Portrait de quatre orgues baroques du Sud-Tyrol : monts et merveilles dans le Val Venosta

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Italiani & Oltremontani. Oeuvres de Johann Jacob Froberger (1616-1667), Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Johann Caspar Kerll (1627-1693), Bernardo Storace (fl. XVIIe siècle), Johann Jacob Walther (av1660-1706), Bernardo Pasquini (1637-1710), Johann Speth (1664-c1728), Georg Muffat (1653-1704), Anton Estendorffer (1670-1711), Johann Caspar Ferdinand Fischer (c1662-1746), Baldassare Galuppi (1706-1785). Peter Waldner, orgues à Goldrain, Partschins, Agums et Latsch. Livret en allemand, anglais. Mai 2022. TT 67’56. Musikmuseum 65 CD 13064

John Nelson dirige Haendel

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Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Messiah. Lucy Crowe, soprano ; Alex Potter, contre-ténor ; Michael Spyres, ténor ; Matthew Brook, basse ; The English Concert & Choir, John Nelson, direction. 2023. Livret en anglais, français et allemand. Erato. 5054197741609. 

A Genève, une création coup de poing, Justice d’Hèctor Parra

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Un opéra sur une horrible tragédie survenue il y a cinq ans ? C’est la gageure que relève Justice, deuxième ouvrage d’Hèctor Parra sur un scénario du metteur en scène bernois Milo Rau, dont le Grand-Théâtre de Genève vient d’assumer la création le 22 janvier.

A la base, un insoutenable drame que restitue sur écran la vidéo conçue par Moritz von Dungern. Nous sommes en République Démocratique du Congo en février 2019. Un camion-citerne transportant de l’acide percute un bus sur une route du Katanga entre Lubumbashi et Kolwezi. En résultent plus de vingt morts et de nombreux blessés. L’acide qui est utilisé dans le traitement des minerais coule jusqu’à la rivière voisine, dans ce sud du pays où l’infrastructure routière est quasiment inexistante. Impliquant Glencore, une multinationale suisse implantée au Congo, un tel sujet vous saisit à bras le corps. Et l’écrivain Fiston Mwanza Mujila qui a élaboré le livret d’après le synopsis de Milo Rau affirme que l’opéra transforme l’accidentel en un sujet universel. Ainsi Justice est non seulement une manifestation de la vérité mais aussi un rite, une cérémonie de deuil qui est une purification réparatrice.

Double hommage au chef d'orchestre Hans Schmidt-Isserstedt

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Hans Schmidt-Isserstedt Edition. Volume 1. Wiener Philharmoniker, London Symphony Orchestra, NDR-Sinfonieorchester, direction : Hans Schmidt-Isserstedt. 1952-1969.Livret en anglais. 14 CD. 484 3981. 

Hans Schmidt-Isserstedt Edition. Volume 2. London Symphony Orchestra, Concertgebouworkest, NDR-Sinfonieorchester, Stockholm Philharmonic Orchestra, Berliner Philharmoniker,  Hans Schmidt-Isserstedt,  Hans Schmidt-Isserstedt. Livret en anglais. 15 CD. 1944-1973. 484 5516. 

« BABEL 46 » de Xavier Montsalvatge

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Une représentation d’opéra présentée par des jeunes étudiants, encadrés par leurs professeurs, n’est pas seulement attachant parce qu’elle contient le germe des acteurs du monde lyrique des prochaines décennies mais, surtout, parce qu’elle peut donner également des pistes sur les tendances stylistiques et créatives des interprètes de cet avenir prochain.

Xavier Montsalvatge (1912- 2002), un compositeur clé dans l’Espagne du XXe siècle, ne semble pas avoir eu beaucoup de chance dans le monde de l’opéra. Il a pourtant écrit trois ouvrages : El gato con botas (1948) et Una voce en off (1960) ; en 1967, il présenta Babel 46 à un concours au Liceu mais le prix ne fut pas décerné… Ce sera au Festival de Peralada de 1994 que l’ouvrage sera créé dans la version d’hier, orchestrée par Albert Guinovart pour 12 instruments solistes. Plus tard, le grand chef d’orchestre Antoni Ros-Marbà -qui était membre du jury- sera le responsable de la création au Liceu avec grand orchestre en 2004, avec Ana Ibarra dans le rôle de « Berta ».

Dans son prologue, le compositeur a écrit qu’il voulait se débarrasser de toute influence du vérisme, de l’opéra russe, allemand ou français… mais il est évident et très heureux qu’il n’y parvienne pas. Par exemple, de très longs moments de la grande scène de Berta au premier tableau auraient pu être signés par Mascagni ou Puccini. Et leur puissance dramatique n’est pas en reste. On peut, dès lors, penser que ses mots sont empreints d’ironie ou de sarcasme. Bien évidemment, son langage proche de la polytonalité, avec tous ses agrégats harmoniques complexes dilués par une science apurée du contrepoint définissent une personnalité artistique qui a parcouru différents chemins le long de cette fin du XXe siècle, où les explorations pour une nouvelle esthétique ou langage musical ont pris souvent des routes très sinueuses… 

Radieuse Cleopatra à l’Opéra de Paris

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Pour sa mise en scène de Giulio Cesare (2011), Laurent Pelly a placé l’action ... dans les réserves du Musée du Caire. Les caisses, tapis, morceaux de statues, palettes valsent ainsi à côté d’une grille de monte-charge tandis que Jules César triomphe de Pompée et se laisse séduire par Cléopâtre.

