Décès de Wolfgang Rihm
Le compositeur allemand Wolfgang Rihm, l'un des créateurs musicaux les plus prolifiques et les plus influents des cinq dernières décennies, est décédé ce samedi à l'âge de 72 ans. Né à Karlsruhe en 1952, il était l'un des principaux talents de sa génération. Élève de Klaus Huber et de Karlheinz Stockhausen, il obtient en 1974, à l'âge d'un peu plus de vingt ans, sa première consécration internationale avec la pièce Morphonie-Sektor, créée au festival de Donaueschingen.
Dans un environnement encore dominé par le structuralisme, comme l'avant-garde européenne des années '70, Rihm a rapidement développé un style caractérisé par des traits plus émotionnels, liés à l'expérience mahlérienne et expressionniste. Cette esthétique, inscrite dans l'orbite du mouvement de la Nouvelle Simplicité (dont l'appel à une expression plus subjective et directe a suscité à ses débuts une certaine controverse dans les secteurs les plus orthodoxes de la nouvelle création), a rapidement trouvé dans la voix l'un de ses canaux privilégiés tant dans le domaine de l'opéra -Jakob Lenz (1979), Die Hamletmaschine (1987), Die Eroberung von Mexico (1992)...- que dans celui de la musique vocale (avec orchestre ou piano) ainsi que pour chœur.
Compositeur extrêmement prolifique (son catalogue compte plus de 500 œuvres), Rihm a écrit pour tous les genres. Parmi les œuvres instrumentales, citons les cycles Jagden und Formen et Chiffre, de nombreux concertos pour instrument solo (Anne-Sophie Mutter a créé son concerto pour violon Lichtes Spiel), 13 quatuors à cordes et des pièces pour instrument solo.
Il a été compositeur en résidence aux festivals de Lucerne et de Salzbourg. Parmi ses nombreux élèves figurent Rebecca Saunders et Jörg Widmann. Il a reçu de nombreux prix et récompenses internationaux, dont le prix Ernst von Siemens (2003) et le Lion d'or de la Biennale de Venise (2010).