Johann Gottfried Eckard, 215 ans

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Johann Gottfried Eckard (Eckhardt) (Augsbourg, 21 janvier 1735 - Paris, 24 juillet 1809) est un compositeur et pianiste allemand. Ses prénoms sont francisés en Jean Godefroy sur les publications.

Né à Augsburg, Eckard est dans sa jeunesse graveur sur cuivre professionnel, acquérant sa formation musicale en autodidacte, sur son temps de loisirs, avec pour guide l’ « Essai sur la vraie manière de jouer du clavier » (Versuch über die wahre Art das Clavier zu spielen, 1753) et les six « Probesonaten » qui les suivent, de C.P.E. Bach. Il pratique le piano pendant son temps libre et rapidement développe une grande facilité.

En 1758, le facteur de piano et d'orgue Johann Andreas Stein l’emmène à Paris, en passant par Strasbourg où Stein visite son ancien maître, Johann Andreas Silbermann. Ce dernier note dans son journal :

« Monsieur Stein, à l'heure actuelle installé à Augsbourg, nous a rendu visite. Il avait avec lui un jeune homme d'une vingtaine d'années, nommé Eckart, qui joue du clavier à merveille. Ce dernier nous a montré de très belles miniatures qu'il a peintes lui-même. Il est sûrement aussi fort au pastel. Il a l'intention de se rendre à Paris mais il ne sait pas encore s'il veut choisir comme profession la peinture ou la musique. »

Eckart restera à Paris, où il vit le reste de sa vie. Au début, il subvient à ses besoins par la confection de miniatures, métier dans lequel il possédait apparemment une habileté considérable.

Leopold Mozart fait la connaissance d'Eckard lors de son séjour parisien pendant l'hiver de 1763-64 et exprime la haute estime qu'il a pour lui dans une lettre de février 1764. Le jeune Mozart et sa sœur jouent les Sonates opus 1, éditées depuis le printemps 1763. Grimm, dans sa Correspondance littéraire, qualifie Eckard comme « le plus fort » de tous les compositeurs parisiens, déclarant qu'« il a du génie, les plus belles idées, avec un jeu plein de sensibilité et une légèreté surprenante ». Et ce ne fut pas seulement un enchantement momentané des milieux musicaux parisiens. À la mort de Schobert en 1767, le même Grimm écrit : « Il n'avait pas autant de génie que notre Eckart, qui reste toujours le premier maître de Paris, mais Schobert avait plus d'admirateur qu'Eckart, parce qu'il était toujours agréable et qu'il n'est pas donné à tout le monde de sentir l’allure du génie. Les compositions de Schobert étaient charmantes. Il n’avait pas les idées précises de son émule, mais il connaissait supérieurement les effets et la magie de l'harmonie et il écrivait avec beaucoup de facilité, tandis que Mr. Eckart ne fait que difficilement les choses de génie. C'est que ce dernier ne se pardonne rien et que Schobert était en tout d'un caractère plus facile. »

En atteste aussi Jean-Benjamin de La Borde, qui déclare dans son « Essai sur la musique ancienne et moderne » (1780) que l'exécution de Eckard au clavier était « la plus brillante et agréable » et qu'« il excelle surtout à préluder pendant des heures entières qu'il trouve moyen de faire passer pour des moments pour ceux qui l'écoutent ». Charles Burney donne un témoignage supplémentaire de la haute estime que ressentaient pour lui ses contemporains : « Il y a beaucoup de grands musiciens allemands dispersés dans toute l'Europe, dont le mérite est peu connu en Angleterre, ou même dans leur pays natal ; parmi ceux-ci se trouve Eckard, qui est depuis cinquante ans à Paris. Ce musicien a peu publié ; pourtant, pour ce qui est paru, il est évident qu'il est un homme de génie et un grand maître de son instrument. »

Eckart est le champion de la sonate pour clavier seul, lorsque la mode était à la sonate avec accompagnement de violon.

Eckard meurt à Paris à l’âge de 74 ans. À sa mort, le Mercure de France note qu'il était « le plus célèbre claveciniste de l'Europe ».

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