L'opéra de Paris face à la crise: Osez!

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En conférence de presse, Stéphane Lissner vient d'annoncer que, pour les moins de 28 ans, 25 000 places pour 13 avant-premières seront mises en vente au prix de 10 euros pour toucher ainsi un nouveau public.
Mais ce n'est pas tout.
Son credo est l'audace. "Face à la crise, il faut être offensif et produire plus", estime l'ancien patron de la Scala de Milan, successeur à Paris de Nicolas Joël depuis l'été dernier. Malgré les restrictions budgétaires, il programme, pour la saison prochaine, pas moins de 18 nouvelles productions contre 14 reprises. "Cela génère des financements, attire le public, les mécènes, les coproductions, la télévision, les tournées..."
Entre la tradition défendue par Joël et le radicalisme de Mortier, Lissner propose un "équilibre" entre "des artistes qui interrogent le monde sans tabou" quitte à provoquer, et des oeuvres de "divertissement où prime l'aspect musical et esthétique".
L'Italien Romeo Castellucci est incontestablement un de ces "artistes qui interrogent le monde". Invité pour la première fois à l'Opéra de Paris, il proposera "son" Moïse et Aaron (Schönberg). Le 20e siècle est bien là, avec un cycle Schönberg de concerts (dont un à la nouvelle Philharmonie), de ballets (Anne Teresa de Keersmaeker et George Balanchine) et un hommage à Pierre Boulez (chorégraphie de Wayne McGregor).
Le grand répertoire est surtout dévolu à Verdi avec deux nouvelles productions (Rigoletto mis en scène par l'Allemand Claus Guth, Le Trouvère avec Anna Netrebko, Ludovic Tézier et Marcelo Alvarez) et la reprise de La Traviata.
Parmi les metteurs en scène "radicaux", le Polonais Krzysztof Warlikowski pour Le Château de Barbe Bleue (Bartók) et La Voix Humaine (Poulenc), et Dmitri Tcherniakov pour une soirée "opéra-ballet" mariant Iolanta et Casse-Noisette, avec cinq chorégraphes différents.
Des distributions soignées: Ermonela Jaho dans Madame Butterfly, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak dans L'Elixir d'amour, Anja Harteros dans Le Chevalier à la rose, Sonya Yoncheva et Placido Domingo dans La Traviata.
Stéphane Lissner annonce aussi "un projet artistique sur six ans" avec le directeur musical Philippe Jordan et le directeur de la danse Benjamin Millepied.
Un cycle Berlioz débutera avec La Damnation de Faust (Sophie Koch, Jonas Kauffmann et Bryn Terfel), se poursuivra les saisons suivantes et culminer avec Les Troyens en 2019 pour les 30 ans de l'Opéra Bastille.
Un autre cycle de trois créations mondiales "autour de la littérature française" qui débutera en 2016/17 est promis, et aussi des initiatives "hors les murs". "Nous devons ouvrir l'opéra à un public qui n'a pas forcément les moyens de venir à des spectacles", a souligné Stéphane Lissner.

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