Eustache Du Caurroy, 415 ans

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François-Eustache Du Caurroy, né à Gerberoy (Oise), baptisé à Beauvais le 4 février 1549 et mort à Paris le 7 août 1609, est un compositeur français.

Eustache Du Caurroy est le fils de Claude Du Caurroy (né en 1518 à Gerberoy, au nord-ouest de Beauvais, prévôt et procureur du roi à Beauvais) et d’Hélène de Ville (épousée le 21 novembre 1545). Il a au moins trois frères : François, commandeur de l’ordre de Malte, Claude, médecin (peut-être médecin du Roi entre 1607 et 1631), et Nicolas, apothicaire établi à Coulommiers. Sa famille est de petite noblesse, produisant des officiers du roi, des juges, des prévôts, des médecins...

Rien de précis n’est connu sur son éducation musicale. Il a sans doute été enfant de chœur dans une des maîtrises du Beauvaisis, une région riche en églises bien dotées.

Il apparaît comme chantre haute-contre à la Chapelle du Roi, se présentant comme tel au Puy d’Évreux de 1575. À partir de 1578, il devient sous-maître de la Chapelle du Roi en alternance avec Nicolas Millot et Didier Leschenet. À ce poste il reçoit 400 lt (livres tournois) de gages annuels et 900 lt pour l’entretien de six pages, et se maintient à son office de chantre.

Parallèlement, en 1578 et 1580-1587, Du Caurroy est cité comme chantre haute-contre de la chapelle de Catherine de Médicis. Il est toujours cité comme chantre haute-contre de la Chapelle du Roi en 1589, aux gages de 300 lt.

En 1595, il cumule la charge de sous-maître de la chapelle avec celle de compositeur de la Chambre du Roi, tenue jusqu’à sa mort. En 1602 enfin, il passe d’un registre de haute-contre à celui de taille.

Au début de sa carrière, Du Caurroy remporte trois prix au Puy de musique d’Évreux, à savoir :

- en 1575, il obtient le cornet d'argent pour la chanson polyphonique à quatre voix Rosette pour un peu d’absence ;
- en 1576, l'orgue d'argent pour son motet à cinq voix Tribularer si nescirem, perdu ;
- en 1583, le luth d'argent pour la chanson Beaux yeux (chanson à cinq voix, perdue).

Du Caurroy a obtenu ou sollicité plusieurs bénéfices entre 1596 et 1606, après avoir passé au moins vingt ans de sa carrière à la Chapelle du Roi. Ceux-ci peuvent être vus comme des signes de l’attachement des Rois à le conserver à leur service. On connait :

- un canonicat à la Sainte-Chapelle de Dijon, dès 1596, résigné en 1599 au profit de Philibert Dubuisson, mais à nouveau sollicité en 1605 et résigné en 1607.
- la prieure de Saint-Cyr-en-Bourg en 1598.
- la prieure de Passy-sur-Seine (à l’est de Fontainebleau) en 1599, à la suite de Jean Regnault, aussi chantre de la Chapelle du roi
- la prieure de l'église Saint-Ayoul de Provins dès 1601, baillée à ferme pour 6 ans à un sergent royal de Provins.
- un canonicat prébendé de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. Il était fort peu présent à Orléans et ne siégeait donc pas, ce qui déplaisait au chapitre cathédral qui lui fit des remontrances et finit par lui proposer un compromis.
- la maladrerie et léproserie de la Ferté-Alais (ville où résidait son neveu André Pitart), achetée le 17 mars 1603.

Du Caurroy loue dès 1594 une maison à Paris. Le 15 décembre 1607, il vend ses biens acquis autour de Saint-Ayoul de Provins (peut-être pour financer ses éditions).

Il meurt le 7 août 1609 et est enterré dans l’église des Grands-Augustins. C’est Nicolas Formé qui lui succède comme sous-maître de la chapelle du roi en 1609. Son inventaire après décès a été retrouvé et fournit des informations intéressantes. Outre le mobilier et les vêtements, des papiers et quittances diverses, il fait apparaître une petite bibliothèque (traités de Gioseffo Zarlino, musique de Claude Le Jeune, Josquin des Prés et du « signor Alphonco », musique manuscrite). Il mentionne aussi un accord passé entre Du Caurroy et l’imprimeur Pierre I Ballard pour la publication de ses œuvres, avec un reçu de l’imprimeur qui atteste en avoir reçu la musique signé du jour même de l’inventaire. Son testament est produit par son neveu André Pitart qui est aussi un des deux exécuteurs testamentaires, tandis que son frère Nicolas Du Caurroy est son légataire universel.

Comme bien d’autres à cette époque, Du Caurroy n’a publié ses œuvres qu’à la toute fin de sa vie (hormis les chansons et les Preces ecclesiasticæ, elles paraissent toutes en 1610 et sont donc posthumes). Son neveu André Pitart se charge de leur publication chez Ballard et signe la préface posthume des Fantasies et des Meslanges de 1610.

Dans ses éditions, de nombreuses pièces liminaires attestent de sa célébrité de son vivant. Son épitaphe est écrite par Jacques Davy du Perron, puis gravée sur un marbre aux frais de Nicolas Formé et apposée à l’église des Grands-Augustins.

Du Caurroy est plusieurs fois cité par Marin Mersenne dans « Harmonie universelle pour sa science du contrepoint », comme un modèle à imiter. Celui-ci y publie plusieurs pièces de sa main, dont un Pie Jesu à 6 voix.

Quelque peu oublié après Mersenne, Du Caurroy est cité à nouveau à partir de 1780 par La Borde. La qualité de ses œuvres et l’importance de sa carrière ont fait que la totalité de son œuvre est maintenant publiée (hormis les deux messes redécouvertes en 2016).

Le Conservatoire de musique de Beauvais porte son nom.

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