Si les éclairages comme les mouvements bien réglés ont conservé leur efficacité et parfois leur poésie, en revanche, l’humour « potache », la dispersion (intrusion de tableaux XIXe et de jeunes marquises) et l’esthétique de bande dessinée amusent sans convaincre. Le morcellement visuel et la profusion de petits éléments pénalisent par ailleurs les spectateurs les plus éloignés. Enfin, ces procédés divertissants mais réducteurs privent le chef-d’œuvre de Haendel de ses proportions tragiques et, par ricochet, de sa vérité humaine.

La « revival director » Laurie Feldman n’a malheureusement remédié à aucun de ces inconvénients.

Pourtant Haendel reste présent et on se laisse surprendre par ces pages, célèbres dès la création en 1724, où la beauté prend littéralement à la gorge -duo de la fin du premier acte (Cornelia et Sesto) Son nata a lagrimar, déploration de Cléopâtre Se pieta di me non senti, ou désarroi de Cesare sortant du naufrage Dall’ondoso periglio en symétrie avec le célèbre Piangero la sorte mia ( III) de Cleopatra qui le précède, pour ne citer qu’eux.

L’intérêt de cette reprise réside, comme souvent, dans le renouvellement de la distribution. Avec une limite de taille : le compositeur adaptait sur mesure la vocalité de l’écriture aux profils de chaque interprète. Il arrive ainsi que l’adéquation du chanteur actuel avec le rôle suscite quelques contorsions peu confortables. Il arrive également de belles découvertes.

Adieu à un véritable contralto, Ewa Podlés

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Vendredi dernier, disparaissait, à Varsovie, l’une des voix de contralto les plus fabuleuses des quarante dernières années, Ewa Podlés. Car elle possédait un timbre foncièrement sombre, aux notes graves d’exceptionnelle richesse, au medium cuivré et au registre aigu d’une extrême facilité. Et cette voix était en mesure de négocier la coloratura la plus insidieuse et le cantabile le plus intense sans modifier le coloris, ce qui nous amène aujourd’hui à nous demander pourquoi lui a été refusée une place de premier plan sur les grandes scènes internationales.

Née à Varsovie le 26 avril 1952, Ewa avait été bercée par les bonnes fées, car sa mère était un contralto professionnel comme l’une de ses sœurs aînées dont les moyens vocaux avaient été ruinés par un professeur incompétent. Toute jeune, elle joue Dolore, l’enfant d’une Butterfly qu’incarne Alina Bolechowska qui deviendra son professeur de chant à l’Académie Chopin de Varsovie et qu’elle révérera durant toute sa carrière. En 1975, alors qu’elle n’a que vingt-trois ans, elle débute sur la scène de chambre de l’Opéra de Varsovie en campant Dorabella. Sur les conseils de sa maestra, elle prend part à divers concours internationaux qui se déroulent à Athènes, Genève, Toulouse, Rio de Janeiro et Moscou où elle se fait remarquer lors du Concours Tchaikovsky de 1978. Les prix qu’elle y remporte la font engager par le Théâtre Wielki de Varsovie où elle collabore avec le pianiste et chef d’orchestre Jerzy Marchwinski qu’elle finira par épouser. Avec lui, elle ébauche Rosina, Angelina de La Cenerentola et même Carmen.

Un plein album consacré aux luxuriantes pages instrumentales de Massimiliano Neri

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Massimiliano Neri (c1620-c1670) : Sonate e canzone a quattro da sonarsi con diversi stromenti in chiesa & in camera Op. 1 [extraits] ; Sonate da sonarsi con varij stromenti a trè fino a dodeci [extraits] ; Salve Virgo benignissima ; Ad charismata caelorum. Caterina Giani (c1630-c1673) : Liebster Jesu. Giulia Genini, Concerto Scirocco. Voces Suaves. Christina Boner, soprano. Jan Thomer, altus. Raphael Höhn, ténor. Davide Benetti, basse. Livret en anglais, français, italien. Février 2022. TT 76’18 . Arcana A544

Schumann et Grieg par Elisabeth Leonskaja

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Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano en la mineur, op.54 ; Edvard Grieg (1843-1907) : Concerto pour piano en la mineur, Op.16. Elisabeth Leonskaja, piano ;  Luzerner Sinfonieorchester, Michael Sanderling. 2023. Livret en anglais, français et allemand. 64’36’’. Warner Classics. 5 054197 837838. 

Première mondiale de la version originale de Cavalleria rusticana

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Pietro Mascagni (1863-1945) : Cavalleria rusticana, opéra en un acte. Carolina López Moreno (Santuzza), Giorgio Berrugi (Turiddu), Elisabetta Fiorillo (Lucia), Domen Križaj (Alfio), Eva Zaïcik (Lola) ; Chœur et Orchestre Balthasar Neumann, direction Thomas Hengelbrock. 2022. Notice en anglais et en allemand. Livret complet en italien, avec traduction anglaise. 74’ 41’’. Prospero PROSP0088.