Anna Amalia von Preußen, 300 ans

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Anna Amalia de Prusse est née le 09 novembre 1723 à Berlin. Douzième enfant et sixième fille du roi Frédéric-Guillaume Ier de Prusse et de son épouse Sophie Dorothea de Hanovre, elle porte également le titre d'"Anna Amalia, princesse de Prusse".
Elle fut musicienne et compositrice, organisatrice de concerts et collectionneuse de musique.
Célibataire, elle occupa plus tard le poste d'abbesse de l'Abbaye de Quedlinburg jusqu'à sa mort le 30 mars 1787.

En 1744 -c'est-à-dire à l'âge de 21 ans- Anna Amalia, qui avait reçu une éducation calviniste, fut d'abord nommée coadjutrice (position de soutien à l'abbesse en place), puis onze ans plus tard (1755), abbesse princière de l'Abbaye protestante de Quedlinburg. Auparavant, elle était déjà, en tant qu'enfant, tout comme sa sœur Luise-Ulrike, chanoinesse (dame de l'abbaye sans vœux religieux) d'une abbaye princière. Cependant, son intronisation solennelle n'est attestée que le 11 avril 1756 à Quedlinburg, après qu'elle eut obtenu sa propre Cour avec des dames d'honneur, un maître de Cour et un cavalier de Cour et qu'elle eut célébré quelques fêtes à Berlin.

Les raisons pour lesquelles elle a choisi cette carrière ont toujours fait l'objet de spéculations. Plusieurs offres de mariage conformes à son statut échouèrent probablement en raison de l'opposition de son frère Frédéric. On ne peut pas supposer que la princesse ait opté pour une vie spirituelle profonde pour des raisons de foi. La fonction ecclésiastique signifiait plutôt pour elle, en tant que noble non mariée, le pas vers son propre ménage et donc vers l'indépendance financière, comparable à un mariage, et en outre un renforcement de sa position à la Cour de Prusse.

Anna Amalia était une musicienne et compositrice reconnue à son époque et exerçait une influence certaine sur la vie musicale berlinoise de la seconde moitié du 18e siècle.
Dans le cadre des fêtes de la Cour, on pouvait l'entendre en tant que pianiste et elle interprétait également ses propres compositions, même si son importance en tant qu'interprète doit être considérée comme plutôt faible par rapport à ses autres activités musicales. Dans son salon, elle organisait des soirées musicales et des concerts centrés sur la musique ancienne. Ces concerts étaient très appréciés des compositeurs, des musiciens et des écrivains, et des invités étrangers, comme Gottfried van Swieten, y assistaient également.

Toutefois, la princesse était plutôt hostile à la musique moderne de l'époque et aux compositeurs contemporains, comme Johann Abraham Peter Schulz, Johann Friedrich Reichardt, mais aussi Christoph Willibald Gluck. Elle restait avant tout fidèle au style de Jean-Sébastien Bach, déjà inactuel à l'époque. De ce fait, ses compositions ainsi que le contenu des musiques du soir qu'elle organisait étaient plutôt rétrospectives, ce qui a également suscité des critiques. Comme elle était considérée comme une femme de caractère, elle soutenait de nombreux musiciens, comme son professeur Johann Philipp Kirnberger, qui était fortement moqué à son époque en raison de ses positions musicales conservatrices. Elle l'a aidé à terminer et à diffuser ses écrits théoriques, dont "Die Kunst des reinen Satzes in der Musik" (L'art de la phrase pure en musique). De même, elle a encouragé Carl Philipp Emanuel Bach à composer quelques œuvres pour orgue et des cantates et s'est également engagée en faveur de son frère aîné Wilhelm Friedemann dans les cercles berlinois.

Son grand intérêt pour la musique religieuse incita la princesse à commander également des compositions de ce type. C'est ainsi que Karl Wilhelm Ramler créa, à son instigation, le poème de la cantate de la Passion Der Tod Jesu (1754), qu'elle voulait même mettre en musique elle-même, mais qu'elle confia ensuite à Carl Heinrich Graun. Les mouvements d'introduction qu'elle a mis en musique ont tout de même été imprimés en 1776 et 1779 dans l'Art de la phrase pure en musique de Kirnberger.

Anna Amalia cultivait en priorité le style ancien de la musique. Il n'est donc pas surprenant qu'elle se soit intéressée à son époque à son propre orgue. Bien qu'au milieu du XVIIIe siècle, il n'était plus d'usage de posséder un orgue domestique, car on jouait plutôt au clavecin ou au pianoforte, la princesse commença néanmoins à élaborer un concept pour un tel instrument en 1755.

La collection de musique d'Anna Amalia, qui nous est parvenue et qui comprend de nombreux autographes et imprimés de grande valeur, revêt une importance particulière pour l'histoire de la musique. Au moment de sa mort, elle comptait environ 600 volumes de manuscrits et d'imprimés et 100 théoriques, dont 270 volumes provenant de la succession de Johann Philipp Kirnberger, parmi lesquels de nombreux autographes de J. S. Bach, J. F. Fasch, Chr. Nichelmann, Chr. Schaffrath, Joh. Fr. Agricola, Fr. W. Marpurg et autres.

Anna Amalia commença ses premiers essais de composition à l'âge de 20 ans et ce n'est que 15 ans plus tard (à partir de 1758) qu'elle reçut des cours de théorie musicale et de composition de la part de son musicien de cour Kirnberger. Sous l'influence de ce dernier, elle réalisa plusieurs études contrapuntiques et de petites pièces d'église, qui servaient souvent de modèles d'étude et de composition, mais ne répondaient pas à l'exigence d'originalité. Avec ses compositions, Anna Amalia est considérée comme une représentante du style de composition plus ancien, tel qu'il était cultivé par exemple par Jean-Sébastien Bach ou Georg Friedrich Haendel. En même temps, elle méprisait l'art moderne de la composition, tel que le défendait entre autres Carl Friedrich Zelter.

Parmi ses œuvres, on trouve de la musique sacrée et profane, dont des cantates, des chorals, de la musique de chambre, des marches militaires, mais aussi des pièces solistes pour orgue ou piano. Cependant, nombre de leurs compositions ne sont plus conservées aujourd'hui.

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