The Only One par Louis Andriessen 

par

Louis Andriessen (né en 1939) : The Only One. Nora Fischer, soprano ; Los Angeles Philharmonic  Orchestra, Esa-Pekka Salonen. 2019. Livret en anglais. 20’56’’ Nonesuch 0075597917338.  

C’est avec émotion que l’on découvre cet enregistrement de la dernière pièce du compositeur néerlandais Louis Andriessen. Créée en 2019 sur la scène du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, cette partition sera sans doute l’un des ultimes opus d’un musicien atteint de démence d’Alzheimer. 

Très connu dans son pays et aux Etats-Unis, Louis Andriessen n’a jamais été des plus programmés dans les pays francophones. Artiste aux influences multiples,  souvent rattaché au courant minimaliste, sa musique est plus proche de la sensibilité éclectique d’Outre-Atlantique que des thuriféraires du radicalisme d’avant-garde du Vieux Monde. Dès lors, on n'est pas surpris que le très curieux Los Angeles Philharmonic Orchestra soit l'un des fidèles défenseurs de sa musique. 

Pour cette dernière partition, Andriessen étonne et séduit. De l’effectif orchestral chambriste, on relève un saxophone alto, une guitare électrique et une guitare basse qui viennent colorer l’instrumentarium vers un versant plus jazzyfiant et gouailleur. Pour la partie de chant, le compositeur s’est orienté vers sa compatriote la soprano Nora Fischer, rompue aux musiques classiques et de variétés. Pour le texte, Andriessen a choisi les mots de la poétesse contemporaine flamande Delphine Lecompte (née en 1978). 

Cinq poèmes sont ainsi mis en musique dans un geste fusionnel des influences multiples du compositeur mais évoque autant Stravinsky, Bernstein ou Kurt Weill que la musique populaire de la variété aux fanfares mexicaines. Le timbre solaire et enchanteur de Nora Fischer fait briller les lignes mélodiques alors que l’instrumentarium se fait dansant. Les musicologues et mélonames reconnaîtront quelques thèmes : le “Dies Irae” ou des réminiscences des cuivres du On The Town de Bernstein.  Le minimalisme sous-jacent se décline en scansions néoclassiques, fanfares déhanchées, percussions modernistes. Si les ultimes partitions des compositeurs sont souvent noires de tons et sombres de couleurs, The Only One irradie de lumières.  

Le Los Angeles Philharmonic, rompu aux oeuvres contemporaines les plus exigeantes et dirigé par Esa-Pekka Salonen, est absolument parfait. 

The Only One est une très grande partition d’un compositeur aussi fascinant qu'inattendu qui nous emmène dans un monde musical ensorcelant. Ce disque propose cette seule oeuvre, mais quelle partition !

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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