Une belle introduction à l'univers de Lutoslawski

par

Witold LUTOSLAWSKI
(1913 - 1994)
Concerto pour orchestre - Petite suite - Symphonie n° 4
NDR Symphony Orchestra, dir.: Krzysztof URBANSKI
2016-56' 15''-Texte de présentation en allemand, anglais et français-Alpha Classics Alpha 232

Comme Dutilleux, Lutoslawski est souvent enregistré et joué. Peut-être sont-ils les deux derniers "grands" de la musique orchestrale classique ? Le jeune chef polonais Urbanski raconte dans sa notice sa découverte, puis  son émerveillement devant le Concerto pour orchestre (1954), oeuvre-phare du compositeur, commandé par Witold Rowicki, qui le fit découvrir au monde entier. Ecrit dans un langage très accessible, il joint un irrésistible sens du rythme (dès les premières mesures) à une inspiration mélodique foisonnante. Le finale, plus long que les deux mouvements précédents, renoue avec la tradition baroque : passacaille, toccata et chorale se suivent, en une succession de motifs et de timbres aussi passionnants que raffinés. Rapide, plutôt sec, Urbanski livre une excellente interprétation de ce qu'il faut bien appeler un tube de la musique du vingtième siècle. La Petite suite (Mala suite) de 1951, est typique de la verve folklorique de son auteur : sous un habillage harmonique moderne, les mélodies populaires restent reconnaissables. Passent tout de même quelques souvenirs du Sacre, quelques harmonies de Holst (?) La dernière danse réussit à unir un réalisme-socialisme attendu avec une anticipation du Concerto pour orchestre ! Datant de la fin de la carrière de Lutoslawski, créée par Wit en 1992, la dernière de ses symphonies est aussi la plus courte et la plus ludique des quatre. Plus chambriste que la troisième, elle transcende la forme étudiée de la deuxième par ses deux mouvements successifs cette fois unifiés, culminant, après une longue recherche, en un grandiose éparpillement sonore final. Les tempi d'Urbanski sont plus rapides que ceux de ses rivaux, Salonen (Sony), très détaillé et très délicat, ou son professeur Antoni Wit (Naxos), dont la lecture claire et incisive, qui sculpte chaque motif, reste sans doute la référence.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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