"Thaïs" de Jules Massenet, 130 ans

par

Thaïs est un opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet d'après le roman éponyme d'Anatole France.
Il a été créé à l'Opéra de Paris le 16 mars 1894 et donné pour la première fois en province au Grand Théâtre de Reims en janvier 1895.

L'action se déroule à Alexandrie au IVe siècle. Un moine cénobite, Athanaël, cherche à convertir au christianisme Thaïs, courtisane célèbre et prêtresse païenne vouée à la déesse Vénus. Il y réussit, mais Thaïs choisit alors de se retirer du monde et de vivre cloîtrée dans un couvent, avant d'y mourir. Athanaël découvre trop tard que son obsession pour Thaïs était teintée d'amour charnel et, alors que Thaïs meurt dans la joie de la rédemption, il renie sa foi en désespérant de son propre salut, à l'inverse de Thaïs.

L'œuvre fut écrite pour la célèbre soprano américaine Sibyl Sanderson, muse de Massenet à l'époque.

Très typique de son temps, l'œuvre, qui baigne dans un climat de volupté et de religiosité sulpicienne que Massenet excelle à traduire, n'en recèle pas moins une force certaine.

Louis Gallet, le librettiste, n'a pas retenu l'aspect sceptique, ironique et discrètement anticlérical du roman d'Anatole France. En revanche, il a organisé le drame de manière particulièrement rigoureuse et efficace.

Athanaël, l'ascète rigoriste révèle, peu à peu, un aspect de sa personnalité ignoré de lui-même : celui d'un séducteur éperdu de sensualité, tandis que Thaïs la courtisane qui « connaît toutes les ivresses » réalise ses aspirations les plus profondes en renonçant au monde.
Le croisement entre ces deux parcours personnels est marqué, au milieu de l'opéra, par la très célèbre Méditation religieuse de l'acte II, confiée au violon solo, aujourd'hui connue sous le nom de Méditation de Thaïs, et souvent jouée en concert. Inspiré par ces deux puissants caractères, Massenet a su en faire des êtres de musique et de chair, et chacune de leurs confrontations marque un temps fort de l'ouvrage.

 

Les commentaires sont clos.