Guillaume Gabriel Nivers, 310 ans

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Guillaume-Gabriel Nivers, né vers 1632 à Paris où il meurt le 30 novembre 1714, est un organiste et compositeur français de la période baroque. Il est en outre un théoricien de la musique et un réformateur du chant grégorien.

Guillaume-Gabriel Nivers est fils d’Antoine, fermier de l’évêque de Paris et mort en 1635, et de Geneviève Guignard. Peu après 1643, il emménage rive gauche de la Seine avec sa mère et sa sœur, ayant précédemment habité la rive droite dans la paroisse Saint-Paul.

Il est possible qu’il ait été enfant de chœur « non entretenu » à l'église Saint-Sulpice (il faut bien qu’il ait appris le plain-chant quelque part…). Son apprentissage du clavecin avec Jacques Champion de Chambonnières reste hypothétique, même si ce dernier a eu une influence certaine sur ses œuvres. Durant sa jeunesse, il semble s’être lié d’amitié avec deux ecclésiastiques, le prêtre sulpicien Charles Picoté, accessoirement organiste amateur, et Antoine Raguier de Poussé, curé de Saint-Sulpice à partir de 1658 à la suite de Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers.

Nivers devint organiste de l'église Saint-Sulpice, sa paroisse entre 1651 et 1653, probablement comme successeur direct de l’organiste Vincent Coppeau ; il conserve ce poste jusqu'en 1702, quand son neveu et élève Jean-Baptiste Totin lui succède. Sa rétribution à ce poste (300 lt, puis 400 et 500 lt, y compris les gages du souffleur) était plus modeste que celle des autres organistes de Paris.

Il se marie le 21 septembre 1668 avec Anne Esnault mais devient vite veuf, en 1688. Ce mariage tardif (à 36 ans) et son diplôme de maître ès arts obtenu à l'Université de Paris en 1662 pourraient indiquer qu'il ait eu au début le projet de la prêtrise. En 1690, il perd également son fils unique Gabriel-Joseph (qui en 1688 était entré au Séminaire de la Congrégation de la Mission (les Lazaristes).

Le 19 juin 1678, après le décès de Jacques Chabanceau de La Barre, il est nommé organiste par quartier [trimestre] de la Chapelle royale au désir de Louis XIV, avec Nicolas Lebègue, Jacques Thomelin et Jean-Baptiste Buterne. Il obtient le quartier de juillet. Il résigne ce poste en 1708, au profit de Louis Marchand.

En 1681, il devient également maître de la Musique de la reine, en remplacement d'Henri Du Mont, partageant ce poste avec Paolo Lorenzani. Il a le semestre de juillet, jusqu’à la mort de la reine en 1683. En avril 1683, il échoue au concours de Versailles organisé par Louis XIV pour les postes de sous-maîtres de la Chapelle royale.

En 1686 enfin, il est chargé de la musique de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr, couvent réservé aux jeunes filles de noble naissance. Il reste en place jusqu’à sa mort, travaillant en association Jean-Baptiste Moreau. Il compose là des chants et des motets et participe à diverses productions dramatiques comme claveciniste (telles « Esther et Athalie » de Racine). Son successeur est Louis-Nicolas Clérambault à partir de 1704.

Il se présente encore en 1696 à la candidature de compositeur de la Sainte-Chapelle de Paris, sans succès (c’est Marc-Antoine Charpentier qui prend le poste).

En octobre 1690, il dicte son premier testament. D’autres suivront, en 1691, 1707 et 1711. Son dernier testament donne des éléments concrets sur son aisance matérielle à la fin de sa vie, comme sur sa piété. À sa mort le 30 novembre 1714, il laisse des terres et une fortune de 200 000 livres, montant considérable qui témoigne de sa réussite.

Toute sa vie, Nivers a été un homme discret et digne de confiance, pieux, lié d’amitié avec plusieurs ecclésiastiques, et à sa mort généreux envers l’Église.

Le plain-chant a été pour Nivers une préoccupation importante et continue. Tout en s’inscrivant dans le contexte de la Réforme catholique, il fut l'un des acteurs les plus importants de son renouveau, comme compositeur, réviseur, théoricien et pédagogue.

 

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