Henry Du Mont, 340 ans

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Henry de Thier, dit Henry Du Mont, né en 1610 à Looz, près de Tongres, et mort le 8 mai 1684 à Paris, est un organiste et compositeur de la période baroque originaire de la principauté de Liège, dont la carrière se déroule essentiellement à Paris.
Figure importante de la vie musicale de la première partie du règne de Louis XIV, dirigeant (avec son collègue Pierre Robert) la musique religieuse de la Cour jusqu’en 1683, il sera une source d’inspiration majeure pour des compositeurs comme Lully et de Lalande.

Les œuvres d’Henry Du Mont (et tout particulièrement ses motets) font preuve d’une grande science du contrepoint et d’une remarquable modernité. Elles seront louées et appréciées longtemps après la disparition de leur auteur, des musicologues comme Sébastien de Brossard ne manquant pas d’en souligner toutes les qualités.

Henry de Thiers a Monte est né à Looz mais sa famille se déplace ensuite à Maastricht, où il devient enfant de chœur de l'église Notre-Dame en 1621. Formé par les maîtres Jean Saucinus puis Nicolas Haccourt, il étudie également l’orgue. Lui et son frère font leurs humanités chez les Dominicains et les Jésuites de cette ville. Il devient clerc tonsuré en 1626 et est nommé organiste en 1629.

Commence alors une série de voyages dès 1630 : plusieurs fois à Liège où il se perfectionne probablement à la cathédrale Saint-Lambert auprès de Lambert Pietkin et Léonard de Hodemont. Il est remplacé à l’orgue de Maastricht en 1632.

Après quelques années où il n’est pas bien localisé, il s’installe à Paris en 1638 et y est engagé vers 1639-1640 comme organiste de l’église paroissiale Saint-Paul. Le contrat qu’il signe en 1643 avec la fabrique de Saint-Paul précise ses devoirs et prévoit 400 livres tournois de salaire annuel de même qu’un logement gratuit.

Du Mont restera à ce poste -et à ce domicile- jusqu’à sa mort ; entretemps il fait reconstruire l’orgue par le facteur Pierre Thierry vers 1645-1646.
C’est dans ce domicile qu’il accueille Mechtel Loyens, fille du bourgmestre de Maastricht, épousée en 1653 à Maastricht mais morte dès 1660.

Il obtient en 1647 ses lettres de naturalité et postule à des bénéfices ecclésiastiques (il obtient en 1648 une cure, dont il se décharge dès 1650). Il se partage entre ses instruments, des leçons, la composition, et des concerts donnés ici ou là avec d’autres virtuoses de la viole, du théorbe, du clavier ou du chant... Dès 1652 il est claveciniste du Duc d’Anjou.

La publication des Cantica sacra en 1652 puis celle des Meslanges en 1657, la protection de Charlotte d’Ailly (veuve du Duc de Chaulnes), de même que l’accession à une charge de clavecin du Duc d’Anjou, frère cadet de Louis XIV (avant 1655) révèlent que Du Mont atteint la célébrité dès les années 1650. Sa correspondance avec Constantijn Huygens (lui-même au centre de tout un réseau de musiciens français) le montre bien introduit dans le milieu artistique.

Le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche en 1660 est l’occasion d’obtenir la charge d'organiste de la Reine (qu’il revend en survivance en 1677 mais qu’il conserve jusqu’à la mort de la Reine en 1683). Il cumule cette charge avec celle de maître de musique de 1673 environ à 1682.

Peu après, la mort de Jean Veillot en 1662 laisse la charge de sous-maître de la chapelle royale vacante. Elle est alors divisée en quatre quartiers (trimestres) et partagée entre Du Mont, Pierre Robert, Thomas Gobert et Gabriel Expilly. Il devient aussi compositeur de la musique de la chapelle en 1672.

L’Abbaye de Silly lui est attribuée en commende en 1667, assortie de 2400 lt de revenus. Il aura à cœur de suivre la gestion de l’Abbaye d’assez près, la visitant régulièrement et passant contrat avec ses procureurs. Il reçoit également du Roi une pension de 1200 lt prise sur les revenus de l’Abbaye de Saint-Évroult. Durant cette période, Du Mont reste attaché à sa patrie, voyage de temps en temps à Maastricht, y obtient un bénéfice en 1676, veille à la sécurité de sa parentèle et celle de son épouse.

La parution de ses Motets à deux voix (1668), des Cinq messes en plain-chant (1669), la réimpression des Meslanges (1678), des Motets (1681) révèlent une célébrité à son sommet, encore couronnée par la publication posthume des Motets pour la chapelle du Roi (1686).

Les revenus de Du Mont peuvent, à ce sommet de sa carrière, être évalués à environ 8.000 lt par an, tandis que son intérieur et son train de vie restent modestes. En 1681 et 1682, Du Mont cède ses charges à la Cour et meurt peu après, veuf depuis longtemps.

 

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