Premier enregistrement mondial des symphonies de John Abraham Fisher

par

John Abraham Fisher (1744-1806) : Symphonies n° 1 à 6. Petra Žd’árská, clavecin ; Orchestre de chambre de la Philharmonie de Pardubice, direction Michael Halász. 2020. Notice en anglais. 57.27. Naxos 8. 574254.

Considéré au XVIIIe siècle comme un important violoniste et compositeur, l’Anglais John Abraham Fisher est de nos jours totalement oublié. La notice de Sam Girling de ce CD Naxos est bien utile pour connaître les péripéties de sa vie. Nous nous en inspirons. Ce natif de Dunstable, à cinquante kilomètres de Londres, suit les cours de Thomas Pinto (1728-1783), professeur d’origine napolitaine installé dans la capitale. Fisher se produit au King’s Theater en 1765 et y fait ses débuts de soliste. Il devient très vite une figure représentative du Covent Garden où il officie comme chef d’orchestre pendant une dizaine d’années, et propose avec succès quelques compositions pour la scène. Devenu docteur en musique à Oxford, il écrit un oratorio. Il entame un voyage qui le conduit en France, en Allemagne et en Russie, avant d’arriver à Vienne en 1783, où il est bien accueilli à la Cour. Il épouse en mars 1784 la soprano Anna Storace (1765-1817) qui créera en 1786 le rôle de Suzanne des Noces de Figaro de Mozart. Mais Fisher est un homme violent : il maltraite son épouse, une séparation ne tarde pas, et l’Empereur Joseph II oblige le compositeur à quitter l’Autriche à l’automne de 1784 (certaines sources indiquent que Mozart serait intervenu en sa faveur). Il s’établit alors en Irlande où il enseignera jusqu’à son décès. Il laisse des œuvres pour le théâtre, de la musique de chambre, des airs et des hymnes, trois concertos pour violon et six symphonies, enregistrées ici en première mondiale.

Ces partitions ont été publiées à Londres en 1772. Une septième symphonie, inachevée, est restée à l’état de manuscrit. Jouées à l’occasion de concerts aux Vauxhall Gardens, les symphonies sont représentatives de la musique du milieu du XVIIIe siècle, elles sont de forme sonate et se situent dans le style de l’Ecole de Mannheim, avec des phases dynamiques au cours desquelles se succèdent les crescendos et les diminuendos, nourris de diverses tonalités. L’orchestration inclut deux hautbois, deux bassons et deux cors, leur réservant des passages solistes. De brève durée (à peine plus de cinq minutes), les deux premières symphonies se présentent un peu comme une mise en bouche musicale avant une Symphonie n° 3 plus développée, avec un Andantino amoroso finement lyrique, et un Presto contrasté. Dans la Symphonie n° 4, Fisher introduit en conclusion un Tempo di minuetto aux allures dansées dynamiques. Tout cela nous laisse un peu sur notre faim, car la musique, en soi agréable, ne fait pas étalage d’une grande originalité ; elle se révèle quelque peu routinière et ne s’écoute que d’une oreille certes bienveillante, mais peu transportée. On sera plus indulgent pour les deux dernières symphonies de la série, notamment pour la cinquième, écrite dans un style mozartien, avec un travail accompli des violons. La sixième est sans doute la mieux venue, la présence active des hautbois apportant un ensemble de couleurs variées.

Ce disque a pour mérite de donner accès à des pages d’un compositeur négligé mais, en dehors du jalon qu’elles représentent dans l’histoire de la musique du XVIIIe siècle, ces symphonies feront sans doute partie du nombre de celles que l’on placera en second rayon de sa discothèque. L’Orchestre de chambre de la Philharmonie de Pardubice, habitué des productions Naxos, tout comme le chef d’orchestre, Michael Halász, lui aussi très souvent présent au catalogue du label, interprètent avec un entrain inégal cet enregistrement effectué en janvier 2020 en Tchéquie, à la Maison de la Culture de Pardubice.

Son : 8  Notice : 9  Répertoire : 6  Interprétation : 7, 5

Jean Lacroix 

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