Louis Théodore Gouvy, 205 ans
Louis Théodore Gouvy est un compositeur français, né à Goffontaine (un quartier de Sarrebruck en Allemagne) le et mort à Leipzig le . Il est enterré à Hombourg-Haut en Lorraine.
Né dans une famille francophone en Sarre peu après qu'elle est devenue prussienne en 1815 à la suite de la bataille de Waterloo et du traité de Paris, Gouvy est prussien de naissance alors que deux de ses frères aînés (nés à Goffontaine, antérieurement encore en France) sont français. Il est scolarisé au collège de Sarreguemines, puis au lycée de Metz.
Il étudie le droit puis la musique à Paris. Le Conservatoire de Paris lui demeurant fermé en raison de sa nationalité prussienne, il suit des cours privés avec Antoine Elwart et Pierre-Joseph Zimmerman. Il se perfectionne également au contact des musiciens de Francfort, Leipzig et Berlin, où il rencontre entre autres Franz Liszt. Il séjourne ensuite à Rome où il fréquente un cercle de musiciens parmi lesquels Karl Anton Eckert, Eduard Franck et Niels Gade. Il n'accède à la citoyenneté française par naturalisation qu'à 32 ans.
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Gouvy vit et compose longtemps à Hombourg-Haut en Moselle, chez son frère maître des forges. Il est un homme de double culture, française et allemande, d'où il tire son inspiration et sa particularité. Bien qu'il y soit connu et reconnu de son vivant, il tombe au XXe siècle dans l'oubli.
Hector Berlioz écrit dans le Journal des Débats du : « Qu'un musicien de l'importance de M. Gouvy soit encore si peu connu à Paris, et que tant de moucherons importunent le public de leur obstiné bourdonnement, c'est de quoi confondre et indigner les esprits naïfs qui croient encore à la raison et à la justice de nos mœurs musicales. »
Mais Berlioz n'y change rien et Gouvy reste largement ignoré jusqu'à la fin du XXe siècle. C'est toute l'action entreprise dans sa région, la Lorraine, et la redécouverte de son Requiem, avec son vigoureux Dies iræ, qui le fait sortir à nouveau de l'ombre en 1994.
Gouvy obtient le prix Chartier de l'Institut (1875), devient correspondant de l'Académie des beaux-arts en France (1894) puis membre de l'Académie royale de Berlin (1895). Il est également membre fondateur de la Société nationale de musique. Bien que résident en Allemagne après le Traité de Francfort par lequel l'Alsace-Lorraine est annexée à l'Empire allemand, Théodore Gouvy est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1876.
L'œuvre de Gouvy demeure largement méconnue bien qu'elle comporte plus de 300 compositions, dont 90 opus publiés de son vivant. Il a notamment écrit 25 compositions pour grand orchestre dont neuf symphonies, des ouvertures et des variations. La musique de chambre occupe également une place importante dans sa production musicale avec notamment quatre sonates en duo, cinq trios avec piano, onze quatuors, sept quintettes, un énorme répertoire pour piano -à deux et quatre mains et pour deux pianos- , plusieurs partitions pour ensembles à vent, ainsi que de très nombreuses mélodies et des Lieder. On connaît aussi cinq grandes cantates dramatiques - Aslega, Œdipe à Colone, Iphigénie en Tauride, Électre et Polyxène-, deux opéras -Le Cid et Mateo Falcone- ainsi que des grandes œuvres religieuses, dont un Requiem, un Stabat Mater, une Messe brève et la cantate Golgotha.
Les œuvres sans numéro d'opus sont inédites.