparence, une telle recherche d’un équilibre sonore n’a rien d’inhabituel quand on connaît les forces en présence. C’est tout le cycle en cours qui est marqué de cet ADN et cela doit faire un bien fou à tous les mahlériens à la recherche d’une interprétation en phase avec son temps.

A l’issue de l’écoute de cet opus, on ressort presque rassuré sur la nature humaine et sur la capacité de la musique à nous sortir quelques minutes de notre quotidien et de notre condition parfois difficile, surtout depuis deux ans. Non, les émotions ne sont pas mortes, il existe encore de belles choses à vivre à entendre. La musique et la vie sont plus fortes et nous savons pouvoir compter sur Osmo Vanska pour nous le rappeler.

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère

Osmo Vänskä, Sibelius, Mahler et le futur 

 

 

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