Historique mais trop vite

par

Carl Philipp Emanuel BACH (1714-1788)
Magnificat
Motet « heilig ist Gott », Sinfonia en ré Wq 183

Elizabeth WATTS soprano, Wiebke LEHMKUHL alto, Lothar ODINIUS ténor, Markus EICHE basse, RIAS Kammerchor, AKADEMIE FÜR ALTE MUSIK BERLIN, dir.: Hans-Christoph RADEMANN dir.
2013-56'05-livret en français, anglais, allemand- textes en allemand-français, anglais, latin-chanté en latin et allemand-Harmonia Mundi HMC 902 167
Dans un but caritatif, le 9 avril 1786- jour des Rameaux!- Carl Philipp Emanuel Bach donne un grand concert à Hambourg où il présente deux œuvres éminentes du passé- le « Magnificat » de son père et l' « Hallelujah » de Haendel, puis, en seconde partie, trois de ses propres compositions qu'il tenait en particulière dilection, allant jusqu'à dire qu'elles le représentaient fort bien. Presque concert d'adieu, d'ailleurs, Carl Philipp avait à l'époque 72 ans et se montrait déjà fatigué : il devait mourir deux ans plus tard, le 14 décembre 1788... C'est indéniable, le disque que dirige Hans Christoph Rademann pour Harmonia Mundi, apparaît comme un « document historique ». c'est peut-être son principal mérite car l'interprétation appelle tout de même quelques réserves. Rademann dirige sans souplesse, sans hauteur de vue et imprime à ses phalanges des mouvements si rapides que les chanteurs et les solistes ont de la peine à respirer. Sa battue hachée, martelée ( le « Fecit potentiam » du « Magnificat » en devient presque militaire!) et empêche les musiciens – chœur et instrumentistes- de s'épanouir librement, de donner aux partitions une ferveur, une intériorité qu'elles appellent pourtant. Car ce sont de fort belles partitions -même si certains peuvent trouver insolite que le « Quia fecit mihi magna » soit confié à... un ténor ! Il en va de même pour l'admirable Motet « Heilig ist Gott » publié en 1776 pour voix d'alto, deux chœurs à 4 voix et deux orchestres avec trompettes et publié trois ans plus tard à Hambourg. « Une tentative de susciter par les progressions harmoniques les plus naturelles (…) une attention plus grande et des émotions plus fortes que ne sauraient le faire les chromatisme les plus douloureux » confiait le musicien ajoutant « Dans le genre, ce sera mon chant du cygne ; » Mais là aussi l'interprétation -chœurs approximatifs, qualité discutable des voix- laisse sur sa faim. Reste la « Symphonie en ré » qui menée, de même à toute hâte, laissant dans le décor précision et galbe, fera préférer d'autres versions enregistrées à maintes reprises. Une idée réjouissante au départ qui laisse insatisfait.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 7 - Livret 8 - Répertoire 8 - Interprétation 7

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